Réponse à Cheikhna Mouhamed WAGUE
J'admire le caractère objectif de cet homme. Loin d'être dupe, loin de savoir que son discours sur l'esclavage peut-être récupéré par ceux qui tentent de minimiser le rôle de la traite atlantique dans le sous-développement de l'Afrique, comme il l'a dit lui-même, il montre audacieusement qu'il ne faut pas non plus oublier qu'il y avait eu dans l'histoire des traites et de l'esclavage internes à l'Afrique.
Je crois qu'un tel discours est non seulement courageux mais vital et source d'espoir pour l'Afrique. Au delà du bien et du mal, le phénomène de l'esclavage est quelque chose de récurant en Afrique et qui ne date apparemment pas d'hier.
Aussi je crois que l'Afrique ne se débarrasse pas de ce cancer car elle n'a pas fait sa psychanalyse. Je ne parle pas d'auto critique car je ne veux pas y mettre là de notion moralisatrice.
Je parle de cette psychanalyse qui permet à un être qui souffre de se défaire de sa douleur en la rangeant dans un tiroir à jamais, de façon à ce qu'elle n'intervienne plus dans le déroulement de sa vie en l'empêchant de s'épanouir. Il ne s'agit pas de l'oublier mais de la ranger. En aucun cas il ne saurait agir d'amnésie. D'ailleurs essayer d'oublier une souffrance est le meilleur moyen pour qu'elle vous pourrisse la vie. Ça n'est pas parce qu'elle est oubliée qu'elle n'est plus là ; au contraire, elle se loge sournoisement sur les organes vitaux et agit comme un cancer.
La mettre en évidence, c'est considérer qu'on l'a repérée et qu'on se donne les moyens d'avoir l'ascendant sur elle.
Pour mener à bien ce travail, il faut en passer par la parole, pas pour accuser quiconque où minimiser l'implication de je ne sais qui, mais juste pour tout vomir, afin de ne plus avoir cette nausée qui dure et se transmet de génération en génération.
Se mettre à table et déballer ce qui nous encombre permet toujours de s'alléger et de prendre un nouvel envol. Et je crois que tant que l'Afrique n'aura pas parlé à elle même (pas aux autres mais juste à elle même) de sa responsabilité historique dans un fonctionnement qui au fil des siècles est devenu un réflexe, alors elle restera figée dans une douleur qui l'étrangle jusqu'à la paralyser économiquement.
L'Afrique se laisse faire, se laisse envahir, se laisse voler ses richesse, se laisse mourir. Pourquoi ? Est on plus con là bas qu'ailleurs ? Evidemment que non. Par contre on souffre là bas d'une douleur qui dure depuis trop longtemps et empêche tout épanouissement. Il faut s'en affranchir. Aussi je pense que des gens comme Mr Ibrahima Thioub sont une chance inouïe pour ce continent. Le salut ne viendra pas de l'extérieur mais du courage de l'introspection.
J'aime l'Afrique comme vous n'en n'avez pas idée. Je ne sais pas si je l'aime bien où mal, je sais juste qu'elle me touche au plus profond et qu'elle à bouleversé mon existence. Je pense que quand on aime quelqu'un, (un frère, un ami) il faut savoir lui dire ces qualités et ces défauts. Il en est de même pour l'Afrique, elle est en droit d'entendre ce qu'ont à dire des gens comme Mr Ibrahima Thioub.
Je vous salue, sincèrement.