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Les non-dits de l’émeute de Banconi Salembougou : Les populations accusent la police d’être à l’origine du grabuge



Photo L'ESSOR

Si le calme est aujourd’hui revenu à Banconi Salembouou, les populations ne sont prêtes d’oublier les bavures policières ; une police à l’origine de nombreuses exactions. Dans leur intervention, les éléments se sont introduits dans de paisibles familles et même dans une mosquée pour expulser les fidèles à l’heure de la prière.

Salembougou (traduction de là où l’on pêchait le poisson « salem »), est un des quartiers de Banconi, un véritable bidonville en commune I. Situé au Sud à l’entrée de Banconi, Salembougou est installé sur une mare jadis très poissonneuse. D’où l’appellation « Salem bougou ». Sa création remonte après celle des premiers quartiers périphériques de Bamako. Ce quartier a été le théâtre d’une émeute le week-end dernier. Les traces de pneus enflammés, lors de la bataille rangée qui a opposé forces de l’ordre et populations sont encore visibles à certains endroits et surtout sur la route bitumée qui traverse le quartier. Les éléments de la police montent en ce moment la sentinelle devant la concession litigieuse. Comment en est-on arrivé là ?

Le samedi 14 février dernier, suite à l’expulsion du chef de quartier de Salembougou, Ibrahim Koné dit Becken en application d’une décision de justice (en date du vendredi 6 février 2009) au profit de sa tante Moh Traoré et sa fille Mama, il eut un début de troubles dans le quartier. Les jeunes, considérés comme de partisans de Becken s’étaient réunis pour trouver une solution à ce problème à quelque 50 m au Nord de la concession litigieuse. C’est en ce moment qu’arrivèrent les forces de l’ordre pour les disperser, mais avec quelle manière ? Sans discernement et sans sommation, ils ont commencé à faire usage de gaz et de matraque.

Pour les autorités, il fallait prévenir une éventuelle insécurité. Mais la situation ne fera que s’envenimer. Les jeunes ripostèrent, s’en suivit une bataille généralisée qui perdura jusqu’au petit matin du mardi. Les manifestants coupèrent les voies en brûlant des pneus et en érigeant des barricades. C’est ainsi que les forces de l’ordre intervinrent une fois encore pour les disperser. Aussi, les émeutiers seront pourchassés dans les concessions. Le bilan sera lourd avec l’intervention des renforts. Un habitant du quartier témoigne : « Dans la nuit du mardi, après la prière de 19h30, au moment où les fidèles s’apprêtaient à renter chez eux, les policiers sont venus nous intimider de sortir de la mosquée ».

Pour un voisin, on a l’impression que les agents qui font le maintien d’ordre n’ont pas subi de formation. Ils n’ont aucun sens de la discipline et du respect. Les autorités sont interpellées pour rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard. Ils détruisent les biens à tout bout de champ. C’est à cause de la bavure de la police qu’il y a eu plus de victimes et de dégâts matériels. Elle s’est attaquée aux domiciles privés pour saccager les biens et les jeunes ne pouvaient que répliquer par les moyens de bord », révèle-t-il.

Nous avons tenté d’en savoir plus du côté de la police. En off, un élément a soutenu qu’ils n’ont pas de compte à rendre. « Nous avons accompli notre mission, sécuriser les personnes et leurs biens, par tous les moyens », a ajouté un autre. On estime pourtant à plusieurs millions F CFA les dégâts causés par ces interventions, sans compter des dizaines de blessés.

On reproche à la police sa propension à privilégier le bâton dans ses interventions et son incapacité à assurer un simple maintien d’ordre. Toutes ses interventions sont sanctionnées par des émeutes et n’ont jamais mis un terme définitif aux litiges . Dans le cas de Banconi Salembougou, les protagonistes n’attendent que cela. La hiérarchie doit songer à améliorer la formation de ces forces du désordre et de l’anarchie; arrêter de cautionner les exactions en ouvrant une enquête pour situer les responsabilités en cas de bavure et ne pas justifier les exactions des éléments. Autrement, elle incitera les populations à une légitime défense. L’injustice persistance amène la révolte.

Qui est le véritable propriétaire de la concession litigieuse ?
Selon nos sources, c’est le prédécesseur d’ Inemassa Koné qui serait le véritable propriétaire de la concession objet de litige. Evidemment, elle est revenue à Inemassa Koné, le 1er chef de quartier de Salembougou, père de Fako ( ?) et grand-père d’Ibrahim respectivement ancien et nouveau chef de quartier. Après sa mort, l’oncle paternel d’Ibrahim, Fako Koné lui succéda. Au cours de son règne Fako fit appel au jeune Ibrahim qui était installé en Côte-d’Ivoire en compagnie de ses frères pour rentrer en famille. Ce dernier appris beaucoup à côté de son oncle. Naturellement au décès de Fako, Ibrahim, hérita de la chefferie et exerça cette fonction pendant plus de deux décennies sans problème.

Pourquoi durant tout le règne de Fako, ce problème ne s’est pas posé ? Afin de répondre à cette problématique, il faut se référer à nos traditions. Chez les Bamanan, le nom de Fako à lui seul permet de trancher ce litige foncier. C’est Mama, la fille de Fako qui réclame la concession litigieuse et se dit propriétaire. Selon nos recoupements, cette dernière ne serait pas la fille biologique de Fako. Car il n’y aurait pas eu d’enfant durant tout sa vie. Malheureusement la justice ne se réfère que sur les preuves matérielles au détriment du droit coutumier.

Selon les habitants, le chef quartier ne devrait pas être délogé de sa famille. Ibrahim serait un homme exemplaire et apolitique qui a servi tout Banconi. « Malgré la multiplicité des partis politique et les sollicitations, il a préféré être à équidistance de ceux-ci. A son âge (55 ans), marié à 2 épouses et père de 10 enfants, il exercice le métier de taximan. Il serait l’artisan du lotissement de Banconi en général et en particulier de Salembougou. En commune I, les chefs de quartier le connaissent bien ». Pour les « partisans » de la veuve Moh, le chef de quartier a mal agi. Il n’a pas été sage. « A cause de l’argent il s’est fait humilier dans son quartier », affirme l’un d’entre eux.

Quelle solution ?
« Seul le dialogue peut régler cette affaire », affirme, un vieux. Toutefois, s’empresse-t-il d’ajouter, «il faut que les forces de l’ordre changent de méthode. Celle utilisée jusque présent n’a crée que de sérieuses difficultés. Qu’elles se comportent bien. Nous avons frôlé la catastrophe».

Birama Touré

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