De savoir aimer
« Par orgueil je refusai le bonheur de l'amour, et je subis le châtiment de l'orgueil. J'ai un Bien-Aimé que je visite dans les solitudes. Présent et absent aux regards, tu ne me vois pas l'écouter avec l'ouïe. Pour comprendre les mots qu'il dit, mots sans forme ni prononciation et qui ne ressemblent pas à la mélodie des voix. C'est comme si en m'adressant à lui par la pensée, je m'adressais à moi-même. Présent et absent, proche et lointain. Les figures des qualificatifs ne peuvent le contenir : Il est plus près que la conscience pour l'imagination, et plus caché que les pensées évidentes. Entre toi et moi, il y a un " je suis" qui me tourmente. Ah ! Ôte par ton "je suis" mon "je suis" hors d'entre nous deux. »
O toi qui poses des questions sur notre aventure, si tu nous avais vus, tu ne nous différencierais plus, je suis devenu celui que j'aime, et celui que j'aime est devenu moi. Nous sommes deux esprits, fondus en un seul corps pour nous, depuis que nous sommes en confiance mutuelle, les gens mettent notre légende en proverbes. Lorsque tu m'as aperçu, tu l'as aperçu, et lorsque tu l'as aperçu, tu nous as aperçus. Son esprit est mon esprit, et mon esprit son esprit. Nous sommes deux esprits vivant en un seul corps. »
EL HALLAJ