Salam
C'est clair les situations diffèrent et les cas sont multiples. Je comprends quand tu dis : " Si seulement ça pouvait être aussi simple que ça".
En effet, j'ai commencé à énumérer les différentes situations.
Les blédards sont plus acculés que les " Frères nés ici ". C'est tout à fait normal. Les parents sont là, ils travaillent et comprennent nos situations mieux que les parents du Bled.
Je sais que plein de Frères nés ici cotisent comme tout le monde et sont dans le même rouleau compresseur que les Blédards. Le problème est que quand tu viens du fin fond du bled, tu as du mal à te défaire de certains carcans. Notez même que dans ce cadre là, les " Instruits " sont différents de nos frères dont la seule issue est d'aller dormir au Foyer et faire leurs 7 heures de nettoyage ou de restauration sous le joug de ces " Vieux cerveaux" . Ils sont en général logés, nourris et peut - être ton billet Bamako-Paris ou Dakar - Paris a été payé par ces adeptes des cotisations. Donc tu deviens redevable. Tu deviens un éternel suiveur et tu finis comme eux. Tu es menotté.
Tu chipotes une fois, tu entendras les paroles que tu n' oublieras jamais de ta vie.
Il y a 2 semaines, une connaissance du Foyer me répondait suite aux reproches dont je formulais sur le système Soninké. Il me répondit :
" Quand le Soninké te prend en charge pendant ta dépendance, tu sera redevable jusqu'à la fin de tes jours ".
Même les vieux qui sont les ténors du système " cotisations " n'en peuvent plus. C'est à mon avis une addiction à ce maudit système.
Je ne parle pas des cotisations pour réaliser les forages, des hôpitaux mais " Des "Xabilla caisse ", " des Douas caisse " et même du " Fourou Caisse ".
D'ailleurs pour échapper au " Fourou Caisse ", certains Soninkés commencent à faire confiance à des assurances qui couvrent ces frais en cas de décès. Bref, pour dire que la vieille école doit cesser.
Comment ?
Il faut déjà qu'il y ait une union entre les jeunes de la nouvelle génération. Il faut un sursaut de tous les jeunes pour dire stop à ce système. Ils doivent prendre les choses en main c'est à dire revoir les contours de ces cotisations que cela soit au sein de la famille, du village...
Ils doivent couper le cordon ombilical avec les vieux. Pour cela, il faut qu'ils s'unissent et se fassent confiance. Il faut qu'il revoit des axes de développements qui peuvent accueillir cette épargne communautaire afin de faire des projets qui seront rentables à moyen et long terme. Il faut que l'argent travaille mais que cela n'attende pas la mort de Samba ou Demba pour être débloquée. Les vieux doivent passer la gestion des villages, des familles au Jeunes afin qu'ils essaient de concilier l'aide au village et la réalisation des projets personnels. Il faut évoluer et laisser les canaux ringards d'épargne et d'investissement.
Cela rejoint un de mes sujets sur le développement local " Le Soninké travaille pour les étrangers afin de le donner à d'autres étrangers".
Une fois que l'on aura dessiné le contour des " avoirs de nos villages et de nos familles", on doit penser à faire bouger nos frères candidats à l'émigration clandestine. Il faut les fixer et les faire travailler. Depuis des années on arrive pas à résoudre cette équation. Certes, il y a un risque car la plupart ne sont pas ambitieux et sont candidats au moindre effort mais il faut les aider en leur apprenant à prendre sur eux. Regardez les petits sérères et diolas à Dakar, ils dorment pas, ils bougent et survivent donc les miens doivent aussi se lever et croire en eux et cesser d'être attentistes.
Pour résumé, il faut d'abord l'union de la jeune génération, prendre le contrôle des villages, des familles au vieux puis voir les axes de développement local rentables sans pour autant mobiliser tous nos fonds propres ( aide d'organismes via es associations...), faire travailler nos frères des villages pour les sortir de l'assistanat...
Ces épargnes familiales doivent être une source de richesse mais au contraire ils nous plombent car on les mange au lieu de les mettre dans des projets viables.
Imaginez une famille de 10 ou 15 personnes actives dont les parents ne sont pas nécessiteux. En général dans certains villages 50% des vieux touchent leurs pensions donc pas "pauvres".
Chaque mois chacun cotise au moins 80 voire 100 euros dans les différentes caisses. Cela fait au moins 800 euros voire 1000 Euros.
Pourquoi pas compresser les dépenses de la famille en épargnant dans les 1000 euros, une partie pour créer un petit truc ( genre financer un moulin,, créer un jardin de légumes et fruits, une petite alimentation générale etc ) au lieu d'acheter 2 fois plus de riz, d'huile...
A moyen terme, le moulin à mil et le jardin peuvent être rentables et par conséquent couvrir les dépenses que nos cotisations devaient couvrir.
Hier ils cotisaient 1000 Euros par mois, aujourd'hui avec le moulin à mil et le jardin de fruits et légumes, ils arrivent à économiser 500 Euros.
Ces 500 euros peuvent être mis de coté pour financer d'autres projets plus grandioses tels que des entreprises de vente de gros, agrandir le petit jardin pour en faire une exploitation en intégrant de l'élevage...
Et si on étendait cet exemple banal au village, voire à la grande famille ?
On sait tous que ce n'est pas facile d'en arriver là mais il faut cesser de se regarder et prendre les choses en main.![]()