Tu sais, je ne veux pas polémiquer encore une de plus avec toi. Mais dire au Professeur Ibrahima Thioub, l'actuel chef de département d'histoire de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la plus grande université africaine à la réputation mondiale, se fonde sur quoi pour dire tout ce qu'il a dit me paraît très déplacé. C'est une voix autorisée qui parlait. Il n'a pas été choisi au hasard. Je ne sais pas si on n'a compris de la même façon son discours qui était pourtant sans équivoque. Excuse-moi, mais je ne suis pas du tout sûr que tu aies compris son discours, eu égard à tout ce que tu viens de dire. Ce qui est curieux, tu veux t'inscrire en faux contre ce qu'il a dit, en même temps, ce que tu dis, c'est qu'il avait dit. Il avait dit grosso modo qu'il y a certes eu la traite atlantique avec ses effets dévastateurs sur l'Afrique, mais que celle-ci a pu exister parce que il y avait des africains, parce qu'ils en tiraient profit, qui aidaient les esclavagistes occidentaux et arabes dans cette œuvre macabre. Il n'a dit nulle part que la traite transsaharienne n'a pas existé, ni n'a minimisé ses effets. Il a dit que lors d'un colloque à Bamako qu'il a dit qu'avant la traite atlantique, il y a eu la traite transsaharienne, mais aussi l'esclavage entre nous-mêmes. Il dit que, et l'islam, et la couleur de la peau ont été un prétexte pour faire une guerre psychologique aux gens à asservir. Le mauritanien n'a rien mis à sa place dans son discours, sinon de le compléter par moment. Tout ce que Thioub a dit est vrai. C'est un historien qui connait l'Afrique mieux que toi, qui aime l'Afrique et qui ne baye pas aux corneilles, qui parlait. Mais, comme le disait Fénelon dans une lettre adressée à l'académie française, " Le bon historien n'est d'aucun temps, ni d'aucun pays ; quoi qu'il aime sa patrie, il ne la flatte jamais en rien." Le discours était audacieux et ne fait pas plaisir, mais il est du tout au tout au vrai. Thioub ne fait pas l'histoire par amateurisme. Il est une autorité en la matière.
Je tiens aussi à dire que Thioub a fini avec une conclusion intéressante et incontestable selon laquelle les connexions qui étaient là pendant le traite atlantique des noirs, ce sont les mêmes connexions qui existent aujourd'hui encore pour piller les ressources humaines, halieutiques, énergétiques, pétrolières de l'Afrique au profit des "grands pays", ce qui continue à ruiner l'Afrique. Cela est aussi plus que vrai. Oui l'Afrique a une part de responsabilité dans l'esclavage qu'elle a subi, n'en déplaise à ceux qui pensent que les africains n'ont pas asservi d'autres africains ou n'avaient pas coopéré avec les négriers au moment de la traite atlantique.