A Tambacounda, Boubacar Bomou est très craint de tous les enfants qui ne sont pas encore circoncis. Chaque année, il fait la circoncision à une moyenne de 1.600 enfants qui guérissent au bout de trois jours. « Cet art », est un héritage chez cet homme de 39 ans, originaire du village d’Aroundou dans le département de Bakel, au bord du fleuve Sénégal. Dans son travail, il respecte les indications médicales liées notamment à la préparation des opérations.
8 H. La maison de Boubacar Bomou, sise au quartier Garage Cothiary à Tambacounda grouille de monde. Devant la porte, les enfants, accroupis à côté de leurs parents se demandent sans doute la raison de leur présence matinale devant une maison inconnue.

(Synthèse de la thèse de Yaya SY distribuée aux 5 membres du jury et à l’assistance le jour de la soutenance).
Aujourd’hui, dans les foyers d’Africains noirs, une interrogation nouvelle : comment tiliser, gérer au mieux le séjour en France pour le village, voire le pays ? Ce texte s’attache à retracer le parcours, le va et vient du foyer au village, de l’usine aux champs. Ce chemin , nous l'avons nous-mêmes emprunté aux côtés des intéressés : des discussions liminaires aux projets de développement dans les foyers, jusqu’aux réalisations dans les villages.
La région de Bakel, définie historiquement par les entités géopolitiques du Goye inférieur et supérieur, peuplées très majoritairement de Soninke et qui faisaient partie d’un ensemble historique plus vaste, le Gadyaga, est caractérisée par un type d’organisation sociale et économique ainsi que par un mode de migration originaux, qui la distingue nettement des zones d’implantation halpulaar à l’Ouest dans la Moyenne Vallée (le Fouta) et au Sud le long de la Falémé (le Boundou). - La migration soninke de la Région de Bakel est presque exclusivement masculine (elle touche près de la moitié des actifs masculins), de longue durée et principalement à destination de la France. Cependant une caractéristique permanente de cette émigration est le maintien des liens avec le pays : les migrations actuelles de longue durée n’impliquent pas l’abandon d’une participation à I’économie villageoise grâce à l’envoi massif de numéraire permis par l’épargne migratoire. Ainsi la faiblesse numérique de la population soninke sénégalaise (8 % de la population totale de la ri6e gauche, soit près de 40 O00 individus) est en partie compensée par son importance économique due aux revenus migratoires rapatriés, estimés en 1978 à 3,7 milliards de Francs CFA.
Les mouvements associatifs respectivement impulsés par des migrants et des migrantes africains en France font preuve d'un dynamisme exceptionnel et durable. Ce texte analyse comment joue, de manière différenciée selon les appartenances de sexes, la référence à un ou plusieurs territoires dans les processus identitaires à l'oeuvre en situation migratoire. Les hommes et les femmes, originaires de la vallée du fleuve Sénégal, créent des associations dont les objectifs sont à la fois contradictoires et complémentaires. Pour les hommes, il s'agit de redéfinir les cadres d'une citoyenneté qui s'actualise sur un espace recomposée : la France et le Mali, de participer aux transformations économiques et politiques en cours dans leur région d'origine, en valorisant au mieux leur mobilité. Les préoccupations des femmes manifestent, quant à elles, une volonté de conquérir le nouvel espace local urbain, espace de résidence. Ce faisant, elles construisent conjointement les bases nécessaires à un changement de statut auquel elles aspirent dans la nouvelle situation et celles qui permettent l'organisation d'une diaspora africaine en France. Cette diaspora autorise un "nomadisme contrarié" et en prescrit les formes.