Je vous assure que chez les Soninkés, les parents envoyaient leurs enfants ailleurs chercher la connaissance, même quand ils pouvaient eux-mêmes la leur donner. En plus des raisons que j'ai avancées plus haut, les Soninkés font partie des peuples qui pensent que pour avoir la science, il faut souffrir. C'est aussi pour cette raison qu'ils envoyaient leurs enfants loin, dans d'autres villages pour étudier. Pour preuve, mes deux grands-frères ont fait leurs études coraniques avec une autre personne, alors que mes autres frères et sœurs et moi-même avons été formés par mon père. Car selon l'idéologie soninkée, un enfant formé dans la maison paternelle, auprès de ses parents, de sa mère, de sa grand-mère, jouira sans doute d'un traitement de faveur et donc ne connaîtra pas les difficultés liées à la quête de la science, à savoir la faim, la soif, le travail pour son maître et la personne qui l'héberge durant ses études, etc. C'est donc aussi en partie pour cela que plein de lettrés musulmans du pays soninké n'ont pas été formés dans leurs propres villages. Cet aspect social est à inclure aussi au dossier.