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  • Le Xaxoo ( Hivernage ) chez les Soninkés :5 à 6 mois de galère, d'anecdotes, de joie

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Discussion: Le Xaxoo ( Hivernage ) chez les Soninkés :5 à 6 mois de galère, d'anecdotes, de joie

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  1. 21/07/2011, 11h13 #1
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    Par défaut Le Xaxoo ( Hivernage ) chez les Soninkés :5 à 6 mois de galère, d'anecdotes, de joie

    Le Xaaxo (la saison de pluies) chez les Soninkés

    Le Xaaxo (ou la saison de pluies) est la période pendant laquelle hommes, bêtes et végétaux s'épanouissent et souffrent. Cette période se coincide le plus souvent avec la fermeture des classes. Les elèves la craignent mais rares sont ceux qui peuvent s’échapper pour des vacances. Elle débute selon les régions entre Juin - Juillet et peut durer entre 6 et 7 mois. C'est une periode redoutée par les jeunes gens mais aimée par les vieux.

    En effet, dès que les premiers vents appelés nduundo en soninké se profilent à l'horizon, hommes et femmes s'évertuent à trouver le bon emplacement pour l'aménager en champ de mil, maïs, arachide ou Gombo.
    A Bakel, les gens se ruent vers les champs suivants : Xolibinne, Busuruga, Folobula, Gasanmbilaxe...Les vieux, eu égard à l'importance qu'ils accordent à cette période tant redoutée par le jeunesse, cherchent le forgeron le plus réputé du village pour lui confier la confection de leurs outils de travail. Il s'agit de daba, houe, hache, rateau... Ces outils sont indispensables au travail de la terre.
    Le Golinde ( desherbage ) :
    Le Golinde est la première étape du Xaaxo. Les plus grands cultivateurs le font souvent à la fin de l'hivernage mais la majorité des villageois le font à la tombée des premières pluies. Cette période est pénible pour les jeunes, car c'est la période pendant laquelle la forêt se vide de ses fruits et légumes. Les aminaux commestibles deviennent rares. Le soleil brille et brûle. Ils abordent cette période avec la peur au ventre. Pendant cette période, on ne voit que des phacochères, serpents et autres animaux sauvages et dangereux. Le matin, les jeunes armés de houes, rateaux et allumettes envahissent les terres cultivables pour défricher et enlever les mauvaises herbes.
    Tandis que les plus grands enlèvent les racines de tiges de mil, les plus jeunes les ramassent, font des tas et les brûlent. Cette étape dure généralement deux à cinq jours selon la grandeur du champ à cultiver.
    Le Tifinde ( semailles ) :
    Les champs sont prêts. On attend les premières fortes pluies. Dès que ces dernières remplissent les marigots et humidifient les champs, jeunes et vieux prennent le chemin des champs. Ainsi, pendant que les hommes sèment le mil, sorgho, riz et maïs, les braves femmes s'affairent à mettre sous terre les graines d'arachides savamment choisies. Avec la modernisation, cette étape de semailles est précédée du labourage assuré par les charrues ou les tracteurs selon l'imensité des terres cultivables. La période de semailles est importante et délicate à la fois, parce qu'il faut être prompt à mettre le mil ou l'arachide sous la terre avant la perte de l'humidité.
    Dans certains villages, les jeunes passent la nuit dans des cages installés à coté des champs ou tentes de fortune pour assurer au maximun cette étape. Parfois, pour aller vite, les jeunes abusent en faisant volatiliser une bonne partie de la semence sous la terre ou dans les herbes. L'idée est de rentrer à la maison une fois qu'il y ait plus de semence. Toutefois, les vieux, témoins des temps anciens, prennent toujours leurs précautions, car ils ont toujours un sac de semences en reserve.
    Je me rappelle un jour à Bakel, un de mes camarades xaralenma a englouti trois pots de semence dans un grand trou parce que l'on voulait finir les semences afin de pourvoir aller regarder les matchs de foot des navétanes (Tournoi de Foot populaire). Malheureusement pour lui, un de nos surveillants a flairé le coup et a suivi la scène. Quelques minutes plus tard, le vieux briscard vient deterrer les graines de mil et identifie le responsable. Ce dernier n'a vu que du feu. Avec la complicité des plus grands xaralenma, on lui a attaché les mains et les pieds et on le bastonna longuement. Le pauvre, il a commis ce forfait pour nous tous mais il a pris seul les coups. La période de semailles est primordiale mais très difficile à réaliser.
    Le soxoye ( Le labourage ) :
    Dès l'apparition des premiers " Teebe" (Germes), les mauvaises herbes entrent dans la danse. Poussant plus vite que les germes de mil, il faut impérativement les enlever pour permettre aux germes de pousser normalement. Ainsi, commence l'étape du labourage. C'est une des périodes les plus redoutées par les cultivateurs. Elle dure deux à trois mois selon les zones. Elle se fait en trois étapes: Jonyu ( première labourage ), le Fileye ( deuxième étape) et le Sikeye ( trosième labourage ).
    Les jeunes, armés de dabas, s'adonnent avec energie contre pour les mauvaises herbes. Les dos restent courbés pendant des heures. Rares sont les jeunes qui peuvent rester des heures à labourer. On prend des pauses, on s'étire, on discute, on chante, on boude...On passe par tous les états. C'est la période la plus pénible. Certains jeunes passent des semaines sans repos. Seuls les Lundi et les Vendredi peuvent leur permettre de souffler. Des pluies abondantes imposent aussi un moment de repis parce que les routes et les champs deviennent impraticables. On peut rester des jours à la maison en attendant que le niveau des eaux descendent.
    Pendant ces quelques jours de repos, les jeunes profitent pour soigner les plaies et pour enlever quelques épines de leurs pieds. On souffre mais on ne peut point rester à la maison. Certains jeunes, pour échapper à cette étape, se créent des maladies imaginaires afin de pouvoir rester à la maison. On se tord de douleur , on se prive de petit dejeuner pour pouvoir être crédible. Qui ose dire qu'il ne l'a pas fait ? Personne... On connait tous cette mise en scène. Le labourage des champs est difficile. C'est un passage obligé. Tout jeune qui valide ces étapes devient fort et resistant. C'est la formation made in village.
    Au village, il n' y a pas de salle de musculation mais il y a la houe et c'est gratuit.
    Une fois que les trois étapes validées, on devient libre comme l'air. On peut maintenant aller jouer en attendant la période de l'épiaison du mil. Les oiseaux guettent aussi ces épis et c'est la course - poursuite qui s'en suit entre jeunes et oiseaux.
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  2. 21/07/2011, 11h16 #2
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    La Saison des pluies chez les Soninke : Le Tangaande (2ème partie).


    Les champs sont labourés. Les tiges de mil ont grandi et laissent entrevoir des épis. Hommes et femmes marquent une pause.
    On s'accorde un moment de répis. On oublie les champs. Les garçons commencent à rejouer au Foot. Les adultes envahissent les " Koras " du village. Ils discutent de tout et de rien. Dés fois, ils jouent aux cartes (Mariasse) ou au damier. Les femmes quant à elles s'adonnent aux travaux ménagers qu'elles n'ont pas eu le temps de faire pendant la période de labourage de leurs champs d'arachides.
    De temps en temps, les plus agés des jeunes vont contrôler les récoltes. Les plus jeunes, quant à eux, vont couper de l'herbe pour les animaux domestiques de la maison. Pendant ce moment de répis, le village est calme. Cette période d'accalmie dure quelques semaines voire 1 mois entier. Toutefois, certains cultivateurs ne s'accordent guère ce moment de répis. Pendant que tout le monde se repose au village, ils gardent toujours un oeil sur les champs. Ils s'affairent souvent à clôturer leurs champs avec des branches d'arbres épineux ou du barbelet pour barrer la route aux animaux. Généralement, tout ne se passe pas comme ils le souhaitent. Les bergers peuls, infatigables provocateurs viennent souvent jouer les troubles fêtes. Ils le font souvent par inattention ou par vengeance de coups de Dabas réçus lors de la dernière saison.
    Dés que la brousse se désemplit, ils prennent d'assaut les alentours des champs pour faire paître leurs animaux. Les cultivateurs, conscients de ce danger érigent alors des barrières. Ils avertissent les bergers dont les bêtes rodent autour de leurs récoltes. Il s'en suit très souvent des bagarres. Ces embrouilles peuvent atteindre des proportions étonnantes. Les cultivateurs saississent dés fois leur bétail et les bergers ripostent par des coups de hache ou de bâton ( Sawrou en peul ). Les histoires les plus tragiques finissent parfois au tribunal. Ce sont les rubriques « faits divers » de la saison des pluies aux villages.
    Au même moment, d'autres animaux nuisibles entrent dans la danse. Ils ont pour nom : oiseaux, phacochères, singes, criquets... Ils sont aussi dangereux que les troupeaux de vaches, chèvres et moutons. C'est la fin de l'accalmie villageoise. Les cultivateurs doivent trouver la solution à cette menace. C'est l'heure du Tangaande.
    Le Tangaande est la période pendant laquelle les jeunes passent la journée aux champs pour protéger les récoltes contre les oiseaux et autres animaux sauvages. Il dure 2 à 3 mois selon les régions. Cette tâche est confiée aux jeunes. On peut dire que c'est le moment le plus aimé par les jeunes.
    On se regroupe par affinité, par proximité de champs afin de former un même Daaxa. Le Daaxa est le lieu privilégié choisi à l'unanimité où l'on se regroupe pour manger, jouer et discuter. Généralement, les jeunes se cotisent entre eux pour faire les courses. On fixe un montant et tous les membres du groupe s’acquittent de cette somme afin de pouvoir transformer ces séjours champêtres en festins. Ils achètent du riz, de l’huile, du Jumbo et des pattes ( Macoroni )…
    Le respect durant le Tangaande se gagne par la qualité des ressources alimentaires de son Daaxa.
    Les plus grands se lèvent à l'aube et investissent la brousse pendant que les plus jeunes attendent la levée du soleil pour apporter le Bawouya et autres nourritures. Le premier jour du Tangaande est spécial. C'est une sorte de prise de contacts avec les lieux. Les plus grands découpent les differentes parties du champ cultivé par secteur. On forme alors des groupes de 2 ou 3 personnes pour gérer ces secteurs. Chaque secteur du champ est attribué à un groupe. Ce groupe doit veiller à la bonne tenue de ce secteur en le protégeant du matin au soir. Après l'attribution des secteurs, les plus grands dotent les membres de chaque groupe d'armes redoutables. On dénombre plusieurs armes efficaces contre les oiseaux ou autres animaux sauvages.
    Les armes les plus connues sont : le Dampulanie, le Kossolokossolo, Tassanxole...
    Le Dampulanie : C'est une corde longue de 5 à 7 mètres faite à base d'écorches d'hibuscus qui détonne quand on le frappe contre soi. Il emet un grand bruit qui fait courir n'importe quel oiseau. Il se manie avec intelligence et constitue une arme efficace pour les Taangandano.
    Le Kossolokossolo : C'est un long fil de fer d'une centaine mètres à laquelle on accroche des petits pots de lait. On le met aux alentours du champ. Il fait fuir les oiseaux, les singes, et surtout les phacochères.
    Le Tassanxole : Comme son nom l'indique, c'est un vieux bol sur lequel on tape avec un gros bâton afin de faire fuir les oiseaux.
    A coté de ces armes redoutables, il y a l'arme naturelle: le cri. Ces jeunes gens disposent aussi de leurs cris pour faire fuir leurs ennemis de la saison. Beaucoup de Tangaandano chantent aussi à longueur de journée afin de notifier leur présence aux oiseaux. L'une des chansons la plus connue est : A ya demba! A ya demba...
    Le Xataande (Tangaande) commence dés le matin de bonheur. Vers 10h, dés que les oiseaux migrent vers les marigots, on tape sur le grand bol du Daaxa pour convoquer tous les membres au Daaxa. C'est l'heure du Bawouya. On se regroupe pour manger le Deere ( Sauce de feuille d'haricots avec du couscouss ) ou le Bassi ( Sauce de graines d'haricots ). Généralement, certains amènent du Sombi ou du café mais les vieux privilégient le Bawouya. Selon eux, il remplit mieux le ventre que le Sombi. Dés que l'on finit de manger, le plus jeune du groupe fait du Warga ou Ataya ( Thé ).
    On a mangé, on a bu du thé... C'est l'heure d'aller chercher de la viande ou du poisson pour le repas du midi. Les plus grands, accompagnés de chiens vont à la chasse. Les amoureux de la pêche, munis de canes à pêche cherchent les bons coins du marigot pour pêcher. Les plus jeunes vont chercher de l'herbe qu'ils vont vendre au marché afin de faire quelques courses quotidiennes ( Thé, Pain, Jumbo...). Ainsi on se repartit les tâches durant le Tangaande.
    Les chasseurs amènent souvent des écureuils (Gouwane), du varan (Xaana), du phacochère ( Faari nguije ) ou du chacal ( Boyinajo )... Ils ne rentrent jamais bredouilles. Dés fois, ils s'en prennent au bétail dés berges pour assurer le repas du jour. Leur technique la plus répandue est de percer la langue de la bête par une épine.
    Combien de chèvres ou moutons ont perdu la vie à cause de cette redoutable technique ? C'est la réponse du cultivateur au berger... Oeil pour oeil ! Dent pour dent !
    Quant aux pêcheurs, ils apportent des silures ( Talaaxe ), des capitaines ( Furas ) et des Boonas. La cuisine se fait à tour de rôle. Généralement par respect, cette tâche est confiée aux plus jeunes. Les plats les plus cuisinés sont : Le Riz à la viande ( Maaro do thiye ), le Yassa , le Maafe ou les grillades. Vers 14h, on se réunit au Daaxa pour déguster les succulents plats concoctés du jour.
    Pendant le Tangaande, on me meurt pas de faim. Rares sont les Tangaandano qui mangent le soir à la maison. Dés que l'on finit de manger et de boire du thé, chacun fait un tour dans son secteur pour s'assurer que les oiseaux n'y font pas de festins. Les plus grands profitent de ces moments pour faire une sieste.
    Ventre plein ! Négro content... Une fois que l'on a réglé cette étape de la pyramide de Maslow, place maintenant au jeu. Pendant que certains jouent au damier, d'autres se préparent pour aller taper au ballon. Durant le Tangaande, on aménage toujours un coin des champs en terrain de foot. Le soir avant la dernière ronde des secteurs, on se reunit pour jouer au Foot. On organise même des fois des tournois de Foot. Durant mes années de Tangaande, j'ai vu des Pélé, Romario et des Mila de la brousse... De vrais stars du ballon rond mais sans crampons. Ce sont de moments de pur bonheur ces matchs de Foot.
    Mais il y a un risque énorme. Les vieux choisissent aussi ce créneau pour faire des visites inopinés aux jeunes Tangaandano. Gare aux jeunes gens qui ne seront pas aux postes. Ils seront punis dés leur retour à la maison. Généralement, durant ces matchs de Foot, les petits montent la garde dans les differents secteurs. C'est une ruse pour déjouer les vieux tours des parents pendant que l'on joue au Foot.
    Il arrive que les bergers, ennemis infatigables des cultivateurs, se mélangent aux Tangaandano pour jouer au Foot. On range alors les embrouilles dans les placards.

    On repète les mêmes actions quotidiennement pendant des semaines ou des mois. C'est le Taangaande dans Soninkara.
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  3. 21/07/2011, 11h17 #3
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    La Saison des pluies ( Xaxoo) chez les Soninkes (3ème partie ) : Fateeye ou Fatande ( La moisson )

    Dans les villages Soninkes, la saison des pluies est une succession d'étapes. Chaque étape a une importance capitale pour les cultivateurs. La bonne exécution de ces differentes étapes garantie une bonne récolte. Pendant le Tangande, les jeunes sont investis de la mission de protection des épis de mil. Ces épis de mil doivent rester intacts depuis leur éclosion jusqu'à leur maturité. Cette bataille entre jeunes et oiseaux ou autres animaux dure des semaines avec une ribambelle de faits divers. Une fois que les épis de mil arrivent à maturité, une autre étape décisive se profile à l'horizon. Il s'agit du Fateeye ou Fatande.
    Le Fateeye consiste à séparer l'épis de mil du tige.
    A Bakel, le Fateeye est toujours déclenché par les vieux. En général, il s'impose dés que les graines de mil commencent à tomber au moindre coup de vent. Les vieux choisissent alors une date et informe la famille. Tout le monde est concerné par cette opération . Chacun a un rôle capital à jouer durant cette période. Le Fateeye est toujours précédé du Danmpunde. Il consiste à faire tomber les tiges de mil et à constituer de petites rangées. Le Daampounde peut avoir lieu le jour précédent le Fateeye ou le jour J même. Tout dépend de l’organisation mise en place et de l’immensité du champ. Le Fatande (Fateeye ) peut durer 2 ou 3 jours voire plus. Généralement, il mobilise tout le quartier ou le village entier. Souvent, les parents des villages environnants viennent aussi donner un coup de main.
    Le matin, armés de couteaux, de cutters, de bassines, de bols et de sacs de riz vides, les villageois prennent d’assaut les champs. Dés leur arrivée, ils s’organisent en petits groupes. Chaque groupe est composé de coupeurs, de collecteurs et de ramasseurs.
    Les premiers coupent les épis de mil tandis que les seconds les recupèrent et les mettent dans des bols ou bassines portés par les ramasseurs. Ces derniers aménagent aussi des emplacements le long du champ où ils regrouperont les épis de mil. On chante, on danse et on s’encourage. On mange de la canne à sucre pour reprendre des forces. Les jeunes ont la corvée la plus difficile. Ils peuvent faire des centaines d’aller-retours entre les rangées et les emplacements aménagés pour les épis de mil. Pendant ces aller-retours, ils savourent aussi une canne à sucre volée ou offerte.
    Dans le groupe des coupeurs, l’ambiance règne très souvent. Les uns racontent leurs dernières conquêtes féminines tandis que d’autres draguent les jeunes filles du groupe. Ils discutent aussi de foot, de politique, de l’immigration... Ils essaient toujours de joindre l’utile à l’agréable. Vers 14 h, on marque une pause. Tout le monde se réunit au Daaxaa pour se reposer. On continue les discussions, les confidences et les anecdotes tout en jouant au damier, aux 3 pions et à d’autres jeux. Les vieux quant à eux allument leur <<Radio Kakan>> pour écouter les informations de la journée. Parfois, sans faire exprès, ils captent des chaînes musicales diffusant quelques tubes en vogue. Les jeunes gens esquissent dés fois quelques pas de danse pour égayer l’assistance. Durant la pause, la faim se fait sentir également. Certains plus gourmands que d’autres regardent entre les arbres et les hautes herbes pour apercevoir le groupe des femmes devant amener le Riz au poisson ou le Maafe. On se moque de leurs regards affamés. Les uns essaient de dormir pour oublier leur faim tandis que d’autres plus résistants prefèrent aller prendre un bain au marigot. Généralement, ils croisent sur le chemin les porteurs de bols de riz. C’est la joie. Les visages se rafermissent. Ils se rafraîchissent quelques minutes puis regagnent le Daaxa.
    Dés l’arrivée des femmes, les jeunes filles partagent le menu du jour entre les differents bols sous l’œil vigilant des dames. Les bols sont repartis par tranche d’âge. On se régale et on reprend des forces. Les plus jeunes font du thé juste après le repas. Chacun sirote ses trois normes de Ataaya (Thé) puis on ordonne à tout le monde d'aller faire ses quatres rakkas (Prière). La récréation est terminée. Quelques minutes plutard, le Faatande redevient la principale préoccupation. On repète les mêmes actions jusqu'au soir. A l'approche du coucher du soleil, tout le monde cesse le travail. C'est l'heure de rentrer à la maison. On range les couteaux, les bols , les bassines et les sacs de riz et chacun devient libre de ces mouvements.
    Les plus jeunes accompagnés de quelques grands frères investissent la forêt à la recherche de fruits sauvages. La période de Faatande coincide souvent avec la maturité des fruits sauvages. Ils prennent d’assaut les arbres fruitiers (Fa, Sexene, Kiide) et certains plantes aquatiques comestibles telles que les nénuphars… Chacun essaie de collecter le maximun de fruits sauvages pour sa mère, ses amis ou pour son petit business. Ces differentes opérations du premier jour se repètent pendant 1 ou 3 jours voir une semaine. Ainsi se passe le Fatande dans les villages Soninkés.
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  4. 21/07/2011, 11h26 #4
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    La saison ( Xaxoo ) chez les Soninkes ( fin ): Katunde et Woyinde
    |
    Dans le monde Soninke, la saison des pluies est comparable à un rituel. Pendant cette saison, des étapes se suivent mais ne se ressemblent point. Les épis de mil sont maintenant entreposés dans les differents emplacements lors de l'opération Fatande. Il est temps de les regrouper dans un seul lieu afin de bien assurer la surveillance. Le lendemain du Fateeye, les jeunes aménagent une très grande surface d'une centaine de m2. Ils coupent les petites herbes, les arbustes et les ratissent afin de rendre propre l'emplacement. Cette surface aménagée est appelee : Le Dugaane. Dès que le Dugaane est prêt, les jeunes collectent des épis de mil dispersés dans les differents endroits du champ et les entreposent. La durée de cette période dépend de la grandeur des terres cultivées. Géneralement, elle dure deux à trois jours. D'habitude, les cultivateurs mettent le turbo pour ramasser au plus vite leurs épis de mil pour qu'ils ne perdent pas leurs grains sur place. On mobilise toute la famille car chaque épi collecte en un temps record rentabilise les récoltes.

    Les femmes prennent des bassines ou de grands bols. Les hommes se munissent de sacs de riz vides. C'est la periode de Beeredje Bagaande. C’est la collecte de tous les épis de mil precédemment entreposés par tas dans les differents coins du champ. Des l'arrivée aux champs, on forme de petits groupes et chaque groupe s'occupe d'un secteur détermine. Ils peuvent faire des centaines d'aller-retours entre les emplacements et le Dugaane. Ils repètent les memes activités pendant deux a trois jours.

    Dés la fin de la collecte, on chosit trois ou quatre personnes parmi les jeunes pour veiller sur les épis de mil du Dugaane. Ils seront chargés de clôturer l'emplacement, de protéger le Dugaane contre des attaques extérieures ( Animaux, bergers mal intentionnes, pyromanes... ). Leur mission dure un à trois semaines sous reserve que les épis soient complètement secs. Généralement, les vieux passent souvent pour s'assurer que la surveillance s'effectue normalement. Ils profitent de ces passages pour faire des tests sur l'etat des epis. Des que les épis sont sécs, ils fixent une date pour passer a l'opération suivante qui n'est rien d'autre que le Katunde.

    Le Katunde consiste à séparer les grains de mil de l'épi. Generalement, le Katunde se passe en début d’apres-midi. Contrairement aux autres étapes du Xaaxo, le Katunde ne mobilise que les hommes. Aucune femme ne participe à cette opération. Elle sollicite les gros bras. Avant le jour du Katunde, les jeunes sont investis d'une autre mission particulière. Il s'agit de chercher des gros bâtons qui serviront au Katunde. Ces bâtons sont souvent long de 1,50 a 2 mètres et sont en forme d'un L majuscule ( L ). Les jeunes, armés de ces bâtons et de râteaux se rejoignent au Dugaane. Les plus grands repartissent les tâches. Au préalable, ils doivent couvrir tout leur corps. Ils couvrent leurs têtes et leurs cous par des foulards, leurs mains par des gants... Toute zone irritable ne doit être laissée en rade. Il s'agit de se protéger contre le Kiguisse. Le Kiguisse est le résidu des épis de mil. Il peut provoquer d’atroces démangeaisons qui incommodent bon nombre de Kaatundanos. Dès que leur protection est assurée, les jeunes armés de bâtons et de râteaux attaquent le Dugaane. Pendant que les uns tapent sur les épis de mil, les autres armés de râteaux séparent les résidus des épis des grains de mil. Ces coups de bâtons sont souvent accompagnés de chants Soninke et de quelques pas de Worosso. Le Katunde comme toutes les autres étapes dure quelques jours. Il dépend aussi de la quantité d'épis du Dugaane. Après le Katunde, le Dugaane devient un amas de grains de mil et de Kiguisse. On vient de finir une étape decisive de la saison des pluies. On ne voit plus d'épis de mil mais que des grains de mil et de résidus d'épis. La prochaine étape est sans doute : Le Woyinde. Cette opération consiste à séparer les résidus d'épis des graines.Contrairement au Katunde, le Woyinde fait appel aux femmes. Il s’agit du vannage.

    Cette opération consiste à vanner les residus d’épis des graines. Dès le matin, les femmes regroupent les calebasses de la maison et les grandes bassines et prennent le chemin des champs. Elles sont les actrices du vannage. Les hommes participent activement à cette période également. Ils doivent chercher des sacs neufs devant servir à recevoir les graines de mil qui seront vannées par les femmes et autres jeunes hommes adroits. La bonne éxécution de cette opération dépend en grande partie d’une clémence divine : le vent. Le Woyinde dépend exclusivement du vent. Un vent fort présage une rapidité d’éxécution du vannage tandis que qu’un vent faible induit des retards. La durée de cette période depend trop souvent des conditions météorlogiques. Durant cette étape, on s’organise par groupe de trois voire quatres personnes. Chaque équipe est composée d’une vanneuse, d’un préparateur de résidus à vanner et d’un collecteur de grains. Le rôle de ce dernier est de remplir les bassines de graines de mil recoltées par les vanneuses. Les hommes quant à eux remplissent les sacs vides de grains de mil. Généralement, on privilegie les sacs de Cent Kilogrammes pour faciliter le comptage après le Woyinde. Dès que l’on a fini de vanner tout le mil, les hommes bouclent les sacs de mil et les stockent dans un endroit bien discret. Cette récolte du jour peut passer des nuits durant toute la période de Woyinde sous la protection divine. Le cultivateur est un fervent musulman. Du début de la saison des pluies jusqu’à la fin, il place son espoir sur Allah. Semer et attendre la pluie qui est très aléatoire est un réel acte de piété. La phrase fêtiche du cultivateur est : « Allah Gando Xoumari » . Après avoir laissé les sacs de mil sous la surveillance divine pendant des nuits, les vieux activent la phase finale de la saison des pluies. On collecte alors ces fameux sacs à dos d’âne ou par des charrettes. Aujourd’hui avec la modernité, des camions se chargent de cette mission. Les hommes stockent les sacs de riz dans les greniers après comptage. Plus on a recolté de sacs de mil plus on fait grimper sa cote de popularité dans le village. Ainsi se passe l’hivernage dans mon pays Soninke du Gajaaga. La saison des pluies est terminée, on peut désormais s’adonner à la lutte traditionnelle et aux Dimmus ( Danses traditonnelles ).
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  6. 26/07/2011, 06h00 #6
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