Des députés pour une commission d’enquête sur le port de la burka

André Gerin (PCF), qui juge cette «tenue vestimentaire dégradante», a déposé une proposition de résolution cosignée par 58 députés de toutes tendances politiques, en particulier de droite.
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André Gerin (PCF) a déposé une proposition de résolution afin de créer une commission d’enquête parlementaire sur le port, par certaines femmes musulmanes, de la burka ou du niqab - un voile qui les recouvre entièrement-, a-t-on appris de source parlementaire.
Le texte, dont M. Gerin espère qu’il sera soutenu par le gouvernement, a été cosigné par 58 députés de toutes tendances politiques, en particulier de droite (3 PCF, 7 PS, 43 UMP, 2 NC, 3 NI), prévoit la mise en place d’une commission de 30 membres.
Elle serait chargée de «définir des propositions afin de lutter contre ces méthodes qui constituent une atteinte aux libertés individuelles sur le territoire national».
Si elle était créée, elle devrait rendre son rapport le 30 novembre au plus tard.
«Véritables prisons ambulantes»


«Nous sommes aujourd’hui confrontés, dans les quartiers de nos villes, au port par certaines femmes musulmanes de la burqa, voilant et enfermant intégralement le corps et la tête dans de véritables prisons ambulantes ou du niqab qui ne laisse apparaître que les yeux», écrit M. Gerin, député-maire de Vénissieux (Rhône), dans l’exposé des motifs du texte. Il juge cette «tenue vestimentaire dégradante».
«La vision de ces femmes emprisonnées nous est déjà intolérable lorsqu’elle nous vient d’Iran, d’Afghanistan, d’Arabie Saoudite… Elle est totalement inacceptable sur le sol de la République française», considère M. Gerin.
Outre André Gerin, le texte est signé notamment par Christian Bataille (PS), Patrick Beaudoin (UMP), Alain Benisti (UMP), Véronique Besse (NI, MPF), Jacques Desalangre (PCF), Nicolas Dupont-Aignan (NI), Jean-Pierre Kudeicha (PS), Pierre Lellouche (UMP), Maurice Leroy (NC), Lionnel Luca (UMP), Thierry Mariani (UMP), Jacques Myard (UMP).
«Si je me bats au quotidien pour le droit des femmes en Afghanistan, vous comprendrez bien que je souhaiterais que toutes les femmes en France aient droit à leur corps et à leur personne», a déclaré le député UMP Pierre Lellouche, représentant spécial de la France pour l’Afghanistan et le Pakistan.
«Intégration républicaine»


«Je ne voudrais pas qu’en se saisissant de manière spectaculaire de ce dossier, on fasse reculer l’intégration républicaine que je souhaite», a inversement estimé le député PS et président du Conseil général de Seine Saint-Denis, Claude Bartolone.
Déposée le 9 juin, la proposition doit maintenant être transférée et examinée en commission.
Pour qu’elle soit inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée - et éventuellement votée en séance publique - plusieurs scénarii sont ensuite possibles dont l’inscription par le gouvernement et l’inscription par un groupe dans le cadre d’une «niche» (séance à son initiative).
«Nous avons transmis le texte ce matin au cabinet du Premier ministre François Fillon» a précisé à l’AFP l’entourage de M. Gerin, escomptant un «accord» du gouvernement.
«Nous attendons de voir comment les uns et les autres se déterminent», a poursuivi cette même source.
La mise en oeuvre du nouveau règlement de l’Assemblée, début juillet, offre la possibilité d’un troisième scénario: l’inscription automatique de la proposition à l’ordre du jour de l’Assemblée à la demande d’un président de groupe d’opposition - sauf si 3/5èmes des députés s’y opposent: une possibilité qui est offerte aux groupes une fois par session ordinaire, l’actuelle session se terminant fin juin.
(Source AFP)