Manger à table, ou manger à meme le sol

[Cisko]

Bonsoir les amis,

Dans nos sociétés et particulièrement en milieu soninké, manger à même le sol, à main nue après avoir pris le soin de la laver, regarder devant soi, ne pas parler, ne pas porter la main sur le "karaado" sans l'autorisation préalable du plus agé, ne pas se saisir du seul morceau d'os ou de viande au milieu du plat, tenir avec l'index gauche le bol de soupe étaient des pratiques très courantes. L'enfant qui outrepassait ces mesures, était séance tenante, corrigé. Qu'en est-il maintenant de ces pratiques ? Quels en étaient les avantages, les inconvénients? Quelles évolutions en cours?

[Mamoye]

A la la ca me rapelle des choses, j'ai connu ça. J'ajoute à la liste du savoir-être à table :

- Les filles assisses sur les jambes repliés sous leurs fesses et les garçons accroupis .
- Le dos et l'intérieur de la main doit rester propre : pas d'huile qui dégouline.
- On doit pas faire tomber le riz par terre sinon tu ramasses et tu manges
- Avant de se laver les mains dans le récipient prévu on doit lécher sa main soigneusement.


Moi ce que je trouve que ca m'a apporté aussi dur que cela puisse être cest que lorsque l'on est bien élevé dans une culture on augmenta sa capacité d'adaptation aux autres cultures.

[Abdoulaye DIAGANA]

Salam!

A tout ceci s'ajoute le fait de vider l'assiette: Ceci n'est appliqué qu'aux derniers et notamment à la dernière personne qui doit vider l'assiette. En ce sens que l'on dit souvent "noxo ga bono a na mpassu yigande ga bono". Une vrai puinition pour la dernière personne n'est ce pas! Je me rappelle ces années encore où mon grand père (maternel, paix à son âme) avait horreur de voir du reste de nourriture dans l'assiette. Il disait "xolle ke koossi". Ah le bon vieux temps de l'enfance! Et si on pouvait faire tourner le temps! Bien à tout le monde. fraternellement.

[Soninkara]

C'est vrai, que de souvenirs, en effet.
Quand on mongeait avec les anciens, on devait aussi poser son petit doigt (l'index) sur le bol, pour éviter qu'il bouge . Et tant que le plus ancien ne dit pas "xadi kanmu n fayi", personne n'ose toucher à la viande ou au poisson ( maxafo). J'avais aussi remarqué que quand nous mangions avec nos pères et oncles, la même règle s'appliquait à eux aussi par respect pour l'aîné.

Aujourd'hui, les temps ont changé. Dans beaucoup de familles Soninké, notamment, en Europe, on mange plus à table avec des couverts, chacun son assiète. Je ne blâme pas trop cela, car quelque part, c'est le contexte qui fait ça.
Mais, je trouve que les familles doivent faire un effort pour qu'au moins, le père de famille mange le plus souvent avec ses enfants et les éduque. Car, pour moi, toutes ces façons de faire entrent dans l'éducation.

[oumou]

Il est vrai que ce sont des choses qui se gardent je sais que mon père mangeait avec une cuillière, et je coupais la viande pour lui, je sais que je fais la même chose avec mon mari, mais il est vrai qu'il serait bien d'apprendre les deux à nos enfants, car quand ils iront au bled, ils sauront comment se débrouiller

[Abdoulaye DIAGANA]

Il est vrai que ce sont des choses qui se gardent je sais que mon père mangeait avec une cuillière, et je coupais la viande pour lui, je sais que je fais la même chose avec mon mari, mais il est vrai qu'il serait bien d'apprendre les deux à nos enfants, car quand ils iront au bled, ils sauront comment se débrouiller

Tout à fait d'accord avec toi ma soeur!

[Cisko]

Bonjour les amis,

Chastanet, dans son étude sur la cueillette de plantes alimentaires en pays Soninké, a mis en évidence la place primordiale qu’occupe le mil, «yille» dans le régime alimentaire des Soninké. Eu égard à cela, il est plus que, dans l’imaginaire collectif, un élément de satisfaction des besoins alimentaires, il représente l’ordre social.

C’est pourquoi, dans l’éducation des enfants, il leur est appris, à travers les interdits et pratiques sus-mentionnés dans toutes les interventions développées ici, le «respect du mil», yille n daroye c’est à dire un comportement respectueux vis à vis de la nourriture, de la famille et de la société en général.

En effet, l’une des caractéristiques fortes de la société Soninké est la solidarité de ses membres au sein de l’unité de production et de consommation, ka, placée sous l’autorité du kagumé. Cette solidarité va grandissante en passant d’une sphère à une autre, c’est à dire de la lignée au clan, de celui-ci à l’ethnie, de cette dernière au village donc à la société. Elle est d’abord interne au sein du ka, du clan, de la ligné, de l’ethnie avant qu’elle soit extériorisée par rapport à ces différentes unités socioculturelles.

Elle se manifeste dans la vie quotidienne : le travail de la terre (agriculture), la construction de cases, de bâtiments en banco, du début à la fin des travaux, le forage des puits, le décorticage des épis de mil, bu kan de, etc…, quelle qu’en soit la tâche et la phase, ce n’est jamais une affaire individuelle, celle-ci porte toujours le prima du collectif dans le respect scrupuleux de la hiérarchie et donc de l’ordre.

Soit dit, en passant, que le «mara», vivrier ou grenier de la cellule familiale, alimenté par l’effort collectif de production des biens de consommation issus des champs ou troc, n’est pas la propriété individuelle du kagumé, il en est simplement le gestionnaire. Aujourd’hui, malgré l’évolution drastique des conditions climatiques et que le grenier soit de plus en plus «rempli» par les ressources tirées de l’immigration, le kagumé garde toujours sa fonction de gestionnaire. Aussi, quelle qu’en soit la stratégie, les besoins d’entretien alimentaire de toute l’unité sociale sont pris en charge à partir du «mara». Par voie de conséquence les principaux repas, comme le mentionne Chastanet, sont pris ensemble d’où la notion de «gina baane», «une seule marmite», symbole de cohésion, de ciment entre les membres constitutifs de cette unité.

Cette union en plus de certaines stratégies liées à la cueillette, à l’émigration permettraient, en cas de crise de subsistance, de faire face à la déchéance, à la dépendance ou à la perte d’identité. A contre cœur, la famine peut pousser à des transgressions inouïes en plaçant des individus de même niveau social, des «xawansa» dans une situation de non réciprocité, d’inégalité, de demandeur. Ne dit-on pas souvent que la main qui donne est mieux que la main qui reçoit, faisant de l’une la dominante et l’autre l’obligée ? En cela, les rapports sociaux s’en trouvent amoindris, sapés, rabougris, décrédités d’où des préoccupations constantes de conservation de son identité, rang et donc du respect de la société, généralement.

En conclusion, à mon sens, le corpus de règles et d’interdits pesant sur les enfants, est une initiation à l’art de vivre, un code de conduite dont l’objectif principal est de forger des hommes. Cependant, l’évolution des contextes socio-économiques et culturels, l’occidentalisation des façons de vivre, l’aménagement de nouveaux « espaces de négociation des différences culturelles » selon la terminologie de (Quiminal et al, 97), tous ces éléments, combinés aux effets des dynamiques migratoires fortement perçus en milieu Soninké, ne consument-ils pas à l'image d' une forêt de brousse tigrée la philosophie qui sous-tend le «yille n daroye» ? Est-ce que des stratégies identitaires, de ré-appropriation ou de conservation de ces normes de conduite sont-elles encore perceptibles en milieu Soninké, ici et ailleurs ? A juste que Soninkara, Oumou, reprise par Diagana s'inquiétent et développent des sentiments de régrets! bonne lecture et amicalement à vous tous !

[raby]

slm
manger à table ou manger à meme le sol
je pense que quelque soit le mode que nous utilisans pour partager un repas l'importance c'est de transmettre à nos enfants les régles de base afin d'avoir la bonne tenue, le respect, l'éducation nécessaire pour leur futur.
Mes enfants mangent à la cantine donc mange à table.
Cependant à la maison c'est comme à Saby sur une table basse mais à la traditionnelle(avec les doigts, ds une assiete commune...)

[fendasiré]

C'est tout a fait pareil pour moi mes enfants mangent a la cantine mais a la maison on mangent tous ensemble a la main.

[Kheuch Tidiane]

salut à tous!
maintenant se sont les enfants qui attaquent en premier lieu le MAXAFO.
Et les seuls responsables sont leurs parents.