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Polémique après une réflexion équivoque d'Hortefeux,

Le ministre de l'Intérieur se défend de tout propos raciste après la diffusion d'une vidéo tournée lors du campus de l'UMP samedi dernier, qui le montre tenant une réflexion ambiguë devant un jeune Beur.

Brice Hortefeux contre-attaque. Le ministre de l'Intérieur s'est défendu jeudi soir d'avoir tenu des propos racistes envers un militant de l'UMP, lors de l'université d'été du parti majoritaire samedi dernier à Seignosse, dans les Landes. Sur une vidéo postée sur le site lemonde.fr, on voit le ministre et le patron des députés UMP Jean-François Copé poser pour une photo en compagnie d'un jeune militant d'origine maghrébine venu d'Auvergne, Amine. Alors que Copé taquine Hortefeux sur le fait qu'il est auvergnat, des personnes non visibles sur les images discutent, disant notamment : «c'est l'intégration», «lui, il parle arabe» ou encore «il mange du cochon, il boit de la bière». «Il ne correspond pas du tout au prototype alors», remarque Brice Hortefeux.

Tandis qu'une femme lui dit : «C'est notre petit Arabe», le ministre poursuit : «Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes». Selon lui, la phrase sur ceux qui sont trop nombreux ferait en réalité «référence aux très nombreux clichés qu'il venait de prendre avec la délégation auvergnate et alors qu'il s'apprêtait à partir». Quant au terme «prototype», Brice Hortefeux a affirmé qu'il faisait référence au profil auvergnat. Le jeune militant «ne correspond pas au prototype auvergnat, pas plus que moi d'ailleurs, puisque le prototype auvergnat c'est plutôt petit et rabelais, originellement», a-t-il ainsi déclaré sur France Info. «Ni ce jeune ni moi ne correspondons à ces critères». Le ministre n'a par ailleurs pas exclu de porter plainte après la diffusion de cette vidéo : «Je n'écarte aucune piste sur le plan juridictionnel». Et de déplorer que «certains cherchent la polémique à tout prix». François Fillon a d'ailleurs pris sa défense jeudi soir, sur TF1, indiquant que le ministre était «victime d'une campagne de dénigrement assez scandaleuse».

De son côté, le jeune militant UMP, Amine Benalia-Brouch, qui apparaît sur la vidéo, affirme que la discussion «n'a jamais tourné autour de (ses) origines», confirmant la version donnée par le ministre de l'Intérieur.«Je trouve que la polémique n'a pas lieu d'être et cette vidéo ne mérite pas le buzz qui est fait car elle est sortie de son contexte», a déclaré le jeune militant de 22 ans, adhérent à la fédération des Landes à Dax. Pour lui, «c'est deux discussions parallèles et on essaie d'en faire un même sujet». «Juste avant la déclaration qui fait polémique, j'avais dit au ministre 'Allez, on fait une photo' et on ne m'entend pas sur la bande», assure le jeune homme.

La vidéo a été vue par 470.000 personnes depuis jeudi 16 heures sur Dailymotion et a déclenché de nombreuses réactions de la classe politique et d'associations contre le racisme. Les Verts ont dénoncé l'expression d'un «racisme banal, bête et méchant». Martine Aubry, première secrétaire du PS, estime avoir été «choquée et consternée» par les propos «insultants» de Brice Hortefeux. «Les Français ne peuvent accepter qu'un ministre puisse s'exprimer ainsi. Je ne tolérerai pas que des propos racistes soient tenus dans notre pays. La France, ce n'est pas cela», a-t-elle ajouté. Benoît Hamon, porte-parole du PS, s'est demandé jeudi ce que faisait «encore au gouvernement» Brice Hortefeux, après des propos qu'il juge «honteux et inqualifiables».

Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) a lui aussi souhaité que le ministre de l'Intérieur «change de poste», jugeant qu'il devait commencer «par s'excuser». Olivier Besancenot (NPA) - qui a aussi demandé la démission de Brice Hortefeux - a dénoncé un «relent incontrôlé d'une des blagues préférées qui circulent dans les couloirs de son ancien ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale». Qualifiant le ministre de «raciste avéré et patenté», l'association SOS Soutien ô Sans-papiers souhaite que la Cour de justice de la République soit saisie «pour que soit constaté et sanctionné le délit de provocation à la haine raciale commis par ce fidèle du président de la République».

Quant au préfet Girot de Langlade, soupçonné de propos racistes et mis à la retraite d'office, il a estimé ironiquement sur France Info qu'il n'était pas «le plus raciste des deux».

lefigaro.fr, avec agences
11/09/2009

Tchooo