Hadiya, j'avoue que parmi les vingt villages soninkés du Fouta Toro que j'ai sillonné pour le besoin de mes recherches, il n'y a que la communauté soninkée de Bokidiawé qui a instauré ce système plus qu'injuste. Quand une femme se sépare d'un homme du village, elle est condamnée à aller chercher un homme ailleurs, et ce, quelles que soient les raisons du divorce. J'ai demandé, en 2004, à certains dignitaires de ce village pourquoi réserver ce sort aux femmes, on me dit que ce sont les anciens, vu les liens familiaux qui existent entre les uns et les autres, qui avaient interdit qu'un homme du village se remarie avec une femme qui a été divorcée par un autre. Si la logique peut paraître vertueuse à un certain niveau, force est de noter que nombreuses sont les femmes qui en souffrent terriblement aujourd'hui. La logique fait que des femmes sont victimes de l'arbitraire de certains hommes. Elles sont obligées de supporter les caprices des hommes, parce qu'elles savent qu'en divorçant, elles n'ont pas la chance de se remarier dans le village. Pour moi, ce système, qui n'a aucun fondement religieux, est plus qu'injuste. Merci de nous avoir alerté par rapport à cette stratégie de divorce dans ton village, qui est le mien aussi.