Au moins 15 passagers d'un bateau intercepté dans la nuit de mercredi à jeudi au large des côtes andalouses sont décédés, tandis que 3 immigrants se sont noyés jeudi dans le chavirement de leur embarcation au large de Malte.

Trois femmes dont une enceinte se sont noyées dans le chavirement de leur embarcation au moment où celle-ci s'approchait d'un chalutier maltais à 60 milles (110 Km) au sud-ouest de l'île de Malte, a annoncé l'armée maltaise.

Les corps des victimes, trois femmes dont une enceinte, ont pu être récupérés par le chalutier qui a également repêché 25 survivants.

La radio espagnole avait annoncé quant à elle jeudi matin qu'au moins 14 passagers d'un bateau intercepté dans la nuit de mercredi à jeudi au large des côtes andalouses étaient décédés pendant la traversée, selon les témoignages des rescapés. Neuf enfants âgés de 12 mois à quatre ans se trouvaient parmi les victimes.

Leurs cadavres "ont été jetés par dessus bord par leurs compagnons de voyage", a indiqué à l'AFP la garde civile d'Almeria, précisant que le bilan n'était pas définitif et que l'enquête se poursuivait.

Au moment de l'interception du bateau, il y avait aussi une femme morte gisant au milieu des 33 survivants, très affaiblis par la traversée, qui ont été pris en charge par les services sanitaires. Selon la radio nationale espagnole, plusieurs femmes enceintes se trouvaient à bord du bateau de fortune.

Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a exhorté jeudi les pays riches à tenir leurs engagements contre la pauvreté en Afrique, qualifiant de "tragédie insupportable pour l'esprit humain" la mort des 15 clandestins au large de l'Espagne.

"Nous sommes dans une situation alarmante. Ou nous aidons l'Afrique à lutter contre l'extrême pauvreté, ou notre Etat de solidarité, notre Etat social sera en danger", a averti le chef du gouvernement espagnol depuis Athènes, où il se trouvait en visite officielle.

M. Zapatero a appelé les pays développés et surtout les membres du G8 à "prendre leurs responsabilités", en contribuant à l'aide au développement et en garantissant que "la crise alimentaire dans le monde n'empire pas la situation nutritionnelle dans le monde".

Lundi, déjà, quatorze clandestins Nigérians avaient disparu par une mer très mauvaise après le chavirement de leur embarcation au sud de l'Espagne.

Des centaines de candidats africains à "l'Eldorado européen" meurent chaque année en tentant la périlleuse traversée depuis les côtes africaines vers l'Espagne, particulièrement vers l'archipel des Canaries, dans l'Atlantique.

Au total, 921 sont ainsi décédés en 2007, selon APDH-A, une organisation des droits de l'Homme andalouse.

Les arrivées de clandestins à bord de barques de pêche africaines à moteur se sont multipliées ces dernières semaines aux Canaries et sur la côte sud de l'Espagne, favorisées par les conditions météorologiques estivales.

Le ministre de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, les a aussi reliées mercredi à la crise économique et alimentaire, soulignant que "si la situation (était) mauvaise en Europe, en Afrique elle (était) très mauvaise".

"Il est inacceptable que tandis que l'extrême pauvreté augmente nous voyions l'aide au développement baisser (...). L'Occident a les ressources et les capacités pour aider à la disparition de l'extrême pauvreté", a renchéri jeudi M. Zapatero en conférence de presse.

Le dirigeant socialiste espagnol a rappelé aux pays riches qu'ils s'étaient engagés à consacrer au moins 0,7% de leur PIB à l'aide au développement.

Il a souligné que c'était un engagement que tiendrait son propre gouvernement d'ici la fin de son mandat en 2012 - il y consacre actuellement 0,5% de son PIB -, quelle que soit l'évolution de l'économie espagnole.

"Tant que des gens seront désespérés et qu'ils ne pourront pas nourrir leurs enfants, ils essaieront d'entrer en Europe", a-t-il dit, jugeant que "L'Europe ne (pouvait) pas devenir une forteresse, ni être verrouillée" car "c'est contraire à nos principes".

Mais l'Europe ne peut pas non plus "être un endroit où chacun rentre à sa guise", a-t-il relevé, plaidant pour des entrées "légales" et contrôlées, ainsi qu'un "renforcement de Frontex", le dispositif européen de surveillance pour lutter contre l'émigration clandestine