LONDRES (AFP) - Au moins un milliard de personnes vont migrer d'ici à 2050, en conséquence du réchauffement climatique qui va exacerber les conflits et les catastrophes naturelles actuels, et en créer de nouveaux, prévient lundi dans un rapport une organisation humanitaire britannique.
Dans ce rapport intitulé "Marée humaine: la véritable crise migratoire", Christian Aid émet un "avertissement sans ambages sur le rythme d'accélération des déplacements de population au 21e siècle".
"Le nombre de personnes qui ont quitté leurs foyers à cause des conflits, des catastrophes naturelles et des grands projets de développement (mines, barrages, ndlr) est déjà étonnamment élevé (163 millions selon les estimations de l'ONG)", selon l'organisation.
"A l'avenir, les changements climatiques vont le faire grimper encore plus", écrit l'ONG, qui demande une "action urgente" de la communauté internationale afin de prendre de "fortes mesures de prévention".
Elle estime qu'"au rythme actuel, un milliard de personnes supplémentaires seront forcées de quitter leurs foyers entre maintenant et 2050", précisant que le réchauffement climatique va exacerber les facteurs actuels de migration forcée et accélérer la "crise migratoire émergente".
Selon Christian Aid, 645 millions de personnes vont migrer à cause de grands projets (15 millions par an actuellement), 250 millions à cause de phénomènes liés aux changements climatiques (inondations, sécheresses, famines) et 50 millions à cause de conflits et atteintes aux droits de l'Homme.
Citant des données non encore publiées du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le rapport souligne que d'ici 2080, entre 1,1 et 3,2 milliards de personnes manqueront d'eau et entre 200 et 600 millions souffriront de la faim. Chaque année, entre 2 et 7 millions de personnes seront affectées par la hausse du niveau des océans.
"Nous pensons que la migration forcée est désormais la menace la plus pressante contre les populations pauvres dans les pays en voie de développement", selon John Davison, un des auteurs du rapport.
"L'impact du changement climatique est la grande, l'effrayante inconnue de cette équation", s'inquiète l'ONG car de l'envergure de ce changement découleront des catastrophes d'ampleurs différentes.
Les vastes déplacements de population "vont alimenter les conflits existants et en générer de nouveaux dans des régions du monde --les plus pauvres-- où les ressources sont les plus rares".
"Un monde avec beaucoup d'autres Darfour est le scénario cauchemar de plus en plus probable", ajoute l'ONG, insistant sur les déplacements à l'intérieur d'un pays qui ne sont pas considérés comme des migrations par le droit international.
Le rapport met en exergue trois pays qui seront particulièrement concernés par ces déplacements internes: la Colombie, le Mali et la Birmanie.
Par ailleurs, l'ONG entend "beaucoup parler des personnes qui essaient de venir en Europe et dans d'autres pays riches. La crise réelle est en train de se préparer sur le long terme mais elle reste largement ignorée", a souligné M. Davison.
L'ONG, créée pour aider les réfugiés de la Seconde guerre mondiale, publie ce rapport à l'occasion de sa cinquantième collecte annuelle de fonds à domicile au Royaume-Uni. Elle espère à cette occasion récolter 15,5 millions de livres (22,72 millions d'euros).
Source : Yahoo!