Bonjour les amis,

Je souscris à l’idée de la promotion des langues en respectant le principe d’équilibre et d’égalité entre les différentes langues parlées d’un territoire géographique. Tout parler devrait être l’objet de préoccupation détachée de tout sentiment partisan au risque de créer des frustrations au sein des groupes linguistiques partageant le même territoire géographique. C’est peut être cela qui a amené notre ami Fodyé à s’alarmer «Déjà, c'est depuis l'accession de Wade au pouvoir que les temps d'antenne des autres langues nationales ont été extrêmement réduites à la télé comme à la radio. En exemple, les Soninké avaient une émission hebdomadaire tous les mercredi de 23H00 à 01H30 (heure locale). Cette émission a été écourtée à seulement 45 minutes tous les mardis ».

Mis à part le facteur démographique, souvent les rapports de forces sont boostés par le dynamisme, la volonté des acteurs de chaque parler à vouloir l’imposer et à développer des stratégies d’éclosion de la langue au sein du territoire géographique dont elle est un élément. Aussi, face à cette situation déplorée, y’ avait-il des réactions de la part des acteurs de cette langue ?

Le soninké, tout comme d’autres langues au Sénégal, au Mali, en Mauritanie, en Gambie, est loin d’être la langue dominante du milieu. Cette langue est pratiquée environ par 1,3 % de la population en Mauritanie, 3 % au Sénégal, 9 % au Mali et Gambie. Donc, elle est minoritaire et à cet effet, se trouve phagocytée dans les contrées où elle est moins parlée, parfois, concurrencée sur son territoire géographique par d’autres parlers, notamment le Wolof, Peulh (Sénégal), Hassaniya, Peulh (Mauritanie), Bambara, Mandingue, Peulh, Wolof, Diolas (Mali et Gambie).

A mon humble avis, cette perte de vitesse, en plus du complexe d’infériorité développé par certains, la psychose d’être taxé d’ethnocentrique, est imputable à l’ouverture, à la fascination pour les autres langues et de surcroît au manque de rigueur de la pratique de la langue au sein de la cellule familiale. J’ai été fort surpris de voir, dans le Fouta au Sénégal, dans certains villages Soninkés, la facilité étourdissante avec laquelle des locuteurs Soninkés versent dans le parler pulaar ou bambara au Mali. C’est sans doute la même remarque effectuée par Soosoo95 « Moi personnellement cele ne me choque pas particulierement puisque nous les soninkés ( et cela n'engage que moi) avons l'art et la maniere de nous approprier les langues des autres!
Regardez a Bamako tu peux compter sur le bout des doigts le nombres de soninkés qui ne parlent pas le bambara a Dakar c'est la même chose et a Banjul c'est kif kif ( j'ai des cousines a serkunda elles pipent même pas un mot soninké tellement elles sont "wolofisées" c'est abusé).
Du coup on oublie notre langue maternelle ou du moins ses bases c'est malheureux. Après je ne peux pas te l'expliquer ». Toutes choses concourant à la relégation du Soninké !


Pour en venir au slogan du candidat issu de l’ethnie Soninké, transcrit en wolof, je crois que cela n’altère en rien sur le soninkaaxu d’Abdoulaye Bathily. En effet, devant l’électorat Soninké, il s’est fort agréablement exprimé dans la langue du territoire dont il est originaire. Autrement fait, cela aurait été incompréhensible et déconcertant de sa part.

Par ailleurs, il convient de souligner que ses militants et partisans ne sont pas stricto sensu que Soninkés, que ses stratégies de communication, de sensibilisation visent à toucher et à coopter l’ensemble de l’électorat et citoyens sénégalais. Pour ce faire, à l’instar des autres candidats à la magistrature suprême dont certains sont issus d’autres ethnies (Diola, Serer, Pulaar, etc..), les slogans sont transcrits, après le français, langue officielle, dans une des langues la plus parlée, à savoir le wolof. « Depuis le debut de la campagne électorale, tous les partis avaient leur slogan en Woloff. Même le parti de Abdoulaye Bathily qui est un soninké n'a pas échappé à la règle. Son slogan est "Jubanti Sénégal".Il y a même des partis dont le nom est purement et simplement du Woloff, exemple : REWMI.
C'est comme s'il n'y a que des Woloff qui peuplent le Sénégal, alors qu'ils ne représentent même pas 50% de la population». Fodyé, je comprends ton indignation et vois en toi, l’ardent militant pour la promotion des langues nationales et, particulièrement Soninké. Oui, nous avons besoin d’être engagés et je réitère ces propos pour rappeler à juste que
: personne, je dis bien, personne ne se battra à nôtre place pour la chose qui nous est due, quel qu'en soit le domaine. Autrement, qui mieux que les Soninkés peuvent s’octroyer ce qui leur revient ?


Mais, tu conviendras avec moi que dans ce cas-ci, qu’Abdoulaye Bathily n’est pas là que pour les Soninkés, que ce serait une erreur de voir en Robert Sagna le représentant que des Diolas, que Jacques Senghor ne peut non plus se targuer d’être que pour les Serer, et que sais-je encore ?

En tout cas, le candidat qui aurait la confiance du peuple à la suite des suffrages universels, quelles que soient ses convictions politiques, religieuses, appartenance linguistique ou ethnique, serait le Président de tous les sénégalais et sénégalaises sans distinction particulière.

La transcription en wolof du slogan du candidat d’origine Soninké devrait être considérée comme un choix stratégique communicationnel approprié visant à ratisser large et non comme une minimisation de sa langue au profit d’une autre, singulièrement le wolof. Un tel exercice pourrait être mal interprété et fatal au candidat qui se verrait traité d’ethnocentrique, d’égoïste, attitudes, somme toute, répréhensibles.

Pour terminer, je dirais que ces propos n’engagent que moi, qu’il n’est nullement de mes intentions d’offenser qui que ce soit, toute personne qui se sentirait visée, a mes excuses les plus sincères. J’estime qu’en cette période de campagne électorale, les nerfs sont trop tendus et que toute parole ou écrit peut être traduit à bon ou mauvais escient. En cela, il faut diminuer la tension ! Bonne lecture !