- INTRODUCTION
Doit-on considérer cette analyse d’impact des projets de migrants sur le développement des pays d’origine comme un bilan ponctuel, c’est-à-dire conjoncturel et inutile ?
Faut-il tracer une perspective de longue durée et y placer les effets des dits projets comme une lame de fond ?
Dans quelle mesure peut-on isoler les effets de ces micro-projets localisés, des résultats globaux de la macroéconomie dans les domaines du développement économique, socioculturel et politique de l’Afrique de l’Ouest ?
Tout en donnant quelques repères chiffrés, j’essayerai plutôt de limiter mon espace d’intervention aux trois pays du Sahel (Mali, Mauritanie et Sénégal) et de cerner les contours de quelques résultats tangibles des mini-projets de développement entrepris par les immigrés sahéliens après le déclenchement en série, des effets de la crise pétrolière, à partir de l’année 1975 et des mesures tendant à limiter l’émigration des ressortissants de la région considérée telles la promulgation de lois relatives à la gestion des flux migratoires (à l’initiative unilatérale des pays développés, dont la France) et/ou les dispositifs de retour "assisté".
I - LE CADRE GENERAL : MIGRATION ET DEVELOPPEMENT DES PAYS DU SAHEL
1°) Les cadres institutionnels des projets de développement
Après la chute du mur de Berlin en novembre 1989, on entre dans une perspective de domination de l’économie mondiale par le libéralisme, avec comme corollaire, une "approche intégrée" du développement dans le cadre du marché capitaliste planétaire supposé ouvert. En fait, le marché est contrôlé par le FMI et la BM au profit des pays riches qui continuent à fixer les prix des matières premières et dont les classes supérieures engrangent les énormes bénéfices des multinationales, en même temps qu’ils spéculent sur les richesses planétaires grâce aux capitaux flottants.
Pour les pays en développement, ces instances financières et monétaires internationales prescrivent des remèdes de cheval appelés ajustements structurels dont le but avoué est d’agir sur les fondamentaux de leurs économies nationales à partir de deux pôles, à savoir la stabilisation et l’ajustement à proprement parler ; le premier volet comprend des mesures fiscales et monétaires et une action de dévaluation ; et la seconde touche aux ressources, au marché et aux institutions (mobilisation et allocation des ressources, libéralisation du marché, et réforme institutionnelle).
En dernière analyse, le résultat visé est la mise sur les rails du libéralisme triomphant, d’une économie nationale souvent délabrée par l’échange inégal. Les organisations internationales ont pour objectif de maintenir les pays pauvres dans le giron du libéralisme et de la pensée économique unique. Dès lors, il faut lire la problématique du développement à un triple niveau d’intervention :
a) Les interventions publiques des instances internationales (FMI, BM) avec pour objectif la transformation des structures et la recherche des grands équilibres budgétaires des économies nationales. Mais en réalité c’est d’opération de mise sous tutelle du libéralisme, que nous avons mentionnée plus haut, qu’il s'agit.
b) Les actions publiques de développement au niveau des accords régionaux, multilatéraux ou bilatéraux entre Etats ACP-UE, OMVS, Club Sahel, ou entre Etats et organismes financiers et bancaires ( BCEAO, BEAC, BOAD, BDEAC, etc...) Ici encore le but "recherché" est la régulation des marchés et des institutions, l’harmonisation des système de production et d’échange, le soutien à la monnaie, la libre circulation des hommes, etc... Mais ces politiques d’intégration régionale animées par les Etats ont échoué et l’on revient à la case de départ, c’est-à-dire au problème de l’étroitesse des marchés nationaux malgré une démographie galopante qui grève lourdement le développement économique. Les accords bilatéraux entre Etats africains restent souvent sans effet ; comme exemple de manque d’intérêt pour l’Afrique au profit d’autres pays, on peut citer en exemple les accords de coopération entre la France et les pays du pré carré et signaler que la part de l’aide au développement dans le budget de la France a, selon le Monde Diplomatique, diminué de 30% depuis 1992, malgré la propagande officielle. Même si aujourd'hui, il est question d’éponger 70 milliards de dollars de la dette des 36 pays les plus pauvres qui s’élève à 230 Milliards de dollars (a voir...), on ne parle guère des milliards de dollars de bénéfices des grandes multinationales transférés dans les pays riches, et des intérêts composés d’une dette qui ne cesse de faire des "petits" depuis quarante ans... petits et arrières-petits qui enfoncent les pays pauvres.