Salam
Asahanté ! Ko gonga ! Deug leu ! Vérité ! True ! verdad ! Malgré que tu sois du desert, y en a dans ta tête.
Printable View
Bonjour,
Ganda disait avec raison que : « Haqilen bucinne ña na haten di, xa a ga na bono noxu sun ta toxo haten ηa a gan ta bonno», c’est-à-dire : « Certes la raison occupe une infime place dans le corps humain, mais quand elle se gâte, rien ne restera du corps qui ne sera pas également gâté ».
Effectivement, il est difficile de dire que la raison humaine occupe telle ou telle place dans le corps, tant elle y est invisible, voire infime. Mais on est certain, comme le dit Ganda, que quand la raison est altérée, l’être humain devient inapte à tout point de vue. Il n’est plus responsable de ses actes et devient ce que j’appelle un « un néant social et religieux ». Ni la loi, ni la religion, ni la société ne peut lui imputer la responsabilité de ses excentricités, de ses truculences, de ses crimes, etc. En conclusion, la raison humaine est un élément majeur qui différencie l’Homme de l’animal. En ce sens, on ne peut être que d’accord avec Ganda Fadiga, paix à son âme.
Feu Ganda Fadiga, rahimahu lâh, disait également avec raison : « Maxansefende saharen ta hoore maxa », ce qui peut être rendu comme suit : « Un individu, quelle que soit la noblesse de son comportement, n’a pas d’antidote contre la calomnie ».
On remarquera que je n’ai pas voulu traduire ici le mot hoore par le fait d’être d’un statut libre ou par ce que la littérature coloniale a appelé noble. Le mot hoore, dans cette phrase, signifie la noblesse dans le comportement, dans l’attitude, dans le respect par rapport à l’autre, la franchise dans la parole, et j’en passe. La phrase de Ganda signifie alors qu’aussi correct, rusé, honnête et posé que l’on soit, on ne peut pas empêcher les mauvaises gens de jaser calomnieusement sur vous. Seule la présence de l’homme le met momentanément à l’abri des critiques et des calomnies. Il voulait dire que les honnêtes gens n’ont pas à perdre leur temps à épier les comportements et les agissements des calomniateurs, car la calomnie est aussi ancienne que l’humanité et le monde. Au total, depuis que l’homme existe la calomnie existe. D’où la phrase de Ganda qui nous appelle à la raison, à la tranquillité face aux gens qui ont fait de la calomnie leur occupation favorite.
GANDA ti: << Duna likki xote na hooro sirun ña kanma >>
GANDA ti: << I ga da yugo katu kuyen di; an da ko maxansefende ña yi >>
GANDA ti: << Legaana nga d'i ta filla dinmu noxon di ta fana yan liŋo >>
GANDA ti : << An ga naa ti duna liŋe feti; an na fon kaaran ña yi !>>
GANDA ti : << Fayaana n kiile nga gangundi xannen di; i ga t'an da heyi, an ga ran t'i toqo wuruyen di; a saxundi an nan maxa du yagundi !>>
GANDA ti: Yugun ŋa paari !
GANDA ti: << Yugu xooren su jeye ya ni! >>
GANDA ti << Laqun ña baranton ni, ken ga fe sondonmu dunŋanto ni >>
Ganda ti << Silaame do kaafiri su wa tu nan ti maxansefende kabante ya ni; nxa digaamu nsu ga naa koni me jon ŋa doroki xan lagayu gabono ya!>>
Ganda ti : Sere ga naa bire an wa kalla de!
Ganda ti << Hoore nga nta yaagunu ho wo ho ga naa liŋi a da a wa ken dabarini! >>
GANDA ti << Mukke nan li debe noxon di, an na debigumu lenme yaxi; ken feti mukku duuro!>>
Ganda ti : lenki ni tenenwuro , o nan duwa i do misilime furen su da!
GANDA ti: An ga ra nta yugo be firini wuruyen ŋa, saado wuron bicca ro xa di me xaranŋundi!
Ganda ti: Doti doti ken lawa yi xorene nxa burtutu ken laten xoreneeeeeeeeeeeeeeee?
GANDA ti: << An ga naa nexu ñanton ŋa t'an ŋa ñaana an paaba sadaxan bakken ŋa; I wa tini Alfaatiha ña; fo wo fo kitten ga beeri a yi Alfaatiha ñemene an falle ya, bawo an ga naa t'an ŋa palli an ŋa tini ñanton d'in bunu; samaqe ñan xiñindini! >>
GANDA ti: << Sunpu ndo xatin ga da na be kari ama jiibe.
GANDA ti: << Sugun leme giri saheliya jaxa leme giri saheliya xa beesu sikki an faaba ya >>
Ganda Fadiga, paix à son âme, aimait à dire cette boutade très répandue à travers les quatre points cardinaux du pays soninké : « I ga na ti kaati ni suxuña ña, a ga ma a lenmen ñiga, an ken ma xawa na fo konno a da », c'est-à-dire : « Même si on traite une personne d’ogresse, tant qu’elle ne s’est pas nourrie de ton enfant, tu n’as pas le droit de la médire ».
La morale : On ne doit pas s’associer à des gens pour médire, critiquer ou calomnier d’autres personnes qui ne vous ont jamais fait du mal ou qui ne vous connaissent même pas. Cette phrase signifie qu’aussi longtemps que le bruit circule au sujet de la méchanceté d’une personne, on n’a pas le droit d’en tenir compte tant que cela ne nous touche pas directement. À ce titre, il serait injuste, quand on accorde foi à l’esprit et à la lettre de cette phrase, d’associer sa voix à celle de ceux ou de celles qui passent le plus clair de leur temps à critiquer gratuitement les gens. Cette morale rejoint celle de l’Islam. D’ailleurs Allah nous met garde par ce qui suit:
« Ô vous les croyants ! Évitez de conjecturer sur autrui : certaines des conjectures sont des péchés. N'espionnez pas ! Ne dites pas de mal les uns des autres. L'un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? Non, vous en auriez horreur ». Et Allah d'ajouter : « N'accuse pas sans connaissance de cause. Certes, de l'ouïe, de la vue et du cœur, de tout cela, il vous faudra rendre compte »
Bonsoir,
Le philosophe et l'homme dont les cordes sonores m'avaient beaucoup accompagné durant ma vie estudiantine, à savoir El hadji Ganda Fadiga, rahimahu lâh, avait dit une phrase on ne peut plus vraie : « Danbe ke ni naafila ña », c’est-à-dire : « La généalogie est surérogatoire [ou superfétatoire]».
La profondeur morale de cette belle phrase métaphorique est irréfutable. Elle veut dire que le fait d'être simplement issu d’une bonne famille, d’une grande lignée ou d'avoir des parents respectables et respectés ne sont pas toujours des garanties suffisantes, si on ne prend pas bien garde de soigner soi-même sa propre image, de respecter les gens et de se faire respecter. Cette phrase signifie donc qu’il revient à l’individu de consolider ses acquis. La phrase déconseille en filigrane à tout le monde de s’endormir sur ses lauriers, en pensant que son extraction sociale, généalogique, familiale ou statutaire volerait à son secours dans toutes les situations. En un mot, le simple fait d’être issu d’une bonne famille ne suffit pas, si on ne travaille pas à garder intacte la réputation de celle-ci. A titre d’exemple, ce n’est pas parce qu’on est issu d’une famille maraboutique que l’on devient de facto un marabout, même quand on ne sait pas psalmodier correctement la Fatiha. Ce n’est pas non plus parce qu’on est le fils du chef de village que les gens vous doivent aveuglement obéissance. C'est peu de dire que la phrase de Ganda va aux antipodes de toutes ces constructions sociales et dynasties sans fondement qui ont droit de cité dans nos milieux. Au total, sa phrase veut dire qu’il revient à chacun de nous de forger sa propre place dans la société et non pas à nos extractions sociales, familiales, statutaires ou généalogiques de plaider en notre faveur.