Les habitants de Sevran (Seine-Saint-Denis) ont connu plusieurs épisodes de violences ces trois derniers jours. Dernier en date : hier, vers 14 heures, deux hommes encagoulés, juchés sur un puissant scooter, ont fait usage de pistolets semi-automatiques en direction de plusieurs façades d’immeubles dans le quartier de la cité Basse. Personne n’a été blessé mais au moins une balle tirée par les malfrats a traversé la fenêtre de la cuisine d’un appartement alors que plusieurs locataires s’y trouvaient.
Dix-huit douilles de calibre 9 mm ont été récupérées au pied des immeubles pris pour cible, par les enquêteurs de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis chargés de cette affaire, sans doute liée à un règlement de comptes.
« J’étais à côté de ma fenêtre avec mon bout de chou de 2 mois dans les bras quand j’ai entendu deux ou trois rafales d’armes à feu, témoigne Daniel, un habitant de l’allée
Jan-Masaryk. Quand j’ai regardé par la fenêtre, j’ai vu deux hommes prendre la fuite au guidon d’un scooter. Ils ont tiré juste là où les enfants jouent habituellement. Ça devient vraiment dangereux par ici. » Pour cet habitant, domicilié à Sevran depuis près de vingt-cinq ans, la situation s’est « dégradée depuis quelques années », malgré l’intervention « fréquente de la police ». « Il y a des descentes régulières dans les halls, ajoute Daniel. Les policiers interpellent des jeunes mais d’autres reviennent occuper la place aussitôt après leur départ. »
Le préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert, a aussitôt fait déployer d’importants moyens policiers pour sécuriser les lieux. Un hélicoptère a notamment été mobilisé pour survoler la cité. Déjà, vendredi soir, vers 21 heures, un homme de 27 ans, en train d’attendre au volant de sa voiture au drive-in du restaurant Quick du centre commercial Beau Sevran, a été agressé par deux inconnus. « La victime a quitté la file, découragée par le temps d’attente, précise Stéphane Pelliccia, secrétaire régional adjoint pour le syndicat Unsa. Deux hommes sont arrivés en face de lui, à bord d’une Renault Clio. Ils lui ont tiré dessus à une reprise avant de prendre la fuite. Le projectile a traversé le pare-brise du conducteur avant de transpercer l’appuie-tête et de ressortir par la vitre arrière. C’est un miracle qu’il n’ait pas été touché. » Pour l’heure, aucun lien n’a été établi entre ces deux affaires.
Enfin, jeudi soir, vers 23 h 50, un jeune homme âgé de 23 ans avait été blessé par balle au mollet après s’être fait tirer dessus par un inconnu, allée
Jan-Palach, à quelques pas de l’allée Jan-Masaryk. « A la suite du conflit en ex-Yougoslavie, des jeunes des cités se sont fournis en armes de guerre, dénonce Stéphane Pelliccia. Aujourd’hui, ils n’hésitent plus à s’en servir à tout va. Nous sommes confrontés à une inquiétante escalade de la violence. »
Le Parisien