Dadis Camara veut s'inspirer de l'exemple du général Aziz de la Mauritanie
Elections présidentielles en Guinée Conakry :
Dadis Camara veut s'inspirer de l'exemple du général Aziz de la Mauritanie.
Le président autoproclamé de la Guinée Conakry maintient le flou autour de sa participation aux prochaines élections présidentielles, prévues en janvier 2010. Moussa Dadis Camara, qui multiplie ses sorties, ne manque pas de s'inspirer de l'exemple du général Abdel Aziz de la Mauritanie pour justifier la légitimité de son éventuelle candidature lors de ce scrutin présidentiel.
Les élections présidentielles en Guinée, qui se tiendront au mois de janvier 2010, semblent nous réserver beaucoup de surprises. Le chef du Comité national pour la démocratie et le développement (Cndd), Moussa ‘Dadis’ Camara, est loin de peaufiner sa position définitive dans ces consultations électorales.
Une attitude qui ne cesse d'alimenter l'inquiétude des différents chefs de partis politiques. Ces derniers redoutent un coup de dernière minute remettant en question tous les acquis du processus électoral.
En effet, c'est la semaine passée que la commission ad-hoc chargée de définir le calendrier électoral a déposé les résultats de ses travaux. C'est ainsi que la date du 31 janvier 2010 et celle du 14 février ont été retenues respectivement pour le premier tour et le second tour des élections présidentielles. Cela, au moment où les législatives sont fixées au 26 mars 2010. Cette commission, mise en place il y a quelques semaines et composée des éléments de la junte, de la société civile et des partis politiques, a réussi ainsi à concevoir un calendrier électoral consensuel.
Mais pour le président Dadis Camara, cette approche nationale des travaux de la commission ad-hoc le dédouane déjà de tout soupçon d'accaparement. ‘J'avais donné des dates sur lesquelles certains n'étaient pas d'accords, maintenant je m'engage à valider vos travaux, mais que personne ne vienne me faire d'autres suggestions’, a-t-il déclaré sur un ton menaçant, lors de la remise du rapport par la commission. Mieux, le président autoproclamé de la Guinée se permet déjà de dessiner des schémas probables lors de ces élections présidentielles en s'inspirant de l'exemple de la Mauritanie.
‘C'est un coup d'Etat qui a mis fin au régime de Sidy Ould Cheikh Abdallahi en Mauritanie. Et celui qui l'a fait, le général Abdel Aziz, s'est présenté aux élections. Il a remporté le scrutin et la communauté internationale a validé les résultats’, dira-t-il. D'ailleurs, Dadis Camara ne manque pas d'insister sur le fait qu'il présente parfaitement un profil pouvant lui permettre de déposer sa candidature. ‘Je laisse tout entre les mains de Dieu’, poursuit-il comme pour ajouter à la nébuleuse.
Mais toujours est-il que ces différentes sortes du président Dadis Camara cachent mal ses réelles intentions. Pour ne pas se faire surprendre au dernier virage, la société civile et les différentes forces vives guinéennes décident de défendre les acquis de ce processus électoral. La même attitude est adoptée aujourd’hui par l'Union européenne qui se montre beaucoup plus vigilante par rapport à l'organisation de ces élections présidentielles du 31 janvier 2010. D'ailleurs, la France par la voix du porte-parole du Quai d'Orsay, Eric Chevalier, a rappelé à Dadis ses obligations à se tenir en dehors des élections présidentielles.
Ce que ce dernier continue de réfuter tout en déclarant qu'il n'a pas besoin de l'aval des pays occidentaux ‘pour prétendre à la magistrature suprême’ dans son pays. Il y a aussi cette synthèse du Niger et de la Mauritanie sur laquelle le nouvel homme fort de Conakry compte s'appuyer pour se maintenir ‘légalement’ au pouvoir. Même si on ne peut pas lui taxer de procéder à des modifications constitutionnelles, le président Dadis Camara semble de plus en plus se réfugier derrière son peuple. Ce qui laisse penser à un style Tanja plus policé.
‘Si le peuple me le demande, je me présenterais aux élections présidentielles. Et je sais qu'un jour, il me donnera ce pouvoir, car je le demanderai à ce peuple avec discipline et sagesse’, a-t-il encore lâché lors d'un récent face-à-face avec la presse. C’est là tout un exercice de communication visant à préparer le peuple guinéen à la possibilité de sa participation aux élections. Une démarche qui montre avec pertinence que Moussa Dadis Camara n'a pas encore fini avec le pouvoir. Et la population guinéenne, elle, s'enfonce dans un espoir de vivre un jour une véritable démocratie, tout en s'attendant à tous les scénarii.
Abdoul Aziz Agne
Info source : Walfadjri (Sénégal)