Bonjour !
Les aspects négatifs de l’immigration soninkée ne sont malheureusement pas une denrée rare. La liste est longue. Je n’ai ni les compétences, ni la prétention d’épuiser le sujet. Je vais juste énumérer et, s’il y a lieu, développer quelques points qui me paraissent être les plus sombres de l’immigration soninkée.
Pour moi, l’immigration, bien qu’elle ait contribué au développement de nos villages et villes, est aussi à l’origine de certains de nos maux, dont le dépeuplement de nos contrées. Dans certains endroits du pays soninké, on ne voit de nos jours que des femmes, des vieilles personnes, des enfants à bas âge, des malades mentaux et des handicapés. Tous les jeunes, la force vive, sont partis tenter leurs chances sous d’autres cieux.
J’ai été très triste de remarquer lors d’une tournée de recherches, en 2004, dans le Fouta mauritanien et sénégalais que tous les villages, toutes les maisons soninkés ne répondent plus aux critères des grandes familles soninkées d’antan. Il faut dire qu’il ne suffit pas seulement d’envoyer de l’argent là où il n’y a pas des gestionnaires dignes de ce nom, ce qui explique en partie l’échec de certains projets locaux.
Il y a d'ailleurs lieu de souligner la fuite des cerveaux dont Fodyé a parlé dans un autre thread. Avec tous ces intellectuels que le monde soninké a produit, il est bien dommage de remarquer que nos contrées sont en passe d’être gérées et envahies par des gens venant de on se sait où. Kaédi, ma ville natale, en est un exemple frappant. Et pourtant, la minorité soninkée de cette ville est, sans aucune vanité, un ardent foyer d’intellectuels dans tous les domaines. Combien de docteurs, d’ingénieurs issus de ce milieu soninké se sont fondus dans les abysses de l’immigration. Rien qu’en France, on ne peut pas les compter. Et je suis plus que jamais sûr que ma ville n’est pas une exception à la règle. D’autres contrées à l’instar de Djéol, de Wawoundé, de Bokidiawé, de Guidimakha sont dans le même cas. Notons que même si l’effet négatif de l’immigration n’est pas, loin s’en faut, comparable aux effets de la traite atlantique et transsaharienne, il se fait quand même sentir avec une acuité on ne peut plus grande dans le pays soninké.
Si toutes ces forces vives, toutes ces matières grises à l’image d’un Mamadou Soumaré, d’un Fodyé Cissé, d’un Hadiya Wagué, d’un Marigatta Wagué ou d’une Jade, entre autres, (et oui je vous cite, car je reconnais vos qualités intellectuelles et votre probité morale) étaient en Afrique, les choses iraient sans doute encore mieux pour nos régions, délaissées par nos États respectifs. Car de nos jours, toutes les mesures gouvernementales de nos pays sont malheureusement propres à reléguer soninkara (le pays soninké) au dernier maillon de la chaîne nationale. Et cela s’explique en partie par le fait que nous soyons absents de nos pays, donc absents de la vie politique à partir de laquelle toutes les grandes décisions sont prises. Il s’agit sans doute un des effets négatifs de l’immigration soninkée. Je reviendrai incha Allah tout à l'heure sur les effets négatifs de l’immigration d'un point de vue culturel.