L'Homme, sa vie durant, est tiraillé entre des épreuves de nature différente allant de la perte d’un être cher aux difficultés de la vie, des questions existentielles aux interrogations sur la création des univers, de l'aondance des richesses matérielles à la privation. Dans son ouvrage qui s’intitule La Notion de la patience dans le Coran, le penseur Yûsuf Al-Qardâwî constate à ce propos : « il y a de la patience à l’égard des épreuves de la vie terrestre et des drames. Nul n’échappe à cela : ni l’être pur ni l’impur, ni le croyant ni le mécréant, ni le maître ni l’esclave, car ceci est lié à la nature de la vie elle-même et à celle de l’homme. On ne connaît personne qui ait été épargnée par les douleurs morales, les maladies du corps, la perte d’êtres chers, la diminution de biens, le mal fait par autrui, la dureté de la vie ou les mauvaises surprises du destin. » Et c’est effectivement dans ce sens qu’Allah a dit dans le Coran : « certes Nous vous éprouverons par quelque terreur, par la faim, par une diminution de vos biens, dans vos personnes, dans vos récoltes. Annonce [Muhammad (SAW)] la bonne nouvelle à ceux qui patientent, à ceux qui, lors qu’un malheur les frappe disent : nous sommes à Allah et c’est à Lui que nous retournerons… » (Coran, 2 : 155 – 157).
De fait, tout dans la vie de la musulmane, du musulman est ainsi une épreuve. Allah en mettant l’Homme, le fidèle notamment, à l’épreuve teste sa capacité à se souvenir de l’Essentiel, de la Présence de Celui qui est à l’origine de toute la Création. Dans le Coran, nous relevons : « béni soit Celui dans la main de qui est la royauté, et Il est omnipotent. Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre » ou « en effet, Nous avons crée l’homme d’une goutte fécondée pour le mettre à l’épreuve… ». Le meilleur des hommes est sans doute celui qui parviendrait à surmonter ces épreuves avec foi, dignité et courage. Et l’on ne aurait parvenir à les surmonter qu’en s’armant au préalable de la patience et de la conviction qu’elles viennent d’Allah en vue de tester notre capacité à nous soumettre à Ses décrets.
La notion de patience, en religion islamique, occupe une place on ne peut plus capitale dans le rapport que les fidèles, hommes et femmes confondus, entretiennent avec le Seigneur de l’Univers. Rien, dans les pratiques cultuelles du musulman, dans la vie quotidienne des fidèles ne saurait se concrétiser sans le recours inévitable à la patience. Un nombre considérable des versets coraniques insistent sur cette vertu sans laquelle, il est vrai, aucune persévérance dans l’adoration de l’Unique, dans la réalisation des projets terrestres ne peut être envisageable. La patience, telle qu’elle est employée dans le Coran, pourrait signifier : supporter ce que l’on abhorre en quête de l’agrément d’Allah. Yûsuf Al-Qardâwî, dans son livre susmentionné remarque, avec raison, que : « ce que l’individu [le croyant] abhorre peut revêtir diverses formes ». Dans le même ordre d’idées, l’Imama Al-Ghazali affirme : « sache qu’il existe deux catégories de patience : une catégorie physique telle que l’endurance et la résistance par rapport aux efforts physiques, soit en s’adonnant à des travaux pénibles, soit à travers les pratiques cultuelles ou autres, ou bien en supportant avec patience des coups violents, une maladie ou des blessures graves. » Cependant, dit-il, le plus méritoire, c’est l’autre catégorie de patience, à savoir l’abstention par rapport aux désirs et appétits ou aux exigences de la passion. Il nous semble clair, de fait, que la patience dans la vie et les pratiques cultuelles du musulman occupe une place de choix. La patience, pour ainsi dire, est l’une des caractéristiques fondamentales du fidèle en islam. Elle est, autrement dit, la colonne vertébrale maintenant l’adorateur dans l’accomplissement de ses responsabilités vis-à-vis de son Créateur. Dans le Texte coranique, en effet, nous relevons : « ceux qui se montrent patients dans l’adversité [la pauvreté], dans la douleur [le malheur], et au moment du danger. Voilà les hommes sincères ! Voilà les hommes pieux » (2 : 77).
Dans son analyse du sens de la patience, l’Imam Al-Ghazali affirme que :
« la patience est un attribut de l’homme et ne peut se concevoir ni chez les animaux ni ses les anges ; les animaux pour leurs insuffisances et les anges pour leur perfection. [...] Les animaux sont dominés par leurs instincts dont ils sont dépendants. L’action et le repos sont, chez eux, mus par le désir. Il n’y a aucune force qui puisse s’y opposer et en empêcher la satisfaction, une force de résistance que l’on pourrait qualifier de « patience ». Quant aux anges, ils se consacrent exclusivement au désir de la présence divine et au bonheur ineffable que leur procure Sa proximité. L’être humain, quant à lui, est au cours de sa prime enfance aussi diminué qu’un animal. Il n’existe en lui que le seul désir de la nourriture qui lui est nécessaire. Puis aparaissent le désir de jouer, la défiance et le désir sexuel. Durant l’enfance, il ne possède aucune patience, car la patience représente une force de résistance opposée à une autre force, et qui luttent entre elles, compte tenu de l’opposition qui existe entre leurs exigences et leurs demandes.
Seule, il est vrai, la patience peut aider le croyant à persévérer dans ses pratiques cultuelles. Beaucoup de verstes du Coran incitent les fidèles à la patience, comme nous pouvons le constater dans ce verset : « O les croyants ! Cherchez secours dans l’endurance et la salât. Car Allah est avec ceux qui sont endurant [patients]. (Coran, 2 :153).
SOUMARE Zakaria Demba
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