Les prières soninkées (duwaawu) traduites en français!
Les prières à formuler quand un animal met bas ou quand on achète un animal
Allah ganna a ňa naburu wulaliŋte
Puisse Allah faire de cet animal porteur de chance
Allah ganna a kaman pana wuyun jiidi
Puisse Allah accorder d’abord la longévité à son propriétaire, à son maître.
Allah ganna a wara kame kaane
Puisse Allah le placer devant cent autres bêtes
C’est-à-dire qu’il soit à l’origine d’un grand troupeau
Les prières à formuler quand un animal décède brusquement
Aga bariti o do hibe naxa Allah ganta a koyooyi
Ce dont sa mort a empêché de nous atteindre qu’il ne nous atteigne jamais
C’est-à-dire : dans les traditions locales, une bête ne décède jamais au hasard. Sa perte consiste toujours à conjurer un mauvais sort, un évènement malheureux……….
Allah ganna siinen bono hon xenpendi ayi
Puisse Allah faire que son décès soit l’unique perte de l’année.
Avant de mettre terme à cette modeste série de traductions, il me tient d’abord à cœur de souligner que quelles que soient les compétences linguistiques, littéraires ou culturelles du traducteur, il est obligé par endroit de « trahir » le texte-mère pour trouver un juste équilibre entre la lettre et l’esprit. En ce sens, j’ai essayé, autant que faire se peut, de rester le plus proche possible des formules soninkées, quand bien même certaines d’entre elles ont été difficiles à traduire. C’est dire qu’aucune traduction, aussi distillée soit-elle, ne peut rendre avec exactitude compte du charme, de la profondeur structurelle, des articulations techniques du texte original. D’où il y a lieu de nous tourner vers nos langues et cultures maternelles pour une meilleure appréhension des formules traduites plus haut, entre autres domaines. Ne nous contentons pas que des traductions qui, pour reprendre de nouveau les termes des italiens, ne sont que des « trahisons ».
Je tiens ensuite à m’excuser auprès des Soninkés des autres régions pour ma partialité qui a peut-être consisté à prendre en compte que les formules en vigueur au Fuuta Tooro, région qui m’a vu naître et grandir et dont je crois mieux maîtriser le parler. Ces formules, il est à dire, peuvent légèrement varier dans le monde soninké.
Enfin, et s’il fallait rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, qu’il me soit permis, sans triomphalisme aucun, de dédier cette modeste série de traductions à feue ma très chère grand-mère paternelle, paix à son âme, qui m’avait appris, depuis ma tendre enfance, à mémoriser toutes les formules précitées et traduites. Qu’elle en soit vivement remerciée et surtout qu'Allah ait pitié d'elle et l'enveloppe de Sa Sainte Miséricorde. Bien à tout le monde.