Prétendues « Etudes en Ukraine » : Le flou artistique
Je ne suis pas contre votre coup de pub ici , un autre témoignage dans cet article :
L’initiative entreprise par l’ONG ANED (Aide au développement et à l’environnement), « cellule de recrutement, dit-on, d’étudiants pour le centre international de formation de l’Etat d’Ukraine », s’est révélée comme une duperie qui ne dit pas son nom. C’est du moins la conclusion qui se dégage après la lecture de la correspondance N°1460, Réf V/L du 30 octobre 2008 de l’ancien ministre des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique.
Ce qui avait constitué un engouement chez les étudiants désireux de poursuivre leurs études sous d’autres cieux a vite tourné au cauchemar depuis quelques temps. Pendant ces dernières vacances scolaires, les usagers des grandes artères dans la capitale ont certainement aperçu les banderoles d’avis sur l’organisation de colonies pour la formation dans les établissements d’enseignement supérieur en Ukraine. Initiées par l’ONG ANED (Aide au développement et à l’environnement) ces études concernent, selon ses membres, plusieurs filières académiques. Pour chaque étudiant désireux de poursuivre ses études supérieures dans ce pays de l’Europe de l’Est (reconnu pour ses actes répétés de racisme contre les étrangers), les frais s’élèvent à 2 millions 947.575 francs CFA répartis comme suit : frais d’études pour un an 900.000 FCFA, frais d’inscription, assurance voyage et visa pour 747.575 F CFA, frais de logement 497.575 F CFA, le passeport pour 52.425 francs et le billet d’avion aller-retour pour un montant fixé à 750.000 francs CFA. Et la fiche de renseignements de préciser que pour le cas de la médecine et de la pharmacie, les frais d’études sont de 1 million 657.890 francs CFA, soit un coût total de 3 millions 705.465 F CFA.
Pour les responsables de l’ONG ANED, « aucune autre organisation étrangère n’a d’autorisation pareille du centre ukrainien en République du Mali ».
Sauf que dans son cas, nous estimons qu’il s’agit d’une supercherie. En témoigne la correspondance N°1460 en date du 11 novembre 2008 de l’ancien ministre des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique, le Pr. Amadou Touré. En réponse à une lettre, de référence V/L du 30 octobre 2008, adressée à M. Sékou Daikité de l’ONG ANED, dite « cellule de recrutement d’étudiants pour le centre international de formation de l’Etat d’Ukraine », l’ancien ministre de tutelle est on ne peut plus clair : « J’ai l’honneur de vous informer que mon département n’a aucune connaissance des activités de recrutement d’étudiants maliens pour l’Ukraine par Monsieur Ouhabaz Brahini, évoquées dans votre lettre ci-dessus citée en référence ».
A la lecture de cette correspondance du ministre Touré, l’évidence crève l’œil. Comment un projet d’études aussi sérieux peut-il échapper à la connaissance du département de tutelle ? Si le ministère n’est pas au courant de ce recrutement pour les filières de formation en Ukraine, comment va-t-il reconnaître les diplômes ? A leur retour de la formation comment l’équivalence de diplômes se fera-t-elle ? Que cache réellement ce recrutement d’étudiants maliens pour l’Ukraine ? Voici autant de questions auxquelles des réponses se font attendre des responsables de l’ONG ANED. Malheureusement, malgré nos différentes sollicitations par téléphone, son président s’est refusé à nous répondre.
Une attitude qui suscite encore de doute sur la fiabilité de l’opération. On se rappelle : en début de vacances deux étudiants maliens, qui poursuivaient leurs études en Ukraine dans le même cadre, s’étaient confiés à notre confrère « Les Echos ». Dans un témoignage plutôt pathétique, ils racontent leur mésaventure. Selon eux, aucune des promesses qui avaient été prises par la prétendue « cellule de recrutement » n’a été respectée. A en croire ces étudiants, cités par le confrère, le campus universitaire était à plusieurs kilomètres du logement ; la restauration à leur propre charge ; le job étudiant promis à Bamako par les organisateurs n’a jamais vu le jour. A quoi s’ajoute, explique-t-ils, la recrudescence d’actes racistes au quotidien dont ils sont victimes. Bref, pour ces étudiants maliens, qui ont décidé d’écourter leurs études au bout d’une année seulement à cause de ces conditions insoutenables, le recrutement de l’ONG ANED pour la formation en Ukraine est véritablement un piège.
Issa Fakaba SISSOKO