Salam,
Voici brièvement une partie de la circoncision qui avait lieu autrefois à Bakel et villages environnants.Tous les futurscirconcis se retrouvaient à Bakel et cela avait lieu après les récoltes de cultures de saison de pluies durant la période de froid. Tous les villages sont informés de la date retenue et les familles préparaient toutes les tenues des circoncis , une robe longue sans manche de couleur jaune,blanche ou noire (chaque famille avait une couleurpour s’identifier) pour les premiers jours et un pagne traditionnel fait par les tisserands que les mamans mettaient dans l’indigo pour la sortie ainsi que des perles multicolors attachées autour du coup ou de la taille.Les futurs circoncis sont en général âgés de 15 à 20 ans voir 25 ans car certains se mariaient juste après leur circoncision en profitant du mois de « HARAANE » pour demander la main d’une cousine.
Les préparatifs peuvent durer 40 à 50 jours pour que rien ne manque à un circoncis,la population de Bakel se voyaient doubler dès la veille du jour tant attendu avec la venue des circoncis et de leurs parents qui peuvent venir de lointain villages pour participer à la fête.
La circoncision n’était pas annuelle , il pouvait avoir 3 à 4 ans d’intervalle entre deux groupes qui pouvaient atteindre 150 à 200 garçons.Une veillée culturelle était organisée pour l’occassion avec des chants et des danses qui vont durer jusqu’aux premiers chants des coqs , le moment où les futurs circoncis se retirent accompagnés de leurs « BAAYO » pour rejoindre la MONTAGNE SACREE où a lieu les supplices des uns et des autres. La fameuse montagne sacrée est située derrière l’actuel cimetière catholique où sont enterrés les soldats tombés pendant l’attaque du marabout Mamadou Lamine Dramé en 1886 .Les forgerons attendent les garçons avec leurs couteaux bien aiguisés et tout le produit servant à soigner les blessures. Le morceau coupés du pénis sera attaché à la tenue du circoncis à la hauteur de la poitrine.
Par groupe de 10 à 15 les nouveaux circoncis dévalent la montagne et au bas de la montagne les attendaient toute la population avec chants et danses en cette douce matinée et ils enfourchaient au coté de cavalier pour rejoindre la tête de rangée de la centaine ou plus de jeunes filles joliment habillées pour la circonstance de « BELIFATA » qui les attendaient et chacune avait déjà préparé le fameux « JANBU » à base de riz sauvage,de lait de vache et de miel qu’elles proposent aux circoncis par leur propre main comme une maman qui fait manger son enfant.
Ainsi de suite jusqu’aux derniers circoncis qui se dirigeront vers la forêt pour y vivre les premiers jours d’adulte. A partir de ce moment ils ne verront aucune femme , ils resteront entre homme et subiront tous les supplices et les enseignements du savoir vivre , le savoir être dans la communauté.On leur fera manger de tout , des mets mélangés et parfois mal cuits.
Ils chasseront pour survivre , ils chanteront et danseront toutes les soirées sous l’œil des « SELBES » , après deux à trois semaines dans la forêt leur première visite est redoutée dans le village car ils prennent toute la volaille qu’ils trouvent sur leur parcours et d’autres habitants en leur offrent aussi.
Par groupe les SELBE iront prendre les pagnes qui serviront de tenues de sortie après le seul bain qu’ils ont eu à prendre durant ces semaines. Les derniers à être guéris retourneront voir le forgeron pour les soins. Cette entrée dans le village est aussi fêtée que la veille de la circoncision .
C’était ainsi jusqu’à l’année où le drame arriva ; cette année là le nombre des circoncis reste à préciser car le chiffre varie entre 100 à plus de 150 circoncis qui sont tous morts pour avoir sucer les graines des deux « TAMARINS JUMEAUX » qui étaient juste à l’angle de la sortie de la montagne sacrée vers la forêt. Ce n’est que arrivaient en pleine forêt que tous les circoncis se plaignaient de douleurs au ventre et un à un ils rendaient l’âme sans que le BAAWO , les SELBE et tous les autres encadreurs n’y puissent rien.
Seul un circoncis a survécu au drame, qui était orphelin de père mais aussi fils unique de sa famille. Il fut retenu à la forêt jusqu’après enterrement des morts et le lendemain en début de crépuscule il fut accompagné chez lui.
On trouva sa mère préparer le couscous pour le dîner. Après le départ des accompagnateurs , la maman dit à son fils : POURQUOI TU ES REVENU… ? TA PLACE EST PARMI TES COMPAGNONS,VA LES RETROUVER ET NE REVIENS PAS.
Et c’est ainsi que le garçon retourna sur ses pas et alla sucer une graine des Tamarins Jumeaux avant d’aller s’étendre entre deux tombes de ses camarades où on le retrouva mort le lendemain matin.
Depuis cette année les circoncisions de groupe ont cessé dans Bakel. Les tombes qui étaient clôturées par de gros cailloux ont disparus petit à petit à cause de l’érosion et du manque d’entretien. En 1986 , le thème central des premières journées culturelles était la circoncision autrefois à Bakel et coïncidait au 100è anniversaire de l’attaque du fort de Bakel.