Les enfants d’immigrés, quelles relations entretiennent-ils avec leurs racines
La première génération d’immigrés à toujours entretenu des relations socio-économiques avec leur groupe social et pays d’origine. Les relations sont-elles les même que celles entretenues par leur parents ?
J’ouvre ce sujet afin qu’on puisse discuter de la vision de la deuxième génération sur leur conception de cette relation (famille, pays) ? à quoi on tend ? l’immigration permet-elle aux enfants de rester solidaire au socle familial ? tant de questions qui à mon sens peuvent être débattues ici.
Sans juger les apports ou visions des autres, donnons sincèrement comment nous voyons les choses.
En tant que parents comment pressentez-vous les choses ?
En tant enfants comment voyez-vous les choses ?
Point de vue concernant les cotisations !!!!
Salam,
Un sujet interessant dans le sens qu'il évoque le devenir économique de nos villages et maisons d'origine. En effet, selon mon avis, il y a 3 visions face à ce phénomène.
- La vision des parents ( Première génération d'immigrés ).
- La vision des jeunes blédards comme moi.
- La vision des jeunes issus de l'immigation.
Pour la première génération, il est impensable de vivre en France et de ne pas faire les fameux " fax " vers le pays d'origine. Ces envois prennent plusieurs formes :
* Cotisation familiale " Ka " pour la ration alimentaire ;
* Cotisation Grande famille " Xabila " pour instaurée par certaines familles pour venir en aide ponctuellement à des membres de la grande famille en difficulté ou pour acheter des bols par exemple pour les grandes occasions de la grande famille. Par grande famille, entendez par là, tous les Cissé de Waoundé ou les Camara de Souena...lol.
* Cotisation du village : Caisse villageoise en guise d'assurance vie.
Ces differentes caisses sont aux yeux de la première génération une chose indispensable. Pour ne pas avoir des problèmes, il faut impérativement s'acquitter des ces " Impots à la Soninkés "...Si la cotisation familiale peut-être mensuelle ou trimestrielle voire semestrielle, les 2 autres cotisations sont annuelles et peuvent varier entre 20 à une centaine d'euros selon les lois du village. La première génération remuait terre et ciel pour assumer ces differentes aides sociales. Ne pas s'acquitter de ces cotisations revenait à fragiliser son statut dans la famille et dans le village. Je vous assure que cela peut prendre des proportions incroyables. Dans certains villages, ne pas cotisez c'est s'exclure du village ou de la famille. Une liste noire est très souvent envoyée au village ou à la famille pour informer les résidents locaux des bons et mauvais élèves. Aucune mère de famille ne souhaite trouver son fils dans ce lot.
Ce que je reproche à ces caisses c'est surtout le manque de communication. Si pour la maison familiale les choses sont souvent carées, pour la grande famille " Xabila " ou le village, il y a des zones d'ombre. Déjà, les informations sont très souvent mal relayées. Les cotisants ne sont pas toujours informés des rencontres d'où la fameuse phrase " Sere nia ni xabila ndo debe Korosini... debe ndo xabila nti fatana korossini.". Ils se justifient par cette phrase pour doubler la cotisation à toute personne n'ayant pas cotiser à tant. Si la cotisation est 100 EUR avant une telle date, chaque personne n'ayant pas cotisée avant cette date paiera 200 EUR. Ce n'est pas discutable. Soit on paie le double soit on est plus considéré comme membre de ce village. Les choses marchent comme ça depuis des années. Aucune visibilité souvent sur le devenir de ces cotisations à part le rapatriement des corps alors que des centaines de milliers d'euros dorment dans les banques. Dans certains villages, ces cotisations permettent d'engager des projets de devolloppement local. C'est très rare.
Maintenant si je reviens sur la vision des jeunes blédards " Mamadou " comme moi... Ces caisses sont une épée de damoclès. Tu ne peux laisser ta mère et tes frères au village et ne pas s'acquitter de ces cotisations familiales. Donc, vous voyez par là, que les priorités changent. Si l'ancienne génération pensait famille entière même s'il y avait ni maman ni papa, les jeunes blédards pensent souvent être redevables que si les parents y sont toujours. Permettez moi de nuancer parce que dans certaines familles, les choses sont bien verrouillées et cadrées que le jeune ne peut faire autrement. Qu'il y ait parents ou pas, tu cotises... C'est la règle surtout quand le billet d'avion a été financé par la famille. Mais souvent, certains jeunes s'opposent à cette règle et vont au clash avec les strutures familiale et villageoise. Si par malheur, le jeune n'a plus ses parents dans la famille ou n'a pas été aidé financièrement par la famille lors de sa venue, ces euros seront difficilement obtenus. Bref, le lien entre les jeunes gens issus du Bled varie selon qu'il y ait leurs parents ou pas ou du verouillage du système par les anciens.
Concernant les jeunes issus de l'immigration " Mamadou Reme " lol, les choses sont plus compliquées. Les parents sont là, le lien avec la famille au village est très minime. Si le père est obligé d'assumer les charges de la famille au village parce que la tradition l'impose, pour le " Petit Mamadou " les choses sont vues autrement. Cela dépend de l'éducation et de sa situation financière. Certains parents ont formaté les enfants de telle sorte que s'acquitter de la cotisation mensuelle de la famille et du village devient tout à fait normal. Pour certains, cotiser au bled alors que les parents sont là est impensable. Chose compréhensible ! Mieux vaut d'abord aider ses parents ici avant tout. Mais le problème est souvent ailleurs. Certains ne connaissent pas ou sinon connaissent peu les familles au village. Certes le sens de ces cotisations est plus que louable mais le voir comme une obligation devient anormale à leurs yeux vu que les gens à aider sont ceux qu'ils cotoient tous les jours.