Emma l’appât du « gang des barbares » et son amoureux, l’ex-directeur de la prison, en procès http://www.rfi.fr/sites/filesrfi/ima...oncalves_0.jpgFlorent Gonçalves, alors directeur de la maison d'arrêt pour femmes de Versailles, en 2010. REUTERS/Benoit Tessier
Par Claire Arsenault
Florent Gonçalves, l’ex-directeur de la prison pour femmes de Versailles et son ex-pensionnaire Emma S., celle qui avait servi d’appât pour enlever Ilan Halimi en 2006, vont se retrouver ce 15 février 2012 au tribunal correctionnel de Versailles. La justice reproche à Gonçalves d’avoir entretenu une correspondance avec la détenue, de lui avoir fourni des puces téléphoniques alors qu’Emma est poursuivie pour recel.
C’est une histoire d’amour. De celles qui émeuvent mais qui, comme dit la chanson, «
finissent mal en général ». Les amoureux : Emma S., jeune détenue aujourd’hui âgée de 23 ans, et son geôlier Florent Gonçalves 42 ans, alors directeur de la prison de Versailles et qui raconte leur histoire dans un livre
Défense d’aimer, à paraître le 16 février.
Liberté conditionnelle
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Leur rencontre a lieu à la prison de Versailles où Emma a été incarcérée et condamnée aux assises à neuf ans de prison pour avoir joué le rôle d’appât dans l’enlèvement, en 2006, d’Ilan Halimi qui sera assassiné par le chef du « gang des barbares », Youssouf Fofana. Mineure au moment des faits la jeune femme est restée un peu moins de six ans en détention ; elle a été mise en liberté conditionnelle il y a moins d’un mois.
En décembre 2009 Emma déclare sa flamme à Florent Gonçalves. Interrogé le 12 février sur TFI dans l’émission Sept à huit, il parle d’une relation avec Emma «
passionnelle » et «
chaotique » rythmée par «
des scènes, des disputes et des retrouvailles ». Rien que du très banal en somme sauf que cela se déroule derrière les barreaux d’une prison dont les protagonistes sont respectivement pensionnaire et directeur.
Préserver le secret de cette relation amoureuse qui se nourrit de messages tous azimuts, grâce notamment aux puces téléphoniques fournies par Florent Gonçalves, s’avère mission impossible dans un lieu comme une prison. Les deux prévenus reconnaissent notamment avoir eu deux fois des relations sexuelles au sein même de l’établissement pénitentiaire. Dénoncés, la justice s’empare du dossier en novembre 2010. Gonçalves est révoqué en juin 2011 par son administration alors qu’Emma a été changée de prison fin 2010.
L’ex-directeur encourt trois ans de prison
A la veille de comparaître devant la justice, l’ex-directeur de la prison reconnaît qu’il «
aurait peut-être dû dire stop » mais il assure « ne pas avoir été manipulé » et que cette histoire sentimentale tout en étant «
assez improbable » est «
tout à fait sincère de part et d’autre », rejetant toute idée d’avoir été piégé par «
la belle captive qui tourne la tête de tous les hommes ». Mais pour la justice la question n’est pas là. Devant le tribunal correctionnel, Florent Gonçalves est poursuivi pour avoir remis argent, puces téléphoniques et messages à Emma, elle-même devant répondre des accusations de recel.
Ces accusations font bondir l’avocate d’Emma, Maître Dominique Attias qui rappelle qu’en détention, «
de tels recels de puces, il doit y en avoir des milliers par jour »… Quant à Maître Pascal Garbarini, le défenseur de Florent Gonçalves, il dénonce un acharnement de l’administration contre son client victime, croit-il savoir, d’une enquête à charge du fait des antécédents et de la personnalité d’Emma. Celui qui a été le plus jeune directeur de prison de France, risque 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende.