Salam,
Aux vues de vos références au pular je tiens à vous signaler que les Peuls et Toucouleurs nomment les Soninké "sebbe" (au singulier "tyedo") avec la signification originelle d'"incroyants".
Si il est vrai qu'aujourd'hui l'Islam jouit d'un quasi-monopole chez les Soninké, il n'en a pas toujours été autant.
En effet si l'islamisation des Soninké a déduté il est vrai bien avant l'arrivée des Almoravides, l'ensemble de la société Soninké ne s'est converti que lentement à la nouvelle religion, même si très rapidement des familles entières ont acquis, et ceci dès les premiers siècles de l'Hégire, une renommée de lettrés religieux, voire de sainteté, tant et si bien que leurs membres pouvaient se trouver sollicités pour s'intaller dans d'autres régions soit, comme vous l'avez évoqué, pour encadrer et encourager un premier noyau islamique dans une contrée encore incroyante (avec notamment la création d'écoles coraniques comme dans le Fouta), soit par pur esprit de prosélytisme, soit encore pour servir d'alibi à un souverain peu soucieux de s'islamiser ou de faire islamiser ses sujets, mais attentif à avoir une caution éventuelle contre l'hostilité de voisins puissants et, eux, convertis. De plus, dans la tradition syncrétique de la plupart des ethnies avoisinantes, la présence d'un intercesseur officiel près d'un nouveau Dieu était une sage précaution de bonne politique.
Enfin de nombreuses sources que vous estimez complétement fausses peuvent faire référence à la haute aristocratie Soninké qui a très longtemps refusé de se convertir à l'Islam, excluant même à de nombreuse reprises ceux qui se convertirent. La conversion de ceux-ci n'est que très récente (1 ou 2 siècles seulement!) et demeure pour certains suspecte, cause pour laquelle encore aujourd'hui certaines familles religieuses (principalement les Hooro Moodinu) refusent encore de donner leurs filles en mariage aux membres des familles de sang royal (Hooro Tunkallenmu).
On a donc d'un côté des Soninké qui ont assimilé inconsciemment leur parcours religieux à celui des premières familles islamisées, cette tendance l'ayant finalement emporté; et de l'autre ceux qui ont abusivement assimilé l'ensemble de l'ethnie à son aristocratie dirigeante, ce qui a donné naissance à de nombreux récits en partie erronés.
Je suis ouvert à toutes remarques de votre part.
Wa Salam.