Thé-Débat sur les Castes et hiérarchies sociales chez les Soninkés le 06 février 2009

[Cheikhna Mouhamed WAGUE]

Bonjour :

Ce texte, envoyé par notre brillant frère Aly Cissokho via le webmaster, doit être lu par tout le monde, car l'auteur comme à son habitude pose des vraies questions qui vont sans doute nourrir ce débat. Je vous laisse lire vous-même ce joli apport :

Bonjour à tout le monde et merci pour l'invitation qui a été adressée à notre humble personne.

Permettez-moi, pour contribution très modeste, de vous faire partager ces quelques préoccupations. D’abord, le thème choisi et le contexte dans lequel il est placé mérite, en effet, débat. Aujourd’hui, dans une France où, il est de plus en plus question « d’Identité », quoi de plus normal de parler de « Castes » et d’hiérarchies sociales dans l’émigration. Cette problématique, à mon humble avis, pose le problème identitaire des sociétés africaines, particulièrement soninké de l’émigration dans un contexte où même la terre d’accueil est confrontée à la même question. Donc, le thème est doublement intéressant : élucider la problématique des castes et des hiérarchies sociales poserait, d’emblée les bases d’une participation effective à la réflexion nationale (France). Ensuite, ce débat sur les castes et hiérarchies sociales dans le contexte de l’émigration, ne saurait occulter les rapports sociaux dans le contexte de non immigration, tant il est si vrai qu’il existe, un pont entre l’émigré et son terroir d’origine ou aire culturelle, le cordon ombilical n’est pas du tout rompu. Donc, peut être pour dépassionner, faudrait-il commencer par là ? Vous conviendrez avec moi que la société soninké, dans sa globalité, est une société très conservatrice, une qualité non moindre qui lui a permis, d’ailleurs, de résister, de s’adapter et d’exister au sein de contrées et de territoires géographiques dans lesquels elle est minoritaire. Il est constaté et avéré qu’une reproduction ou reconstruction de l’univers socio-culturelle se met en place dès l’instant que des individus ou groupes de personnes originellement issus de la même entité culturelle se retrouvent. Cette reconstruction saurait-elle se faire sans un feet back sur les rapports existentiels entretenus entre ces individus dans le contexte de non immigration ? Saurait-elle se faire en faisant fi du sooninkaaxu ou en le diluant ? Le Sooninkaaxu, à mon sens, au-delà de la langue, c’est l’ensemble des us et coutumes propres à la société soninké donc, une certaine organisation sociale rigoureusement entretenue par les différents maillons de l’ensemble, c’est, tout simplement, le fait d’être soninké. Mais, dans le contexte migratoire, quelle place occuperait la descendance de ces émigrés, se reconnait-elle intrinsèquement liée à l’ensemble dont sont issus les parents ou, se place-t-elle en dehors de l'ensemble, la périphérie, ou simplement tournerait-elle le dos à cette organisation sociale, référentielle des parents ? Se reconnait-elle, réellement et simplement soninké ?

Quoique l’on puisse dire, que l’on soit en contexte d’émigration ou pas, la société soninké, à l’intérieur tout comme à l’extérieur des entités qui la composent, n’échappe pas à la tectonique des classes. Les différentes entités continueraient, au gré des contextes, circonstances et des enjeux politiques, économiques, religieux, socio-culturels…. à développer des inerties ou synergies. Seront-elles suffisamment fortes ou fragiles pour provoquer des phénomènes de subduction (enfouissement) ou d’abduction (bombement, soulèvement) irréversibles voire de tassement (équilibre) ?

Pour terminer mon propos, à l’orée de cette nouvelle année, je présente mes vœux les meilleurs à toute la famille soninkara.com, à cette merveilleuse équipe dont les initiatives sont à saluer vivement, rien que pour la promotion du sooninkaaxu.

Mes amitiés à tout le monde !

[Hadiya WAGUE]

Aly très belle contribution qui prouve que la dimension n'est pas si simple comme on le pense ! J'espere que les gens répondront à l'appel pour un débat fructueux !