Mon cher Makalou,
Je vais répondre dans les détails à tes divers questions dans la soirée pour explique le modeste travail de notre association.
Bonsoir Makalou,
je suis d'accord avec toi sur plusieurs points aussi bien dans la manière de soulever les problèmes économiques de nos villes et villages que dans la façon de proposer des solutions. Seulement là ou je ne partage pas du tout ton point de vue, c'est la responsabilité que tu imputes aux étrangers. Je me suis finalement dit que tout le monde porte en soi ce petit côté hostile à l'étranger. Je ne dirai pas ce petit côté xénophobe car le mot est très chargé et ça ne me semble pas le cas ici. Mais quant tu dis :
- des familles ont vu leur cheptel s'amoindrir considérablement à cause de certains Peuls véreux, qui utilisent le subterfuge "nagge nge maayi" ;(et pourtant on continue à leur faire confiance)
- "(...) pire on donne l'argent gagné par des journées d'exploitation de l'homme par l'homme aux étrangers" ;
- On a légué la voie de notre réussite aux étrangers ;
j'ai l'impression d'être devant devant P. De Villiers. C'est pour cette raison que je t'ai posé la question suivante: que penses-tu de la conception d'une certaine France vis à vis des étrangers. Je reformule: que penses-tu de l'hostilité de certains français vis à vis de la présence des étrangers ?
Je suis d'accord avec toi sur tout le reste. Mais le facteur "étranger", à mon sens diminue le charme de ton argumentaire. En invitant la France dans ce débat, c'est justement sortir la question du principe. Je pense qu'il ne faut pas qu'on change de principes selon qu'on soit du bon ou du mauvais côté.
Je sais que tu ne reposes pas tout sur les étrangers mais tu as cas même, il faut reconnaître, un petit souci avec eux.
D'ailleurs ces gens sont étrangers où ? Par rapport à qui ? ?
Aujourd'hui Dakar (le Cayor) appartient pratiquement aux Soninké ! Certains ont des maisons, d'autres ont des grosses boutiques. sais-tu comment ils font fonctionner leurs boutiques ? leurs rapports avec les clients ? Sais-tu combien il est difficile de se loger à Dakar à cause de la spéculation immobilière provoquée par les émigrés (dont les Soninké) ? Qu'elle serait notre réaction si des Dakarois (Lébou, wolof et autres) dans leur quasi situation de SDF, ou de locataires éternels se palignaient des "étrangers" ?
Si nous n'avons plus de cheptel, c'est à cause de la sécheresse, des épizooties, et du délaissement progressif de l'élevage.
si nous n'avons plus de produits agricoles c'est à cause de la désafection de l'agriculture, c'est à cause de notre choix d'émigrer, c'est à cause de la péjoration climatique, c'est à cause de l'archaïsme de notre outillage agricole, c'est à cause de l'épuissement de nos sols...
Si nous n'avons plus de boutiques pour nous-mêmes, comme il a été dit dans les discussions, c'est à causes de notre gestion calamiteuse.
Si vie est plus chère c'est cause de la conjoncture actuelle.
Salam
Tout d'abord je tiens à te remercier de ta contribution et de la qualité de ton discours.
Quand je parle des étrangers, je ne les indexe pas comme les responsables de notre déclin économique local. Aujourdh'ui la mondialisation touche même le petit village Khassonké au fond de la Casamance ou de Diafounou.
Personne ne peut tenir les étrangers comme la cause de notre malheur local.
Ce que je veux faire comprendre au monde Soninké, c'est le prise de conscience que notre réuissite peut s'amorcer localement.
Je suis contre le delaissement de toutes les activités porteuses de richesses aux " étrangers". Le charbonnier est maître chez soi. C'est une vérité implacable.
A Touba, les Mbacké Mbacké avec leurs fervents talibés sont maîtres.
Donc je prône aussi cette implatation économique locale. Certes nos parents ont aujourd'ui une mainmise quasi-complète de l'immobilier de Dakar et de ses environs. Là tu parles d'une capitale. Une capitale ne peut être la chasse gardée d'une telle ou telle comunnauté mais de tous les vivants d'un pays.
Un village ne peut être comparé à une capitale. Certes on ne doit pas verser dans de l'ethnocentrisme pour indexer les autres d'usurpateurs de nos richesses mais il est tout à fait légitime que l'on veuille marquer de notre empreinte le devellopement économique de nos localités.
Les Soninkés disent : " Ri ya na nia ni, déga na niani " pour dire que l'étranger tot ou tard finira par deserter les lieux pour retourner chez lui.
Je peux citer des exmples à n en plus finir à Bakel ( Milieu que je connais ).
Il y avait dans ma tendre enfance de grands commerçants " Yara Dieng et Masylla ". Aujourd'ui ces gens sont partis pourtant ils detenaient des secteurs clés et ont fait fortune.
Personne ne peut dire aujourd'hui que ces gens ont laissé une réalisation bénéfique pour le peuple de Bakel. Ils ont pensé en solo et apres reuissite , ils sont partis.
Je suis d'accord que des personnes d'autres horizons viennent s'inserer dans le tissu économique de nos localités mais il faut que ces gens se sentent concernés des problèmes de nos terroirs. Malheureusement ce n'est pas le cas de la plupart.
Alors, je ne vois notre salut que par une implication maximale de nous - même dans nos terroirs. Que ça soit dans l'agriculture, l'élevage, la pêche, le commerce... il n'y a que nous même autochtones qui pourrons sortir ces sources de rischesse de la léthargie.
Je suis d'accord quand ces étrangers créent des richesses mais il faut pas que les 100% de cette richesses créée sortent de chez nous.
Pour ce qui est du declin de l'élevage, certes les bergers peuls ne sont les seuls responsables mais ils ont participé à hauteur de 50%.
Pour finir , je dirai que je suis loin d'être un De Villiers, ou un Le pen. Je ne chasse pas d'étrangers mais je veux qu'ils soient impliqués de manière positive dans notre devollopement local mais pas de rapatrier les 100% des richesses crées .
Si tout est comme un certain grand commerçant Baol Baol de Bakel. Je suis d'accord. Ce dernier a crée un Credit mutuel qui permet aux petits travailleurs de faire des épargnes. Mieux il emploie des jeunes du terroir dans ces projets.
Je suis d'accord avec cela mais pas avec les autres façons. Et c'est pour cela, je dis nous avons un rôle à jouer.
salam,
Nos villes et villages ont été assistés des générations durant et celà sans tenir compte de la situation de nos états ou internationale.
Nous avons ouverts de grands magasins ou boutiques qui n'ont rien donné de positif sauf à engloutir des millions dans la gueule du loup.
Les villageois ont construit des écoles , des hopitaux , des routes , ...
Mais tout celà ne sert à rien si nous n'avons rien à mettre dans nos ventre comme l'a si bien résumé Makalou.
La solidarité ou l'égoisme n'y pourront rien, nous allons tout droit à la catastrophe alimentaire comme nous grands parents l'ont déjà vécu par le passé.
Une crise est une bonne chose en soi car elle nous permettra de repenser notre mode de vie .
Il ne suffit pas de construire à tout va si l'on tout ce que l'on consomme vient de l'extérieur.
La semaine dernière nous avons reçu Mr Sall ( député des Senegalais de l'extérieur ) qui nous a fait part de la nouvelle politique agricole qui est lancé au Sénégal.
Je ne vais pas résumé cette politique mais elle vise à developper avec des subventions de l'état, tous les projets agricoles proposés par les immigrés et ceci afin de satisfaire à la demande locale.
Bien entendu celà ne nous evite cette grise mais au moins elle nous evitera de revivre une seconde crise dans l'avenir .
@++
Gas, que DIEU nous éloigne de cette crise. Car, elle causera plus de dégâts qui ne pourra être mesurée à une quelconque prise de conscience.
Si la crise est une crise mondiale, c'est tout le monde qui en pâtira.
Le Soninké a tendance à croire qu'il est invulnérable face à de telles menaces, peut-être en croyant que les revenus générés par l'immigration sont intarrissables.
Moi, je dis et répète que les associations villageoises doivent changer de stratégies de développement, et se consacrer enfin à des vrais projets de développement local.
Salam
Je suis d'accord avec la fin de ton post.
Les associations villageoises sont des pistes de devellopement local.
Elles consituent de pourvoyeuses de solutions face à ses crises qui nous guettent.
Mais une chose pose problème:
Leur efficacité ! Comment peut t-on pretendre à amorcer un devellopement local si les 60 % de la jeunesse villageoise ne croient pas à l'esprit associatif ?
La plupart des gens ne viennent que s'il y a une fête mais si on parle de réunion, on compte les gens par goutte.
" Le premier acte de notre devellopement est d'abord la mobilisation de tous "... a mon avis. Mais hélas, se mobiliser constitue la bête noire des associations Soninkés.
A Waoundé, il y a un magasin alimentaire construit par les ressortissants vivant à l'étranger, principalement en France. Le magasin est géré aujourd'hui par notre association villageoise. 2 personnes waoundankos sont employées dans ce magasin.
Les ressortissants vivant à l'étranger peuvent faire leurs commandes depuis l'étranger, ils envoient ensuite leurs bons de commande par fax à leurs parents restés au village. Ces derniers pourront immédiatement aller récupérer les vivres achetés.
Plus besoin de faire des envois par Western Union avec tous les frais de transferts à payer. La personne paie sa commande en France. Quelques minutes après qu'il a fait sa commande, ses proches restés au village pourront aller récupérer la marchandise s'ils reçoivent le fax.
Avec ce système, plus besoin au parent resté au village d'attendre de recevoir l'argent pour aller acheter des vivres.
De plus, les prix défient toute concurrence, puisque l'objectif n'est pas de faire une grande marge.
Quelques détails sur ce projet, extrait du site de l'association : A.E.S.D.W. (Association pour l'Education, la Santé et le Développement de Waoundé)
Citation:
Le Projet de Magasin de Distribution de Produits Alimentaires
L'association A.E.S.D.W. est une association à but non lucratif et ce projet de magasin de distribution de produits alimentaires ne s'inscrit pas dans un but de faire du profit pour l'association, mais plutôt pour l'interêt de la population locale de Waoundé. L'objectif de ce projet est de proposer des produits alimentaires de première nécessité ( riz, sucre, huile, etc....) à la population à des prix très bas comparés aux prix pratiqués par les autres commerçants. Les bénéfices sont exclusivement utilisés à réapprovisionner les rayons du magasin et à payer les 2 employés qui s'en occupent.
L'Association avait pour premier objectif de soutenir la jeunesse du village pour le développement d'activités culturelles et sportives.
Cet objectif était prioritaire parce qu'à cette époque, l'unité de la jeunesse nous semblait indispensable pour entreprendre et réussir tout projet vital.
Aujourd'hui, le contexte est différent parce que beaucoup de choses ont évolué depuis, dans le sens que nous souhaitions.
http://aesdw.free.fr/image/magasin2.jpg
C'est pourquoi les tâches de développement nous ont semblé indispensables à entreprendre. L'idée d'un magasin coopératif a germé et a aujourd'hui pris le chemin de la concrétisation grâce à la réflexion et au dévouement des membres de notre Association.
Toutes les sections doivent maintenant travailler à l'avancement et à la réalisation de ce projet, qui permettra aux villageois d'acheter les produits alimentaires de première nécessité à des prix relativement plus bas que ceux pratiqués aujourd'hui, par les magasins existants, et tenus pour la plupart par des commerçants étrangers au village, et cela crée une situation qui engendre une fuite des capitaux épargnés à l'étranger par les enfants du village et consacrés pour l'essentiel à la consommation.
L'existence de notre magasin peut contribuer au développement économique et social de notre village en canalisant et stabilisant les capitaux venus de l'étranger.
Salam gas,effectivement ces temps ci le president de la republique son excellence el hadj buur salum wade;D a mis en place la goana( grande offensive agricole pour la nourriture et l'abondance),toutes ces années ils ont passé leur temps à parler de plan reva( programme agricole) et jusque là on a rien vu de concret et là on nous sort la "goana",on attend pour voir comment vont evoluer les choses;merci
Salam
Je n'ai qu'un mot à dire " Bravo et Chapeau".
Ici vous avez battu les Gajaagankos.
En effet comme tu l'as souligné ces genres de projet de devellopement local ne se concrétise que par une mobilisation de toutes les personnes concernées. Il faut que chaque jeune, adulte du village mettent ses compétences au service du Village. C'est une réalisation concréte à l'instar que ceux de Bokidiawé et de Kaédi.
Merci de nous avoir donner des pistes de devellopement local.
Pour ironiser un peu:
Je vais demander aux crieurs publics de Gajaaga d'aller faire leurs courses dans ce Careffour de Hayré comme eux ils arrivent même pas à avoir Un CASINO...
Il y a beaucoup de pistes de développement local. Je suis sûr que dans le Gajaaga, il y a aussi des projets de développement local intéressants qui ont été mis en place et qui rencontrent un succès.
Par contre, ce que je n'ai pas encore vu, c'est une collaboration entre plusieurs villages pour mettre en place des projets bénéfiques pour la population.
Par ailleurs, les ressortissants de nos villages ne comptent pas sur les pouvoirs publics locaux pour réaliser leurs projets, alors que bien souvent, des aides sont possible dans ce sens.