En Mauritanie les migrants soninké et pular proviennent du sud-est, c’est-à-dire de Kankossa à Sélibaby ; sur le fleuve ils viennent des petites villes de Gouray, Wompou, Magama, et Kaédi et des villages longeant la rive droite ; enfin, on compte quelques Négro-Mauritaniens de Nouakchott parmi ces migrants.
Au Sénégal, sur le fleuve Sénégal du sud-est au nord-ouest, sont concernés par l’émigration, les départements de Bakel, Matam, Podor. La ville de Tambacounda située au sud-est, est moins touchée par le mouvement ; de même, on dénombre quelques Soninkés et Peuls venant de Dakar. On compte aussi quelques commerçants Baol-Baol de Dakar ou de la région de Diourbel..
4) L'Histoire des associations villageoises : de la caisse ethnique à la caisse villageoise
La caisse ethnique (1959-1965)
Au début de la migration soninkée, les migrants constituaient des caisses selon les affinités. L’unité du groupe était basée sur le" parler soninké." Le pays, voire même le village d’origine n’intervenait que de manière secondaire. Dès lors qu’on parle soninké ou pular on peut se mettre avec un groupe de gens qui vivent dans les meublés ou les caves souvent gérées par des Algériens.
L’émergence de la caisse villageoise (ou AVSF)
A partir de 1965-1966, les ressortissants appartenant au même village sont devenus suffisamment nombreux pour fonder leur propre caisse. La caisse villageoise, que j’appelle l’association villageoise soninkée en France (AVSF) est née. Chaque village se sépare à l’amiable des autres villages appartenant à la même caisse ethnique.
Pour cimenter les nouveaux liens entre villageois, on se lance immédiatement dans la construction de la mosquée du village qui devient le symbole d’un rite initiatique majeur d’unification des croyants soninkés issus d’un même village en France.
La période 1966-1975 a vu s’amplifier les effets de la crise pétrolière, et la France prendra une panoplie de mesures unilatérales pour limiter la pression migratoire. C’est ainsi que la carte de séjour sera instaurée dès l’année 1975 pour les ressortissants de l’Afrique francophone, et en 1976 la loi sur le regroupement familiale adoptée pour les migrants africains.
II -PROCESSUS DE FORMATION DES PROJETS DES MIGRANTS DE L’AFRIQUE DE L’OUEST (1959-1999)
Les immigrés africains sentant la fin de l’immigration pendulaire (Yaya Sy, 1997), et liant arrêt de l’immigration, et réalisation de projets-retour... se lancent de manière un peu anarchique dans diverses voies. Après l’expérience du groupe de coopérative agricole de Somankidi, impulsé par l’ACTAF, plusieurs groupes du même type verront le jour dont Sobokou, Lany-Mody, Fégui et bien d’autres dans toute la vallée. Les groupes de coopérateurs suivent une formation technique de quelques mois en province, puis retournent en Afrique avec ou sans pécule d’aide au retour.
Les immigrés du Sahel se lanceront dans d’autres projets comme l’achat de pirogues pour le village, la participation au Projet SAED de champs collectifs et individuels en collaboration avec les villages d’origine, ils érigeront pharmacies, dispensaires, maternités, écoles, mosquées de quartiers, postes, barrages, banques de céréales, puits, etc...