24 Redemption - Jack is back



Il était attendu depuis un an et demi, à cause de la grève des scénaristes à l’automne dernier. Il est de retour. Et il n’a pas vraiment pris de rides et il s’est laissé pousser une barbe courte et un peu branchée. Quelques kilos de plus ? Peut-être. Jack Bauer a effectué une apparition attendue pour un double épisode de transition qui doit servir d’introduction à la septième saison de l’agent secret, désormais presqu’aussi célèbre que James Bond.
Cette absence a (semble-t-il) fait le plus grand bien à une série qui, dans ses premiers épisodes (et malgré tous les reproches que l’on a pu lui faire, y compris sur ce blog), avait imposé un genre et apporté certaines innovations.
Ce qui n’a pas changé ? Jack Bauer ne meurt jamais, son pistolet 15 coups se recharge automatiquement, il tire juste chaque fois qu’il presse la détente et n’est jamais effleuré par une balle, même lorsqu’il est pris sous le feu d’un pistolet mitrailleur. Mais, ça ont le savait. Il est indestructible, comme le célèbre agent du Secret Service de sa Majesté. On a l’impression qu’une main divine le protège.
Comme lors des précédentes aventures de Bauer et de la CTU, tout est totalement incroyable. Cela dit, au bout d’un moment, on s’en moque, on se laisse juste porter par l’enchaînement des scènes. On n’essaie pas de rationnaliser avec une histoire dont on sait qu’elle carbure à l’adrénaline.
A nouveau, les scénaristes se placent dans l’anticipation et à nouveau, cela fonctionne à peu près. Cet intermède, baptisé Redemption, situe Bauer en Afrique, loin de sa base de Los Angeles et loin de sa comparution devant une cour parlementaire qui doit le juger pour ses méthodes peu orthodoxes lors de la septième saison.
On comprend que l’agent de l’anti-terrorisme s’est enfui pour échapper à la justice de son pays qui tente de tendre le bras assez loin pour l’agripper jusqu’au milieu de l’Afrique. Ce qui reste le plus notable, est que les auteurs avaient écrit ce nouveau chapitre avant la reprise des violences en République démocratique du Congo, cet été.
Les choses sont décrites, sinon de manière réaliste du moins de la manière dont on peut les imaginer : l’enrôlement des enfants dans les milices, le chantage aux organisations humanitaires et les liaisons entre les chefs rebelles et Washington. Ce dernier aspect pourrait être le plus sujet à contestation, mais quand on voit combien il était facile pour les journalistes de joindre Laurent Nkunda dans son QG au nord de Goma, on se dit que Redemption n’est certainement pas si loin de la réalité.
La question posée est celle de l’Afrique et de son fonctionnement. Doit-on dépeindre ce continent (comme cela est fait dans ce double épisode) uniquement sous l’apparence d’une région gangrénée par une violence extrême ? Ce qui semble justifier en raison du nombre de morts. Ou doit-on essayer de dépeindre une autre réalité, fondée sur une tentative de survie ? La réponse n’est pas simple à donner.
Le sujet est sensible et l’on n’a guère envie de le caricaturer. Il n’est pas sûr que cet épisode évite tout à fait ce piège. Il y a une certaine compassion (on ignore si elle est sincère) à l’égard des souffrances du peuple africain, même si en regardant les images on imagine que la réalité dépasse le fiction. Difficile de prendre partie, on marche sur le fil du rasoir.
Spoiler
A nouveau, Kiefer Sutherland essaie de faire preuve d’originalité. Mais du coup, l’effet de surprise ne joue plus à plein, car il s’agit d’une répétition. 24 s’attaque à nouveau à l’identité du président des Etats-Unis. La série nous avait proposé un président noir avec David Palmer, et prompts ont été ceux qui y ont vu une prémonition à l’élection de Barack Obama. Sans doute, un petit détour par The West Wing aurait montré que les vrais précurseurs se trouvaient là. Mais, admettons. Cette fois, nous avons un président élu qui est une femme. On aurait pu s’en douter. Espérons que cela va se faire. Sarah Palin est prête (au moins dans sa tête) à tenter l’aventure, et Hillary Clinton n’a certainement pas tiré ses dernières cartouches. Cela serait un progrès pour la politique américaine, et si les faits donnent raison à la fiction, on pourra à nouveau faire la comparaison avec 24.
Fin de spoiler
Cela dit, et pour faire bonne mesure, Jack Bauer, investi d’une mission humanitaire, survit à toutes les tortures. Même à celle qui aurait pu servir d’apéritif au Dr. Jivago. Il s’en sort avec l’aisance d’un ninja accompli : une simple torsion des jambes, alors qu’il se trouve attaché en croix, suffit pour briser la nuque de son tortionnaire.
Le chrono tourne toujours à la même vitesse, avec la même cadence sonore, qui fait monter le rythme cardiaque.
Après une saison 6, qui avait tellement multiplié les énormes invraisemblances en mêlant les conflits familiaux à l’opération de sauvetage du monde, il était temps que 24 revienne à ce qui avait fait son succès à l’origine. Une histoire avec plusieurs tiroirs, mais dont le complot général n’était pas indigeste. Une certainte sobriété devait être restaurée, et c’est ce que cet épisode de transition annonce. Un certain retrait de Bauer qui occupait trop l’écran dans les précédentes versions est judicieux. Les histoires parallèles sont mieux traitées.
Ce spectacle met en place les grandes lignes directrices pour la suite qui sera proposée au mois de janvier et reconnaissons que cela est fait de manière assez habile pour nous inciter à regarder le premier épisode.
On a quand même droit à une ou deux scènes pleines de pathos (avec sacrifice altruiste dedans). Mais 24 est, selon un récent sondage AOL, la série la plus attendue par les téléspectateurs américains pour l’année 2009.