Hommage à Ousmane Moussa Diagana dit Dembo
Par Thierno Tandia
Il y a six ans que cet hommage fut écrit et publié (en sooninke) dans les colonnes de Sooninkara, dans la douleur, il y a six ans Dembo comme nous l'appelions affectueusement- nous quitta. C'était une valeur sûre de la recherche, de la littérature, de la culture, sa disparition constitue une hémorragie. Une douleur qui mettra beaucoup de temps à cicatriser, tellement les chantiers en friches sont immenses, ainsi hélas va la vie ! Je ne peux traduire ce poème comme je le veux. Il commence par une réplique au défunt qui m'a suggéré suite à un " xaran suugi deppe " entendez un poème court que j'avais écrit, d'opter pour ce style " deppe ". Même si cette réplique est composée dans un " xaransuugi gille ", un poème long, cette forme, au mouvement ample, sied mieux pour rendre hommage à l'océan que fut Dembo. Je ne sais si le résultat est concluant.

François, auteur de plusieurs travaux sur les Soninké dont, Les diasporas des travailleurs soninké (1848-1960), nous a quittés au-dessus de l'Atlantique, dans la force de l'âge, sa vie comme sa mort formant trait d'union entre l'Afrique, l'Europe et l'Amérique. Ayant fait ses études en France, dans les classes préparatoires puis au Centre de recherches africaines de la rue Malher, François était ensuite parti en Californie, à Santa Barbara, pour y préparer sa thèse d'histoire africaine auprès de G. W. Johnson, spécialiste du Sénégal. Cette thèse, consacrée à l'histoire des migrations soninké, malheureusement inédite à ce jour, révélait quelques-unes des multiples facettes d'un talent qui trouva également à s'exprimer dans les articles qu'il publia dans les Cahiers d'Études africaines : celui sur la famille Devès, véritable merveille d'érudition, et ceux, remarqués, sur le nationalisme culturel en Afrique francophone.
« Le fondateur de l’anthropologie économique française. » L’avis des commentateurs, historiens de l’anthropologie et collègues anthropologues est à peu près unanime sur ce point au cours des années 1970-1980, et encore très récemment Francis Dupuy (2001 : 152) dans son manuel le qualifie ainsi. Mais, dans la mesure où aujourd’hui, du moins en France, cette branche de la discipline n’est pas tout à fait assurée de sa légitimité, il faut peut-être regarder ailleurs pour évaluer l’apport considérable, aussi bien théorique que thématique, scientifique que militant, d’animation professionnelle que de direction de recherches, que Claude Meillassoux a assumé jusqu’à la fin de ses jours. L’anthropologue est une personnalité qui a marqué son temps par ses innovations thématiques et analytiques, par ses prises de position parfois un peu abruptes, par son entêtement à défendre sans relâche ce qu’il croyait juste (un concept ou une cause politique) mais aussi par sa chaleur humaine et personnelle et surtout par sa fidélité profonde à un certain nombre d’idées qu’il a conservée contre vents et marées pendant presque un demi-siècle.