Oui, je le conçois, mais j'ai du mal à le croire.
J'ai du mal à croire que si tu dis aux mahorais : "vous allez devenir un département français, et on va vous soustraire des règles islamiques anti-républicaines", j'ai du mal à croire que ce petit "pays" peuplé à 90 % par des musulmans dirait oui.
SourceVendredi 20 mars, aéroport de Dzaoudzi. La sénatrice Eliane Assassi et Jean-Louis Lemoing, tous deux cadres du Parti communiste français, sont accueillis par une quarantaine de femmes hostiles, huant et brandissant des pancartes telles que : “Les pro-état comoriens ne sont pas les bienvenus”. La raison de ce courroux ? La position des communistes, seul groupe parlementaire à s’être opposé à la départementalisation de Mayotte. “Il est où le débat ? Quelle possibilité donne-t-on aux partisans du “non” pour s’exprimer ?” demandera le lendemain Eliane Assassi au cours d’une conférence de presse. Et pour cause. Plus que discrets, les “nonistes” - le terme désigne les partisans du “non” - ont été absents de la campagne. Les seuls à s’être ouvertement manifestés sont un groupe de religieux qui, dans un reportage diffusé sur Télé Mayotte, ont exprimé leurs craintes de voir l’île abandonner l’islam et ses traditions. Secrétaire du Grand Cadi et membre du Conseil représentatif des musulmans de Mayotte, Oumar Ben Ibrahim milite pour le “non”. “Mais on n’a pas les moyens de le faire visiblement. Ceux qui sont pour le “non”, s’ils se déplaçaient d’un village à l’autre pour parler, auraient des problèmes”. Oumar Ben Ibrahim ajoute que la distribution à tous les électeurs d’un résumé en français et langue locales du Pacte pour la départementalisation de Mayotte, n’a pas aidé les Mahorais à comprendre les enjeux du scrutin. “Les gens ne le lisent pas. Comme ils sont acculturés, ils essaient de le lire en français mais ne comprennent pas bien. Ils ont du mal à lire en shimaoré. De toute façon, les gens ont été préparés à entendre uniquement le “oui”. Le mot “département” est tellement ancré qu’on n’imagine pas ne pas aller jusqu’au bout. Mais derrière le “oui”, il y a une souffrance interne que les gens cachent”.