Bonjour les soninkaranautes !
Je trouve aussi l’argumentaire développé à travers cet article exagéré, passéiste et même irréaliste par moment. S’il est vrai que d’un point de vue matrimonial et religieux les choses n’ont réellement pas bougé, il n’en demeure pas moins qu’il est faux et inexact de dire que la société soninkée est la plus esclavagiste du pays. Rien n’est plus faux qu’un tel argument. J’étais stupéfait de voir un sujet aussi brillant que le géographe Demba Marico valider un tel tableau fantoche et faux de la société soninkée.
Les gens parlent comme si nous étions au 17e siècle. S'agissant de l’imamat, les gens doivent aussi se dire que ce n’est en réalité pas une façon de les écarter. Cela est dû au fait que la société a toujours assigné à chaque catégorie un rôle social qu’elle assumait. Fodyé le dit très bien dans son post. C’est pourquoi, les hooro sont presque toujours les seuls à avoir voix au chapitre dans ce domaine. Les nâxamalo et les descendants des anciens komo, eux aussi, ont un rôle social non négligeable dans la société : la médiation entre les familles, etc…
Les gens sont encore plus irréalistes quand ils disent qu’à défaut d’une discrimination positive en leur faveur, ils veulent que l’Etat soit juste entre tous les citoyens. Si le dernier point est légitime, il est absolument irréaliste de parler de discrimination positive, quand on sait que nous avons tous fréquenté les mêmes établissements et que tout le monde travaille pour son propre compte. Je pense qu’à ce niveau, les gens cherchent, de façon malhonnête et injuste, une ascension sociale, politique et professionnelle. C’est une injustice qu’ils demandent à la justice de leur accorder. Quel irréalisme !
En plus, ils occultent, dans ce document, des réalités sociologiques contemporaines qu’ils ne sont pas sans connaître. En aucun moment, ils ne parlent de l’exploitation des hooro par les komo. Je m’explique : nombreux sont ceux qui contestent leur komaaxu par-ci et par-là qui n’hésiteront pas à porter le manteau de ce même komaaxu lors des circonstances sociales heureuses (fêtes, mariages, dation des prénoms) ou malheureuses (décès, etc.), question d’avoir droit aux cadeaux en jeu. J’appelle cela, sans langue de bois, de l’exploitation malhonnête des hooro et de l'hypocrisie sociale. Et pourtant, les auteurs de ce document connaissent bien cette réalité mais n’en parlent pas. Quand on veut s'attaquer à une question la moindre des choses, c'est d'être audacieux et de dire tout. Mais ils se mettent en position d'eternelles victimes, en occultant ce qui ne les arrange pas. Et ben, c'est intellectuellement et socialement malhonnête.
Quoi qu’il en soit, j’attends le document, dans son intégralité, et je compte, s'il plaît à Allah, y répondre point par point. J’enverrai la réponse au pays pour qu’elle soit publiée dans les colonnes du même journal. Enfin, je tiens à dire que je ne défends aucune tendance, mais la vérité toute nue. Bien à tout le monde.
__________________