ONU: Sarkozy accusé de légitimer intellectuellement le racisme
Par Etienne Flandre (Journaliste) 01H12 09/11/2007 (De New York) "Vous avez impressionné beaucoup de monde lors de votre séjour ici", a confié George Bush à Nicolas Sarkozy, mercredi, à l’issue de la visite officielle express (26 heures) du président français aux Etats-Unis.
"Oui stand together" titrait jeudi le quotidien conservateur New York Post, soulagé d’avoir "enfin un ami en France". On ne compte plus les ovations debout que le Congrès a réservées au successeur de Jacques Chirac. Devant les parlementaires réunis à Capitol Hill, Nicolas Sarkozy a salué les "paroles d’amour, de dignité, de justice" du "petit-fils d’esclave" Martin Luther King.
Au moment même où il savourait son triomphe à Washington, le président français était étrillé, aux Nations Unies, à New York, pour un autre de ses discours, celui prononcé le 26 juillet dernier, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal. Dans les sous-sols du bâtiment de verre, Doudou Diène, Rapporteur spécial de l’ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée (sic) s’est inquiété, devant une commission de l’Assemblée générale, d’une tendance récente à la "légitimation intellectuelle du racisme (…) sous couvert de la défense de l’identité et de la sécurité nationale".
Le discours de Dakar et les tests ADN
Il a cité deux exemples: le Prix Nobel de médecine James Watson, contraint à la démission pour ses propos sur l’infériorité intellectuelle des Africains... et Nicolas Sarkozy pour son discours de Dakar! "Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. (...) Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. (...) Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès", déclarait le président français dans cette adresse à la jeunesse africaine, rédigée, comme d’ailleurs l’éloge de l’Amérique prononcé devant le Congrès des Etats-Unis, par sa "plume" Henri Guaino.
"Dire que les Africains ne sont pas entrés dans l’histoire est un stéréotype fondateur des discours racistes" des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle a tranché Doudou Diène à la tribune des Nations unies. Il a témoigné de la "blessure profonde" causée par le discours de Dakar chez les intellectuels africains. Et pour enfoncer le clou, ce juriste sénégalais, nommé expert indépendant sur le racisme en 2002 par la défunte Commission des droits de l’homme de l’ONU, a dénoncé l’utilisation des tests ADN pour le regroupement familial, qui contribue selon lui à la "stigmatisation de l’immigré".
Accusations "infondées et irresponsables"
Cette offensive anti-sarkozyste, alors que le président français se faisait adouber par le tout-Washington, a suscité un vent de panique chez les diplomates français en poste à l’ONU. Ils se sont empressés de condamner les accusations "infondées et irresponsables" de Doudou Diène, en expliquant que, dans ses discours comme dans ses actes, le chef de l’Etat avait toujours démontré que la lutte contre le racisme faisait partie de ses priorités.
La nomination de ministres issus de l’immigration est souvent présentée comme un engagement contre les discriminations. A la Maison Blanche, Nicolas Sarkozy s’est d’ailleurs affiché avec Rachida Dati et Rama Yade. "A l’époque coloniale, il y avait plus de ministres d’origine africaine dans les cabinets de la République et les assemblées qu’aujourd’hui", notait perfidement l’historien camerounais Achille Mbembe, en août dernier, dans sa réponse au vitriol au discours de Dakar.
Source: rue89.com
L'ONU accuse la France de "légitimer le racisme"
ONU
L’ONU accuse la France de "légitimer le racisme"
publié le 14/11/2007
http://www.linternationalmagazine.co...n271-ecedc.png
Le journal Français "Le Monde" a révélé qu’au cours d’une session de la troisième commission de l’Assemblée générale des Nations unies, le 7 novembre dernier, Doudou Diène, le rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie, s’en est pris au président français, Nicolas Sarkozy, qu’il a accusé de s’être inscrit dans " une dynamique de légitimation du racisme ". M. Diène s’exprimait sur "la recrudescence des phénomènes de racisme à travers le monde" et sur leur "banalisation politique", voire leur "légitimation démocratique".
M. Diène a sévèrement critiqué le discours prononcé à Dakar le 2 juillet par M. Sarkozy. Dans cette allocution, le président français avait dénoncé l’esclavage et les effets pervers de la colonisation tout en estimant que "le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire" et que "jamais il ne s’élance vers l’avenir".
ACCUSATIONS "INFONDÉES"
Doudou Diène, qui dépend du Conseil des droits de l’homme de Genève, a, selon le communiqué officiel, placé le discours de M. Sarkozy dans le contexte des propos du Prix Nobel de médecine James Watson sur la prétendue infériorité intellectuelle des personnes d’ascendance africaine. Ces deux éléments illustrent, selon le rapporteur sénégalais, "la recrudescence des phénomènes et des manifestations de racisme" et participent d’une "légitimation intellectuelle du racisme".
M. Diène a également dénoncé "la criminalisation et le traitement exclusivement sécuritaire des questions relatives à l’immigration". "En France, le projet de loi introduisant les tests ADN dans la procédure de traitement administratif des postulants au regroupement familial constitue aussi une illustration de cette stigmatisation de l’immigré", a-t-il ajouté.
Le représentant de la France au sein de la troisième commission a répliqué en jugeant les accusations du rapporteur "infondées et irresponsables". Le président français "a réaffirmé dans ses discours et ses actes que la lutte contre le racisme faisait partie de ses priorités", a expliqué le diplomate, qui a assuré que les tests ADN ne seraient pratiqués que "sur une base volontaire".
Doudou Diène a repris la parole pour affirmer qu’"il était essentiel que le président français, Nicolas Sarkozy, sache que le discours de Dakar a causé une blessure profonde". "Dire devant des intellectuels africains qu’ils ne sont pas entrés dans l’histoire s’inspire des écrits racistes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles", a ajouté le rapporteur
Source : L'INTERNATIONAL