Doit-on offrir le gîte à nos parents ( frères, cousins, neveux…) et amis quand on a des filles mineures à la maison ? Quelle que soit la formule à savoir le temps d’un weekend, d’une semaine, d’un mois, la question vaut son pesant d’or. Doit-on continuer à perpétuer ce pan de l’hospitalité Soninke? Ces questionnements ont fait l’objet d’une émission radio dans « Leminaxu Bera », l’arbre à palabres des jeunes Soninke ». Une émission à thèmes qui passe tous les Dimanche sur la Web Radio Soninkara.com ( 21 Heure/France ).
De tout temps, refuser le gîte à son proche parent est une chose détestable en milieu Soninke. Frère, cousin, neveu… un parent est toujours le bienvenu ! Dans certaines familles, nul besoin de prévenir même. C’est une évidence de venir et de passer la nuit si l’envie nous prend. Dans nos villages, avant que les valeurs morales « à la Soninke » ne foutent le camp, les portes des maisons étaient grandement ouvertes à toute heure. Nuit comme jour ! Ces comportements n’ont pas varié en terre d’immigration. Malgré les difficiles conditions d’habitation, un proche parent est toujours accueilli à bras ouvert. On fait fi de tout. Qu’il y ait des jeunes filles mineures ou pas, peu importe. Nulle arrière-pensée ne doit subsister. Son parent est à son image. Il ne peut nous nuire car les valeurs que l’on partage abhorrent certains comportements. Mieux vaut mourir que de se laisser aller à certains libertinages. Et puis, sommes-nous pas Soninke ? Notre éducation n’est-elle pas parfaite ? Qui peut se permettre d’avoir des vues sur les rondeurs et autres atouts physiques de sa nièce ou la fille de son ami ? Sacrilège ! Dormons sur nos lauriers, n’est-ce pas ? Le diable n’est pas Soninke. Ces agissements sont l’apanage des non circoncis pour ne pas dire des « toubabs » et autres peuples, s’efforcera –t-on de penser ? La bien-pensance Soninke ne peut même pas nous permettre d’évoquer un tel scenario. C’est déplacé. C’est vrai que nous sommes des surhommes. Hein ? Chiche ! Donc, évoquer un tel sujet peut paraître absurde pour les uns et malsain pour les autres. Pourtant, c’est une erreur monumentale de penser que cela n’arrive qu’aux autres. Une bêtise de croire que le Soninke est toujours habité par les mêmes valeurs séculaires.
Les esprits avertis comprendront automatiquement la portée de notre réflexion. Doit-on toujours offrir l’hospitalité aux proches parents quand nous élevons de jeunes âmes féminines dans son « chez soi » ? Viols et attouchements sexuels ne se conjuguent-ils pas aussi avec l'homme « Soninke » ? Bien sûr que oui ! C’est une triste réalité. Les jeunes victimes d’attouchements sexuels et de viol foisonnent également en milieu Soninke. Et, malheureusement les coupables sont proches parents, amis et autres proches voisins. Les histoires de viols et d’attouchements sexuels sont toujours tus au nom de la discrétion légendaire à la Soninke. Mais, ils existent bien mille et un cas. Mais, on ne balance pas son parent. On doit cacher ses bêtises. Cela s’appelle le « Sutura »… Donc, il faut être fataliste dans le déshonneur. Le linge sale se lave en famille. Même s’il est trop sale, nul besoin de faire appel à la police pour élucider l’affaire. Oui, c’est comme ça. Nous, Soninke, avons horreur de régler nos différents hors de nos cercles familiaux.
Fort de ce constat, ne doit-on pas s’appliquer le fameux proverbe Soninke. « Mieux vaut prévenir que guérir ». Comme disent les Soninke « Il mord. Il ne mord pas. Que cela soit pas dans mon pantalon ». Donc, pour protéger nos fillettes et filles, ne doit-on pas simplement éloigner le danger en foulant aux pieds la valeur « Hospitalité ».
Pour nos auditeurs, se poser une telle question est très normale de nos jours. Le monde a évolué. La nature humaine a considérablement changé. Les gens n’ont plus de scrupule. Combien d’hommes Soninke se permettent quelques voyeurismes de nos jours ? Combien ont déjà dragué les jeunes filles qui ont l’âge de leurs propres enfants ? De plus, dans nos cultures, il est permis de se marier avec sa cousine, sa nièce ( hormis celle dont le père ou la mère partage le même père ou la même mère que l’intéressé)…
Il faut arrêter de croire que nous sommes des surhommes. Donc, tout père de famille doit mesurer la portée de toute offre d’hospitalité s’il a des filles surtout mineures. Si pour les uns, nous devons se faire confiance mutuellement. Pour d’autres, il ne faut pas verser dans la naïveté.
Le Soninke est un homme comme tous les autres hommes. Arrêtons d’évoquer les valeurs qui ne sont respectées que par intérêt ou par hypocrisie. Oui, notre société impose l’aide à sa parenté quel que soit le prix. Seulement, dans l’immigration, nos modes de vie changent. Ils deviennent incompatibles avec certaines valeurs comme l’hospitalité. La valeur du partage du « chez soi » est difficilement applicable. Déjà, nous devons souligner que plusieurs familles sont confrontées à un problème de pièces en occident. Faute de pièces disponibles, fillettes et garçons partagent souvent une même pièce. C’est fort déconseillé par nos mœurs et surtout par la religion. C’est d’ailleurs la raison qui justifiait le placement des jeunes adolescents dans les chambres de jeunes dans nos villages. En effet, dans nos contrées d’origine, les jeunes garçons aménagent une chambre dans une maison voisine dépeuplée à défaut d’en construire pour y faire leurs humanités. Il est rare de voir un jeune garçon continuer à dormir dans l’appartement de sa mère à un certain âge. C’est une question de pudeur. Quand les jeunes filles entament leur phase pubère, elles ne dorment plus dans l’appartement de leur mère. Elles partagent le plus souvent la chambre avec leurs mamies, veuves en général, ou avec les jeunes femmes d’émigrés. Dans certaines maisons, on leur octroie une chambre qu’elles se partagent. Ainsi, on évite les situations de mixité. Chacun son intimité. Les jeunes garçons dorment dans leur chambre de jeunes, les filles avec les mamies et autres jeunes femmes mariées . Ainsi père et mère gardent toute leur intimité. Seuls les bébés et autres âmes innocentes peuvent troubler leur quiétude. Malheureusement, le mode de logement à l’occidentale ne laisse aucune place à ses subtilités. Les familles manquent de place. Les choses sont plus compliquées dans les familles nombreuses. A défaut d’une quatre pièces, les situations de mixité deviennent inévitables. Souvent, l’irréparable peut se produire. Qui n’a pas entendu de sordides histoires d’attouchements entre frères et sœurs ? Qui n’a pas eu vent de viols de filles par des cousins et autres proches parents ? Cela existe bel et bien dans notre société. Donc, arrêtons de fermer les yeux sur ce tabou.
Ainsi, lors de l’émission dominicale Leminaxu Bera, nos auditeurs ont fortement déconseillé aux parents d’offrir le gîte à tout proche masculin en présence de filles mineures. S’ils le peuvent, ils doivent également séparer les enfants à partir d’un certain âge. C’est plus responsable. Ainsi, on évite tout problème. Dans l’obscurité de la nuit, tout peut se passer. Et puis comme disait une vieille mère : « Quand la raison s’évade, la quéquette ne différencie ni sœur, ni cousine, ni nièce... ». C’est glaçant mais l’homme reste un animal. Donc, mieux vaut éviter des situations qui laissent les corps humains se muter en corps bestiaux.
« La souris s’attaque d’abord à celui qui lui a aidé à guérir ses dents » dit-on. Donc, à vouloir trop se couvrir du manteau de la gentillesse, on risque de l’apprendre à ses dépens. Les mauvaises expériences des uns doivent servir d’exemple. Un gentil vieux a une fois proposé son salon à des proches dans la précarité. Ils venaient dormir tous les soirs chez lui. Finalement, un bon jour, il mit fin à cet élan de solidarité sans aucune explication. Il s’est simplement passé des choses que la morale interdit de raconter. Quand on a des jeunes filles chez soi, on évite d’héberger qui que ce soit. Pour certains de nos auditeurs, la question ne devrait même pas se poser. C’est aux visiteurs d’être intelligents pour éviter à leurs hôtes ces situations dérangeantes. Il faut ainsi s’appliquer une certaine conduite. Les visites nocturnes sont à éviter par exemple. Il en est de même pour les visites à l’improviste surtout en l’absence des parents.
Pour le père de famille qui accueille, plusieurs subtilités existent en cas de visite amicale ou fraternelle. A défaut d’une chambre d’amis, l’hôte doit anticiper les choses. S’il accueille un frère ou un ami le temps d’un week-end ou d’une semaine, il doit chercher des solutions d’hébergement dans son entourage. Il peut s’agir d’un hébergement chez des jeunes connaissances qui vivent seuls ou d’un voisin qui habite seul. Cela, même s’il faut proposer une modique somme pour le partage des frais ( eau, électricité…) .C’est plus sain. S’il s’agit d’une visite amicale, l’hôte peut dormir avec son invité au salon ou organiser une veillée nocturne. S’il n’est pas « Hayranké » ou « Guidimakhanke », il peut bel et bien abandonner sa femme le temps d’une nuit et partager le salon avec son invité. D’autre part, nos auditeurs demandent aux hôtes d’être fermes avec les parents qui viennent pour des visites ou autres motifs. Ils doivent les inviter subtilement à rentrer chez eux avant l’arrêt des moyens de transport pour le cas de Paris. S’ils sont véhiculés, ils peuvent partir à l’heure où les yeux des hôtes « commencent à biper » pour ne pas dire somnoler.
Pour ceux qui accueillent frères, cousins, et neveux qui viennent du pays, le foyer sied parfaitement. Même en l’absence de jeunes âmes féminines, il faut prôner l’inimité de son couple. Les femmes ont besoin de leur intimité. Elles ne doivent pas se sentir prisonnières chez elles. Une femme seule ne doit pas rester avec un autre homme dans une maison, fut-il son beau-frère. C’est déconseillé car comme le dit l’adage : « Là où l’homme et la femme se retrouvent seuls, Satan est la troisième personne ». Protéger nos filles et nos femmes passe doit primer sur la bien-pensance Soninke.
Samba Fodé KOITA dit Makalou/EYO, Soninkara.com