La seule partie qui m'intéressait concernait le sort des sans-papiers. C'était une question à laquelle il ne pouvait échapper.
Je comprends maintenant pourquoi Sarkozy a une telle haine à l'égard des sans-papiers. C'est parce qu'en fait, dans sa tête, les sans-papiers veulent devenir "français". La première fois qu'il a fait l'erreur, je croyais que c'était un lapsus, mais, il continuait avec son histoire de devenir français, en faisant insinuer à plusieurs reprises que les sans-papiers veulent acquérir la nationalité "française". Il a confondu "naturalisation" et "régularisation". Comment un ancien ministre de l'intérieur peut faire de telles gaffes? Chose curieuse, aucun de ces journalistes ne l'a corrigé.
Est-ce que réellement, dans sa tête, pour pouvoir travailler dans ce pays, il faut être "français" ?
Et enfin, cette dernière phrase qu'il a lâchée : "Alors qu'il y a 500 000 offres d'emploi non satisfaites et encore 1 900 000 chômeurs, de là à dire qu'il faut absolument chercher en dehors de nos frontières une main-d'œuvre, c'est un pas que je ne franchirai pas". Il n'a qu'à obliger les 1 900 000 chômeurs à accepter les boulots pénibles que font les sans-papiers. Et puis, on verra.
Sans-papiers : le président a confondu naturalisation et régularisation
Interrogé sur le mouvement des travailleurs sans papiers qui demandent à être régularisés, le président de la République s'est montré inflexible. Refusant de donner une consigne aux préfets qui vont examiner leurs dossiers, il a renvoyé à l'application de la loi : "Il y a une loi. Cette loi s'applique à tout le monde." "La loi, a-t-il insisté, prévoit un certain nombre de critères pour devenir Français. D'abord il faut le demander, ensuite il faut parler français, enfin il faut justifier soit d'un contrat de travail, soit d'un minimum de ressources."
A trois reprises, Nicolas Sarkozy a confondu naturalisation et régularisation alors que ces deux procédures sont différentes, l'une consistant à devenir Français, l'autre à demander une carte de séjour. "La fiche de paye ne vaut pas titre de séjour. Ou alors il faut que le Parlement vote une loi consistant à dire que toute personne qui a un contrat de travail en France a vocation à être Français", a-t-il encore lancé, soucieux de rappeler que la régularisation ne saurait être ni globale, ni individuellement automatique. Et d'insister : "On ne devient pas Français parce qu'on travaille dans la cuisine d'un restaurant, aussi sympathique soit-il." Le patron et les salariés du très sélect établissement Café de la Jatte, fréquenté par nombre de personnalités politiques dont M. Sarkozy, apprécieront.
JOUER LES INNOCENTS
Pour le chef de l'Etat, les employeurs ayant embauché, somme toute légalement, des travailleurs en situation irrégulière ne sauraient jouer les innocents. "J'en ai vu un qui avait un employé depuis dix ans et il ne le savait pas, le pauvre. C'est préoccupant pour qui? En tout cas, pas pour moi", a-t-il déclaré, raillant la demande soudaine de chefs d'entreprise en faveur de la régularisation de leurs salariés : "Parce qu'il y a un coup médiatique organisé par une association, alors un certain nombre d'employeurs viennent à la télévision en disant : On a appris que l'on avait des clandestins, on y est pour rien et il faut les régulariser ."
Le président a soutenu la position de son ministre de l'immigration, Brice Hortefeux : "Il n'est pas question de faire une régularisation globale. Car la régularisation globale conduit à la catastrophe. Cela crée un appel d'air qui profite à qui ? Aux trafiquants. On fait, dans ces cas-là, la politique des trafiquants.". Et d'ajouter : "Qu'on ne vienne pas me faire croire, quand on est petit patron ou autre, qu'on est obligé d'aller chercher un malheureux clandestin pour le faire travailler, alors que parmi les immigrés que nous accueillons bien volontiers, qui ont des papiers, qui sont déclarés, il y en a 22 % qui sont au chômage."
Rappelant qu'il défend "l'immigration choisie" et non "cette idée choquante de l'immigration zéro", M.Sarkozy a affirmé qu'il cherchait à "poser les bases d'un débat civilisé et responsable" sur l'immigration. "On a besoin d'étrangers, il faut des quotas pour une immigration économique plutôt que pour une immigration familiale. Il faut maîtriser les choses", a-t-il déclaré. "Alors qu'il y a 500 000 offres d'emploi non satisfaites et encore 1 900 000 chômeurs, de là à dire qu'il faut absolument chercher en dehors de nos frontières une main-d'œuvre, c'est un pas que je ne franchirai pas", a-t-il cependant ajouté.
Le président a réaffirmé qu'il était favorable, à titre personnel et "sur la base de la réciprocité", à ce que les étrangers non européens présents en France depuis dix ans puissent voter aux élections locales. Mais il a souligné une nouvelle fois qu'il ne disposait "pas de majorité pour faire passer" cette réforme.
Laetitia Van Eeckhout
Source: Le Monde