Marseille - Questions autour de l'affaire du petit Mohamed
Le procureur de la République Jacques Dallest a estimé jeudi qu'il y avait "
trop d'interrogations" dans l'affaire du petit garçon trouvé seul en août à
Marseille, dont la prétendue mère, confondue par des tests ADN, a été mise en examen mercredi pour simulation d'enfant. "
On a quand même beaucoup de doutes par rapport aux changements de versions", a souligné le magistrat lors d'une conférence de presse. Le parquet va ainsi vérifier la filiation des quatre autres enfants de la jeune femme de 34 ans, de nationalité algérienne, qui s'était présentée comme la mère du petit Mohamed à son retour d'
Algérie le 19 août. Les cinq enfants ont été confiés à l'aide sociale, a précisé Jacques Dallest, la mère ayant été placée sous contrôle judiciaire.
Depuis que des analyses d'ADN ont prouvé qu'elle n'était pas la mère biologique de Mohamed, trouvé seul le 5 août dans une cité de
Marseille et que personne n'avait réclamé pendant presque deux semaines, cette femme explique avoir menti par peur qu'on lui enlève le garçonnet. Elle affirme avoir légalement adopté l'enfant en
Algérie, peu après sa naissance en février 2006. L'enfant était celui d'une jeune fille qui ne souhaitait pas le garder, alors qu'elle-même désirait au contraire avoir un garçon supplémentaire plutôt qu'une fille. Le procureur a souligné que l'adoption était interdite en
Algérie comme dans la plupart des pays musulmans mais que le pays autorisait sous conditions la "
kafala" (recueil légal), procédure non reconnue en France comme une adoption.
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Un parcours chaotique"
L'enquête va désormais se poursuivre en
Algérie pour déterminer l'état civil exact du garçon et s'il a bien été pris en charge dans les conditions relatées par la jeune femme. La justice française la soupçonne d'avoir falsifié l'acte de naissance de Mohamed. Le parquet s'interroge également sur les motivations de cette prétendue adoption et n'exclut pas qu'elle puisse être liée à la recherche d'allocations familiales supplémentaires, face à la faiblesse des revenus de la jeune femme.
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Elle a un parcours chaotique. C'est une personne qui vit de prestations sociales et touche le RMI, avec peut-être d'autres ressources plus clandestines", a déclaré le procureur. La jeune femme, en situation régulière mais dont les conditions d'arrivée en France demeurent "
imprécises", a beaucoup circulé entre l'
Algérie, l'Espagne et la France. "
Est-ce que c'est lié à autre chose ? Tout est possible", a ajouté Jacques Dallest.
Au total, une vingtaine de personnes ont été entendues dans cette affaire à rebondissements. "
Sur fond de mariages de complaisance, de séjours irréguliers et de travail au noir", leurs explications ne sont pas toujours sincères, a conclu le magistrat.
D'après agence