L'autre tare de l'immigration est la mauvaise maitrise des logiques culturelles, familiales, sociolinguistiques soninkées par nombre d'enfants qui sont nés et/ou ont grandi dans le contexte migratoire. S'il est vrai que parmi les enfants qui sont nés ou arrivés en France en bas âge qui maitrisent le soninkaaxu, il y en a aussi une autre catégorie qui est à cent lieues de leur culture d'origine. C'est ainsi que le spécialiste incontestable des Soninkés en France qu'est le sociologue Mahamet Timéra dit que :
« La cellule familiale et le foyer d’immigrés constituent un premier cadre de socialisation culturelle, d’apprentissage de la langue soninké et de la religion des parents, l’islam. Mais l’impact de l’école, des médias (télévision notamment) et de la rue sur l’éducation des jeunes est tel que les ‘‘cultures d’origine’’ se trouvent confinées à des domaines de plus en plus secondaires. En effet, très tôt, les enfants soninkés, par le biais de l’école et de l’environnement social, s’ouvrent à la culture du pays d’accueil qu’ils assimilent facilement et qui tend à devenir hégémonique dans leurs références. Ils partagent déjà les mêmes goûts (musicaux, alimentaires…) et quand c’est possible, les mêmes loisirs que les enfants français.
Leur connaissance de la langue soninké est très réduite en général et ils n’en sont pour la plupart que des récepteurs, mais non des émetteurs. La communication avec les parents s’établit de façon originale : ces derniers s’expriment en soninké ou en un mélange de soninké et de français approximatif et les enfants répondent invariablement en français ou en un français mâtiné de soninké.»