Citation Posté par Cheikhna Mouhamed WAGUE Voir le message
Mon frère, tu as raison de signaler cette falsification monumentale de l'histoire. C'est du n'importe quoi cette thèse, car elle est sans aucune fiabilité scientifique. Tu sais en ce qui me concerne, je n'ai aucune confiance à wikipedia qui publie tout sans aucun souci d'objectivité. Pour preuve, publier une telle falsification sur la paternité de l'empire wagadou-Ghana prouve que ce site ne mérite pas l'audience qu'il a.

Ce que tu as toujours lu, entendu et compris au sujet de la paternité de l'empire soninké est la seule thèse historique scientifiquement défendable et valable de nos jours. Tous les historiens et traditionnistes des quatre coins du monde, à quelques détails près, disent que les Soninkés sont les vrais fondateurs de l'empire de Ghana. Tout le reste n'est, comme tu l'as dit, qu'une tentative de falsification de l'histoire qui n'arrive pas à se frayer un chemin scientifique.

J'ajouterai à cette falsification une autre. Beaucoup d'historiens peu avertis sur la question disent que les Soninkés ont été islamisés par les bèbères sous l'impulsion de Youssouph ibn Tachfîne. Cette thèse est battue en brèche par des historiens comme les Professeurs Abdoulaye Bathily et Oumar Kane qui affirment, avec des preuves scientifiques à l'appui, que les Soninkés étaient déjà musulmans avant même l'arrivée des Almoravides. Oumar Kane ajoute que ce sont les jula soninkés qui ont fondé les premières écoles coraniques dans le Fouta Toro et qui avaient islamisé les populations paiennes peules, et cela, avant même l'arrivée des Almoravides, contrairement aux fausses thèses que l'on lit chez certains historiens qui essayent de hausser le passé de leurs sociétés. L'historien sénégalais dit que même le terme njulu en pular (prière) dérive de l'appelation du terme jula, parce que ce sont les jula soninkés qui leur ont montré comment prier et tant d'autres ethymologies religieuses qu'ils ont empruntées à leurs convertisseurs soninkés. Je reviendrai incha Allah sur ce sujet, s'il le faut. Merci beaucoup.
Salam,

Aux vues de vos références au pular je tiens à vous signaler que les Peuls et Toucouleurs nomment les Soninké "sebbe" (au singulier "tyedo") avec la signification originelle d'"incroyants".

Si il est vrai qu'aujourd'hui l'Islam jouit d'un quasi-monopole chez les Soninké, il n'en a pas toujours été autant.

En effet si l'islamisation des Soninké a déduté il est vrai bien avant l'arrivée des Almoravides, l'ensemble de la société Soninké ne s'est converti que lentement à la nouvelle religion, même si très rapidement des familles entières ont acquis, et ceci dès les premiers siècles de l'Hégire, une renommée de lettrés religieux, voire de sainteté, tant et si bien que leurs membres pouvaient se trouver sollicités pour s'intaller dans d'autres régions soit, comme vous l'avez évoqué, pour encadrer et encourager un premier noyau islamique dans une contrée encore incroyante (avec notamment la création d'écoles coraniques comme dans le Fouta), soit par pur esprit de prosélytisme, soit encore pour servir d'alibi à un souverain peu soucieux de s'islamiser ou de faire islamiser ses sujets, mais attentif à avoir une caution éventuelle contre l'hostilité de voisins puissants et, eux, convertis. De plus, dans la tradition syncrétique de la plupart des ethnies avoisinantes, la présence d'un intercesseur officiel près d'un nouveau Dieu était une sage précaution de bonne politique.

Enfin de nombreuses sources que vous estimez complétement fausses peuvent faire référence à la haute aristocratie Soninké qui a très longtemps refusé de se convertir à l'Islam, excluant même à de nombreuse reprises ceux qui se convertirent. La conversion de ceux-ci n'est que très récente (1 ou 2 siècles seulement!) et demeure pour certains suspecte, cause pour laquelle encore aujourd'hui certaines familles religieuses (principalement les Hooro Moodinu) refusent encore de donner leurs filles en mariage aux membres des familles de sang royal (Hooro Tunkallenmu).

On a donc d'un côté des Soninké qui ont assimilé inconsciemment leur parcours religieux à celui des premières familles islamisées, cette tendance l'ayant finalement emporté; et de l'autre ceux qui ont abusivement assimilé l'ensemble de l'ethnie à son aristocratie dirigeante, ce qui a donné naissance à de nombreux récits en partie erronés.

Je suis ouvert à toutes remarques de votre part.


Wa Salam.