Représentativité des femmes : Un Gouvernement monocolore en son genre

La nouvelle équipe de Yahya Ould Ahmed Waghf n’est pas seulement "insuffisante" du point de vue de la représentativité ethnico-tribale, voire régionale, pensent certains, mais aussi et surtout au niveau de l’équilibre du genre. Dans le nouveau dispositif, on n’enregistre aucune entrée de femmes négro-mauiritaniennes ou de harratines.

Les quelques portefeuilles attribués au genre ont bénéficié exclusivement à leurs concitoyennes arabes. A quoi tient cette logique se demandent quelques observateurs de la scène politique nationale ?

Les négro-mauritaniennes et les harratines ne manquent pas de compétences, ni d’ambitions pour assumer de hauts postes de responsabilité. Mais, elles ont toujours été tenues à l’écart dans les nominations gouvernementales. Les quelques rares qui exercent dans l’administration se contentent de jouer les seconds rôles remarquent d’autres.

Depuis les premières années des indépendances à nos jours on ne compte pas plus de3 fois la présence de femmes négro-mauritaniennes au sein d’un gouvernement. Les exemples sont tellement rares qu’il est aisé de compter des doigts d’une main le nombre d’occurrences.

La première fois remonte aux années 70 où Mme Aissata Kane a occupé le poste de Ministre chargée de la Femme. Son passage a inauguré la voie à l’émancipation du genre en Mauritanie. Aissata Kane demeure malgré l’âge, l’une des personnalités féminines les plus dynamiques au plan national et international. Comme elle, il n’en manque pas en Mauritanie.

Après elle, ce fut le tour de Tokossel Sy, vers les années 80, puis la Dame de Wali Diantang Diyé Bâ. Depuis, les négro-mauritaniennes ne sont plus accueillies au sein de l’Exécutif. Cela est aussi valable pour les femmes harratines qui doivent se contenter encore du menu fretin en attendant leur "lettre d’acceptation".

La seule figure harratine nommée ministre était Salka Mint Yammar Ould Bilal qui a fortement soutenu Sidioca dans toute sa campagne présidentielle, au même titre que Ematt Mint Ewnen, consacrée Ambassadrice de son pays à Paris au lendemain de l’investiture du Président de la République.

Rien ne doit justifier une telle exclusion. Autant, il y a inégalité trop flagrante des équilibres ethnico-regionalistes au sein des différents gouvernements, autant on constate une marginalisation notoire de négro-mauritaniennes et de harratines. Les quatre portefeuilles sont revenus exclusivement aux femmes mauritaniennes arabes.

Cette institutionnalisation des portefeuilles ne fera malheureusement qu’accentuer les disparités entre les différentes composantes du pays. Dire qu’aux Etats-Unis, une noire (Condoleezza Rice) est sous-secrétaire d’Etat et qu’en France, une franco-sénégalaise (Rama Yade) est secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme, auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes, en Mauritanie sur quelle terre nous sommes ?

Cheikh Tidiane Dia


Info source :
Le Rénovateur