Aperçu sur le deuil en milieu soninké

[Cheikhna Mouhamed WAGUE]

Bonjour

Honnêtement, c'est grave pour notre société quand j'apprends pour la première fois, d'après les posts supra, qu'en plus de l'exhibitionnisme et l'ostentation que nous avons developpés ensemble, que la cérémonie du deuil est devenu un moment propice pour faire prospérer ses affaires. A ce rythme, nous évoluons sans doute vers une catastrophe sociale, car la moralité n'a plus droit de cité. C'est vraiment grave.....Vraiment dommage!

[lass77]

oui cela fait froid au dos de voir et d'entendre des telles pratiques dans notre societé. malheureusement ça prend une tournue grave au fil des temps. je l'avais ecrit dans un autre sujet similaire qu'il n'ya plus de difference chez les soninké entre mariage , decés et baptemes . pour le cas du deuil vues les pratiques qui l'accompagnent il y'a effectivement du blaspheme et pire les gens le savent sciemment . encore une fois nous ne savons pas comment eradiquer ces phenomenes , puisqu'ils sont en train d'etre assimilés dangereusement dans les habitudes.

[Fodyé Cissé]

Une fois, j'étais allé présenté mes condoléances à une personne qui avait perdu son père au bled. A mon arrivée, surprise, je trouve son petit appartement de type F1 bondé de monde. C'était l'heure de manger. les femmes mangeaient de leur côté et les hommes, isolés dans le salon, s'empiffraient d'un riz au poisson tout en se lançant des vannes de temps en temps; ce qui engendre spontanément des éclats de rires. J'étais triste pour cette personne qui avait perdu son père, et je ne comprenais pas la scène qui se déroulait sous mes yeux. C'était pourtant des vieux, tous avaient la 50aine passée. J'ai présenté mes condoléances et j'ai vite fait quitté les lieux. C'était en début d'après-midi.

Le soir, un ami m'appelle et me dit qu'il avait été présenter ses condoléances en début de soirée et qu'il avait été gêné par l'attitude de certaines personnes. Je lui demande des détails et je m'apperçois qu'il s'agissait des mêmes personnes que j'avais trouvées là-bas. . A mon avis, ils attendaient le dîner.


Bref, tout ceci pour dire que c'est triste, vraiment triste que les deuils soient devenus des fêtes, des moments de retrouvailles pour rigoler, etc...

Autre chose, le système est tellement bien ancré maintenant dans les moeurs que s'il y a un "baade" (deuil) , pardon une fête sans musique, dans un foyer et que monsieur X n'y va pas, le jour où monsieur X perdra un membre de sa famille, les autres ne vont même pas se déranger pour l'appeler au téléphone pour lui présenter leurs condoléances. Car, ils se diront que monsieur X ne se déplace jamais pour venir assister aux "baade" dans les foyers.

[Cheikhna Mouhamed WAGUE]

Tous ces comportements ne sont pas, loin s'en faut, réluisants pour la société. C'est à nous -notre génération adossée à certaines personnes âgées et éclairées- de refuser et de convaincre toutes ces hyperboles, sinon elles risquent d'être des défauts ataviques qui seront réproduits à travers des générations, au point de devenir des nouvelles normes sociales. Je pense qu'une réelle sensiblisation doit être conduite en ce sens. Les gens ne sont pas sans savoir qu'ils sont dans une erreur monumentale que de se comporter ainsi. A ce titre, il faut les confondre et les mettre devant leurs propres contradictions.

[makalou]

Une fois, j'étais allé présenté mes condoléances à une personne qui avait perdu son père au bled. A mon arrivée, surprise, je trouve son petit appartement de type F1 bondé de monde. C'était l'heure de manger. les femmes mangeaient de leur côté et les hommes, isolés dans le salon, s'empiffraient d'un riz au poisson tout en se lançant des vannes de temps en temps; ce qui engendre spontanément des éclats de rires. J'étais triste pour cette personne qui avait perdu son père, et je ne comprenais pas la scène qui se déroulait sous mes yeux. C'était pourtant des vieux, tous avaient la 50aine passée. J'ai présenté mes condoléances et j'ai vite fait quitté les lieux. C'était en début d'après-midi.

Le soir, un ami m'appelle et me dit qu'il avait été présenter ses condoléances en début de soirée et qu'il avait été gêné par l'attitude de certaines personnes. Je lui demande des détails et je m'apperçois qu'il s'agissait des mêmes personnes que j'avais trouvées là-bas. . A mon avis, ils attendaient le dîner.


Bref, tout ceci pour dire que c'est triste, vraiment triste que les deuils soient devenus des fêtes, des moments de retrouvailles pour rigoler, etc...

Autre chose, le système est tellement bien ancré maintenant dans les moeurs que s'il y a un "baade" (deuil) , pardon une fête sans musique, dans un foyer et que monsieur X n'y va pas, le jour où monsieur X perdra un membre de sa famille, les autres ne vont même pas se déranger pour l'appeler au téléphone pour lui présenter leurs condoléances. Car, ils se diront que monsieur X ne se déplace jamais pour venir assister aux "baade" dans les foyers.

Salam

Tu as dit vraie sur le fait que si tu presentes pas tes condoléances à un Mr X, le jour où Mr Y perdra une personne, certains n'iront pas ou le crachera à ton village.
Une révélation du " Baadé " de samedi.
Walaye Bilaye,

Un vieux d'un certain village dont je tairai le nom a pris la parole pour dire du n'importe quoi avec un porte parole bavard et volubile.

" Lors du Baadé d'unde la mère d'un tel, personne ne nous a averti. On a entendu le decés par autrui. Ce baadé aussi, on ne l'a pas entendu. On est venu qu'à même presenter nos condoléances mais aussi pour vous dire cela. Pourquoi pas nous avertir de vos Baadé ". Le pire, ce Monsieur bègaye. Il a monopolisait la parole pendant presque 15 mn pour dire ce qu'il avait sur le coeur.
La personne endeuillée lui a magnifié son pardon et lui dit que la prochaine fois, il l'avertira.

Le porte parole dit:

"Voila , gens d'un village X, ça fait la 2 ème personne qui reproche le manque d'informations. Quant tu as un décès , tu attends tes personnes alors tu ne peux suspendre le " Baadé " que quant toutes tes personnes sont venues "... On dirait qu'ils ont des listes de presence. C'est drôle.


En tout cas une chose est sur , la riz du " Baadé " est prisé dans Soninkara. Tout le monde s'empresse à remplir son bol le soir pour le ramener chez lui. Je parle surtout des cuisinières.

[parisgirl]

C'est vrai que durant le périodes de deuil le comportement de certains est vraiment choquant. C'est entre autres pour cette raison que quand j'adresse mes condoléances, je n'y vais pas en même temps que tout le monde. J'attends que les gens soient partie et je me présente après. Je fais mes condoléances et quand je donne de l'argent à la famille du défunt je le fais discrétement.

Comme il a été dit, ce qui me choque c'est qu'il n'y a plus de différence entre mariage, baptême et décès. Une fois j'ai été sidérée. J'allais présenter mes condoléances chez quelqu'un et une amie de ma mère m'a demandé si je pouvais prendre avec moi des vêtements qu'elle avait ramené du bled et que je les présente aux femmes qui seraient là bas. Elle m'a même dit de cibler tels genre de femmes qui selon elles sont de bonnes acheteuses . Je n'ai même pas eu à répondre ma mère lui a mit un stop direct. Le problème avec ces gens là c'est qu'ils se disent que là où il y'a des condoléances il y'aura forcément du monde et qui dit du monde dit client potentiel, c'est vraiment sidérant.

Les condoléances devraient être un moment de deuil où chacun se retrouve pour honorer la mémoire du défunt et non pour se faire son business.

Une autre fois j'ai été sidérée par une embouille qui n'avait ni queue ni tête. Un oncle refusait d'aller présenter ses condoléances à la famille d'untel sous prétexte qu'il était fâché avec le frère du défunt. Mon père et mes autres oncles lui ont pris la tête jusqu'à fatigué et au final ils lui ont dis que s'il fallait le supplier pour aller présenter ses condoléances, ça ne servait à rien. Mon père a pensé que mon oncle serait pris de remords et que malgré tout il irait présenter ses condoléances. Que nenni, il a gardé sa fiéreté jusqu'au bout et ne s'est pas déplacé.

Le pire c'est que ce sont rarement les jeunes qui ont ce genre de comportement. C'est plus les parents.

[Cheikhna Mouhamed WAGUE]

Un vieux sujet mais toujours d'actualité!