Les mouvements associatifs respectivement impulsés par des migrants et des migrantes africains en France font preuve d'un dynamisme exceptionnel et durable. Ce texte analyse comment joue, de manière différenciée selon les appartenances de sexes, la référence à un ou plusieurs territoires dans les processus identitaires à l'oeuvre en situation migratoire. Les hommes et les femmes, originaires de la vallée du fleuve Sénégal, créent des associations dont les objectifs sont à la fois contradictoires et complémentaires. Pour les hommes, il s'agit de redéfinir les cadres d'une citoyenneté qui s'actualise sur un espace recomposée : la France et le Mali, de participer aux transformations économiques et politiques en cours dans leur région d'origine, en valorisant au mieux leur mobilité. Les préoccupations des femmes manifestent, quant à elles, une volonté de conquérir le nouvel espace local urbain, espace de résidence. Ce faisant, elles construisent conjointement les bases nécessaires à un changement de statut auquel elles aspirent dans la nouvelle situation et celles qui permettent l'organisation d'une diaspora africaine en France. Cette diaspora autorise un "nomadisme contrarié" et en prescrit les formes.
Auteur : Quiminal Catherine
Source : IRD