 Le noircissement des gencives est une pratique adoptée par certaines jeunes filles africaines et singulièrement ivoiriennes. Elles sont nombreuses, celles qui se font noircir les gencives pour avoir un beau sourire et faire ressortir l’éclat de leurs dents. Mais, cette pratique ne se fait-elle pas sans douleur ?
Le noircissement des gencives est une pratique adoptée par certaines jeunes filles africaines et singulièrement ivoiriennes. Elles sont nombreuses, celles qui se font noircir les gencives pour avoir un beau sourire et faire ressortir l’éclat de leurs dents. Mais, cette pratique ne se fait-elle pas sans douleur ?
L’origine du noircissement des gencives
Le noircissement des gencives et des lèvres était une pratique très courante chez les femmes Soninké , une ethnie d’Afrique de l'Ouest, présente surtout au Mali, le long de la frontière sénégalaise entre Nara et Nioro du Sahel, ainsi qu'au Sénégal et en Mauritanie. Les habitants de cette contrée se désignent eux-mêmes par le mot soninké qui est en réalité, le singulier du mot soninko, mais sont également appelés Sarakholés par les Wolofs, Marakas par les Bambaras, Wangara par les Malinkés. Se noircir les gencives est couramment appelé ‘’’’. Il s’agit d’une pratique courante chez les jeunes filles qui consiste à noircir les gencives et/ou les lèvres, ou en tout cas, le pourtour de la bouche.Les produits utilisés
Le noircissement des gencives, est un processus !
L'opération consiste à utiliser des aiguilles pour piquer à plusieurs reprises la gencive jusqu’au sang, et d'y appliquer ensuite la poudre noire obtenue des mélanges. Elle peut être répétée à plusieurs reprises de sorte que le produit pénètre toutes les déchirures occasionnées par le passage des aiguilles. C’est avec beaucoup de difficultés que les jeunes filles supportent la douleur. « Certaines abandonnent dès le premier coup, mais les plus courageuses vont jusqu’au bout avec des larmes aux yeux. Parce que, cela fait vraiment mal. Je peux même dire que c’est plus douloureux que l’enfantement », dixit la guinéenne. Ce n’est pas Assita Diomandé, une jeune dame tresseuse que nous avons rencontrée au marché d’Adjamé qui dira le contraire. « Dans les années 1980, cette pratique était courante en Côte d’Ivoire et j'avais, à plusieurs reprises, assisté à cette opération. Il y avait plus de filles spécialistes, que celles qui voulaient se faire noircir les gencives venaient me voir. L'opération était douloureuse, mais pour se faire belle, la souffrance, quelle qu'elle soit, était acceptable», a-t-elle indiqué. Et d’ajouter, « Généralement, c'était les nouvelles mariées sénégalaises, guinéennes ou maliennes qui allaient pratiquer cette opération; en plus de se noircir le pourtour des lèvres et des gencives, elles se faisaient aussi noircir la paume des mains, et les talons ». Tout ceci montre que la couleur noire était synonyme de beauté. Pourtant, de nos jours, certaines jeunes filles se dépigmentent. Quel contraste !
Le prix
 Pour permettre à toutes les couches sociales d’y avoir accès, le prix  est fixé à partir de 1000Fcfa. Il peut aller au-delà, jusqu’à 2000Fcfa  selon la tête du client. Mais si la cliente ou le client est trop jeune  (10 à 15 ans), « on ne lui permet pas de subir ce martyr de peur que les  parents viennent se plaindre des conséquences ». Car après cette  opération, la cliente doit éviter de manger les repas chauds et peut  même avoir des plaies à la gencive pendant des jours, si le pratiquant  ne maîtrise pas bien son travail ou si la personne à qui on pile la  gencive n’est pas restée calme pendant l’opération. Généralement, c’est  la gencive du haut que les jeunes filles noircissent parce que celle du  bas est moins visible et fait plus mal lors de l’opération.
Les maladies contractées par le sang freinent la pratique
 La nouvelle génération de jeunes filles refuse de s'adonner à de telles  souffrances pour se faire belles. En plus, il y a trop de maladies  telles que le Vih/Sida, l’hépatite virale et bien d’autres que l’on peut  contracter en utilisant la même aiguille et le même chiffon pour  nettoyer le sang. Mais à la recherche d’astuces de beauté, ces jeunes  filles ont une nouvelle trouvaille qui consiste à la pose d'une sorte de  prothèse noire sur leurs gencives. Cette méthode permet d’éviter la  douleur des aiguilles et la transmission de maladies. « En fait,  macarelle que je suis, j'avais complimenté une coiffeuse que je trouvais  magnifique avec ses gencives noires et son sourire Colgate. Du coup,  elle m'a dit que c'était une prothèse et elle nous a emmenées chez la  fameuse "dentiste" pour la modique somme de 500F ou 1500Fcfa. Je me la  suis fait faire, il y a trois ans environs chez cette "dentiste" à côté  du grand marché de Treichville. En fait, la dame, une asiatique fait un  mélange chimique bizarre qu'elle pose par petites touches sur la  gencive, qui se transforme en une pâte noire, qui durcit. Ça brûle lors  de la pose et ça a un goût très amer mais bon. C’est supportable, puis  elle retire l'excédent en respectant le pourtour de la dent. Le fini est  très joli, et le résultat est spectaculaire. Pas besoin de retouche  afin de préserver la noirceur de celle-ci et qui, en plus se retire et  se remet sans problème. Même, ma maman a pensé que j'avais fait le  fameux ‘’diguinia’’. Le hic, c’est que cette prothèse est très fragile.  La mienne s’est cassée deux mois après. Bref ! Au moins concernant, le  caractère licite de celle-ci, on est fixé dans la mesure où elle est  réversible et ce n'est pas un acte permanent », a indiqué Soraya, une  jeune commerçante. C’est vrai que la femme doit rester toujours belle et  séduisante mais la meilleure des choses à faire, c’est de garder sa  beauté naturelle afin d’éviter les nombreuses conséquences que peuvent  provoquer les produits artificiels sur l’organisme.
 Adèle Kouadio, Abidjan.net







