
Dans ma culture malinké, comme dans d'autres sphères culturelles du pays, on est persuadé que le désordre naît avec la souillure. Au Mali la saleté, la tache morale s'appelle BASSESSE. Très peu de citoyens tiennent encore à la vertu qu'on a vite remplacée par la force de séduction du matériel, l'exubérante appartenance à telle famille ou tel clan reconnus pour leur mainmise sur un pan de l'appareil d'Etat, la fierté non justifiée d'être le cousin, ou le neveu, ou le beau frère de tel Ministre, Directeur National, Gradé des forces armées et de sécurité, hommes ou femmes d'affaires. Ou même l'intermédiaire entre un grand responsable et son <>. J'ai été étonné d'entendre un de ces hommes du secret me confier :<< Nous féticheurs et marabouts avons une grande part dans le retard du pays, car c'est nous qui poussons les grands patrons à détourner autant qu'ils peuvent ; nous sommes là pour enterrer l'affaire (k' a da tukun). >> Ce qu'il n'a pas ajouté, c'est qu'ils contribuent aussi à la politique de promotion de va-nu-pieds qu'ils mettent à de hauts postes de l' Etat, simplement parce qu'ils servent de relais entre eux et leurs clients.