Commémoration de l'esclavage

[Habibatou]

salut,

un peu plus de temps sur la chaine PUBLIC Sénat, il y avais évidemment pour cette commémoration: Chirac et Moussé Sarkozy, pas mal d 'invités célèbres ainsi que la comunauté Antillaises, dont Youssou N'dour qui nous interpreté Africa, j'en avais des frissons 8)

2 secondes au 20h pour parler surtout du fait que les deux présidents étaient réuni

[coum coum]

c etait interressant surtout quand youssou a chanté j en avait mal a la tete dessane trop emouvante la chanson

[Cheikhna Mouhamed WAGUE]

Bonjour!

Je n'avais pas vu ce sujet qui, selon la date indiquée, avait été posté à mon absence. Je suis très d'accord avec Fodyé, que cette commémoration n'est rien de moins qu'une vraie hypocrisie. Je peux y revenir..........................

[Fodyé Cissé]

Un an après, je ne change pas d'un iota ce que je disais sur l'hypocrisie de cette commémoration.

Cette année, la commémoration tombe à pic, car, elle coincide avec la disparition de Aimé Cesaire, et on verra les politiques en rajouter. Sarkozy, celui-là même qui disait à Bamako que "la France n'a pas besoin de l'Afrique" sera le roi qui ouvrira le bal.

Soit dit en passant, il aurait dû dire que "la France n'a plus besoin de l'Afrique", car, ça n'a pas le même sens. Sarkozy, lui, dont le père n'était pas encore français lorsque les ascendants de tous ces nègres dont la France n'a plus besoin aujourd'hui combattaient, sur le front, les nazis.

Ne vous y trompez pas, cette commémoration, elle est à l'image de la décision concernant la mise à niveau des pensions des anciens combattants tirailleurs sénégalais. Plus de 40 ans après la guerre, après qu'il ne reste presque plus d'anciens combattants en vie, la France, par la voix de Jacques Chirac veut nous faire croire qu'un film ("les indigènes") a fait le déclic pour mettre au même niveau les pensions des anciens combattants avec celles des français. Devions-nous applaudir, quand on sait que depuis des décennies, ces anciens combattants étaient humiliés, pour certains même, on leur refusait le visa pour venir se soigner en France, préférant les laisser mourrir prématurément, sachant qu'ils étaient peut-être en première ligne face aux Nazis. Je ne parle même pas de la commémoration de la fin de la guerre où tous les présidents du monde étaient conviés en France, sauf les africains!

Bref...

Voilà maintenant qu'on nous propose la commémoration de l'abolition de l'esclavage . Le thread de Fatoo_LaNoirte qui relate chronologiquement les faits historiques de l'esclavage, résume à lui seul, la grande hypocrisie. Depuis combien de siècles que l'on lutte pour obtenir, ne serait ce qu'un minimum de reconnaissance en ce qui concerne le rôle de la France dans l'esclavage?

Durant tout ce temps, les révisionistes avaient fait leur boulot en gommant les pages sombres de l'Histoire de France concernant l'esclavage , notamment ce fameux Code Noir, ou en l'embelissant. Les révisionnistes, soutenus par l'Etat vont même jusqu'à vanter les bienfaits de la colonisation en Afrique dans une loi que le parlement de la République vota. Lors de ma première année à la Fac du Havre, notre prof de maths, un maghrébin, me demanda d'où je venais. Je répondis : Sénégal. Il répondit avec un sourire : Ah Sénégal ... les tirailleurs sénégalais! Quelqu'un demanda dans la salle : c'est quoi un tirailleur sénégalais? Le prof, ébahi : Vous ne savez pas ce que c'est qu'un tirailleur sénégalais ? Les étudiants : Non! Je vis le prof déçu , même très déçu, qui répondit : Et pourtant, c'est votre histoire. C'est après que je compris en engageant une discussion avec un autre africain, un étudiant aîné.

Bref, pour résumer, je veux dire par là que toute la position de la France a toujours été, depuis des siècles, de vouloir éponger cette page sombre de son histoire et puis, elle finit quand même par accepter de reconnaître ce crime "odieux" du bout des lèvres, en faisant un petit geste pour satisfaire les nègres que nous sommes, mais, en nous mettant en garde par la voix de son nouveau président élu sur la base d'un programme calqué sur celui du F.N., qu'il n'y aura ni repentence, ni excuses de la part de la France et qui déclara à Bamako que "La France n'a pas besoin de l'Afrique". C'est là l'hypocrisie. Je préfère renoncer à cette commémoration qui n'est pour moi que de la mascarade.

Si ça ne tenait qu'au nouveau président élu, fils d'immigré hongrois dont le père émigra en France au moment même où beaucoup d'anciens combattants africains se battaient sur le front, cette commémoration n'aurait même pas eu lieu. Car, la France ne doit pas se repentir selon lui. Parallèlement, que font les villes françaises comme Bordeaux ou Nantes qui bénéficièrent de la manne financière que représentait l'esclavage à l'époque. Le monde entier sait que la richesse de ces ports provient exclusivement de l'esclavage, car, la majeur partie des négriers partaient de ces ports-là. Eh bin, on apprend aujourd'hui que quelques siècles plus tard, c'est-à-dire, après le vote de cette loi, la ville de Bordeaux a quand-même érigé une stelle de quelques centimètres carrés au niveau du port à la mémoire des nègres que les négriers bordelais allaient vendre pour s'enrichir ! Sic!

[Tandjigora]

Je pense aussi que la commération de l'esclavage a été adoptée très tard dans un pays négrier comme la France. La cause peut résider dans le fait que les européens refusent d'en assumer la totale responsabilté... Tantôt on parle de partage des responsabilités tantôt on se renvoie mutuellement ces mêmes responbilités. Et cette confusion, me semble-t-il, arrange beaucoup la France, qui compte des politiques et des intellectuels qui ne veulent pas entendre parler d'EXCUSES. S'excuser c'est reconnaître sa responsabilité, c'est aussi s'exposer à d'autres formes d'attaques (pourquoi pas sur le front de l'indemnisation, dans l'éventualité où les victimes seraient décidées à réclamer ce droit ?)
Il y a un gros travail de fond à réaliser de la part des Africains, justement, pour faire reconnaître aux Européens qu'ils sont les seuls responsables de la déportation et de la commercialisation des Noirs. Mais tant que les plus grands spécialistes de ces questions resteront des européens, évidemment l'histoire s'écrira toujours à notre dépens. Certes il y a des voies discordantes parmi les historiens européens sur ces questions (je me presse de le dire sinon la réplique ne se fera pas attendre), mais on est jamais mieux servi que par soi-même.
Cela dit, ne minimisons pas cette comménoration, tous ceux qui auront l'occasion d'y prendre part la prochaine fois qu'ils le fassent. Se rappeler son passé, les événements marquants de son histoire est un droit pour tous les peuples. Cependant quand son passé est marqué par des souvenirs aussi douloureux et dramatiques que la traite négrière, la colonisation, ce droit se transforme automatiquement en DEVOIR. La commémoration de la shoa ne fait pas depuis la nuit des temps, les juifs ont lutté pour obtenir une reconnaissance équivanlente au poids de leur souffrance. Il faut lutter, nous africains, par la parole, par l'écrit et par nos actes, pour se hisser à l'endroit où nous voulons.
Pour finir, je dirais que l'éducation est le seul moyen pour nous sortir de la marginalisation insolente que nous vivons. Ceux qui vont à l'école qu'ils poussent leur études plus loin possible, ceux qui en sont parti qu'ils aident leurs enfants à suivre des études poussées. Le BTS c'est bien, mais mais il ne changera la conditions notre condition (moi je n'ai même pas ce BTS, mais j'ai conscience que la connaissance est la meilleure arme). Restez africains mais fleurissez là où vous êtes. La France c'est aussi pour vous, n'y renoncez pas. La reconnaissance de votre histoire singulière dans celle de la majorité, ce n'est pas que l'oeuvre des historiens mais aussi la votre. Enrancinez-vous et faites vos fleures et vos fruits là où vous êtes !
Enfin (cette fois c'est la bonne) prenons le lambeau de satisfaction que nous avons aujourd'hui à propos de cette commémoration et réclamons tous les ans davantage. Mais si nous commencons par rejeter, les acquis, si petits soient-ils, en rêvant à de plus grands, nous y arriverons jamais... mais vraiment jamais !

[Cheikhna Mouhamed WAGUE]

Je pense aussi que la commémoration de l'esclavage a été adoptée très tard dans un pays négrier comme la France. La cause peut résider dans le fait que les européens refusent d'en assumer la totale responsabilité... Tantôt on parle de partage des responsabilités tantôt on se renvoie mutuellement ces mêmes responsabilités. Et cette confusion, me semble-t-il, arrange beaucoup la France, qui compte des politiques et des intellectuels qui ne veulent pas entendre parler d'EXCUSES. S'excuser c'est reconnaître sa responsabilité, c'est aussi s'exposer à d'autres formes d'attaques (pourquoi pas sur le front de l'indemnisation, dans l'éventualité où les victimes seraient décidées à réclamer ce droit ?)
Il y a un gros travail de fond à réaliser de la part des Africains, justement, pour faire reconnaître aux Européens qu'ils sont les seuls responsables de la déportation et de la commercialisation des Noirs. Mais tant que les plus grands spécialistes de ces questions resteront des européens, évidemment l'histoire s'écrira toujours à notre dépens. Certes il y a des voies discordantes parmi les historiens européens sur ces questions (je me presse de le dire sinon la réplique ne se fera pas attendre), mais on est jamais mieux servi que par soi-même.
Cela dit, ne minimisons pas cette commémoration, tous ceux qui auront l'occasion d'y prendre part la prochaine fois qu'ils le fassent. Se rappeler son passé, les événements marquants de son histoire est un droit pour tous les peuples. Cependant quand son passé est marqué par des souvenirs aussi douloureux et dramatiques que la traite négriere, la colonisation, ce droit se transforme automatiquement en DEVOIR. La commémoration de la shoa ne fait pas depuis la nuit des temps, les juifs ont lutté pour obtenir une reconnaissance équivalente au poids de leur souffrance. Il faut lutter, nous africains, par la parole, par l'écrit et par nos actes, pour se hisser à l'endroit où nous voulons.
Pour finir, je dirais que l'éducation est le seul moyen pour nous sortir de la marginalisation insolente que nous vivons. Ceux qui vont à l'école qu'ils poussent leur études plus loin possible, ceux qui en sont parti qu'ils aident leurs enfants à suivre des études poussées. Le BTS c'est bien, mais mais il ne changera la conditions notre condition (moi je n'ai même pas ce BTS, mais j'ai conscience que la connaissance est la meilleure arme). Restez africains mais fleurissez là où vous êtes. La France c'est aussi pour vous, n'y renoncez pas. La reconnaissance de votre histoire singulière dans celle de la majorité, ce n'est pas que l'œuvre des historiens mais aussi la votre. Enracinez-vous et faites vos fleures et vos fruits là où vous êtes !
Enfin (cette fois c'est la bonne) prenons le lambeau de satisfaction que nous avons aujourd'hui à propos de cette commémoration et réclamons tous les ans davantage. Mais si nous commençons par rejeter, les acquis, si petits soient-ils, en rêvant à de plus grands, nous y arriverons jamais... mais vraiment jamais !

Que dire, sinon que ton raisonnement est d'une pertinence sans faille. C'est à nous-mêmes, par le biais de la science, de la conviction et de l'engagement, de changer les choses, sans insulter, et ce, sans être racistes, sans nourrir aucune haine à l'endroit de ceux qui nous faisaient du tort.

[khalid]

..., ne minimisons pas cette comménoration, ... Se rappeler son passé, les événements marquants de son histoire est un droit pour tous les peuples.
...

Entièrement d'accord avec ça.