O KA (Notre maison en Soninké) de Souleymane Cissé au 68 ème Festival de Cannes 2015

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Le tout nouveau film de Souleymane Cissé, O KA, qui veut dire "Notre Maison" en Soninké, sera présenté en sélection officielle au 68 ème Festival de Cannes 2015.

Synopsis

O Ka, c’est la maison de la famille d’un artiste à Bamako, cette maison qui le rattache à ses parents, son histoire, ses souvenirs et dont ses soeurs sont expulsées en dépit du droit un jour de 2008. C’est aussi, le Mali, son pays qu’il a vu basculer dans la guerre, au mépris des traditions de tolérance qui l’ont animées depuis l’indépendance. Le combat pour la vérité pousse l’artiste à prendre la parole et à s’engager.

Point de vue de Serge Toubiana, Directeur de la Cinémathèque française

Souleymane Cissé raconte l’histoire de ses ancêtres. Cette histoire remonte à loin, bien avant l’époque coloniale. C’est une saga, la saga des Cissé. Le film remonte plusieurs générations, parcourt toutes les époques. O Ka est une autobiographie à plusieurs voix, d’abord celle de Souleymane Cissé, mais aussi celle de ses proches, les plus anciens comme les plus jeunes, ceux de la génération actuelle. Celle de cet enfant, qu’il filme avec tendresse, et qui pourrait aussi bien être lui, l’enfant qu’il a été, que son petit-fils. Celle de la maison dans laquelle il a grandi, et qu’il veut offrir à ses quatre soeurs, qui sont dans la détresse.

O Ka est une histoire de famille. Souleymane Cissé raconte qu’il est né en 1940, à Bozola, un quartier pauvre de Bamako. Des l’enfance, il a l’amour des images. Puis de l’éducation. Il a le goût d’apprendre, le don de la connaissance. C’est ce qui a fait de lui, plus tard, un cinéaste, l’auteur de Yeelen, dont on revoit des images, de belles images de tournage, en 1986, dans les dunes ocres du désert du Mali. O Ka montre la nature, les animaux, aussi bien des fourmis, par milliers, un cheval blanc, des coqs ou des autruches, et surtout les enfants dans leurs draps blancs...

Le feu va où il veut, dit le vieux sage, le marabout.

La terre ne tourne pas rond à cause de cette querelle entre la famille Cissé et les Diakité.

Images incroyables, fortes, de la police en train d’expulser la famille Cissé de la maison où ils sont nés, où ils ont grandi et vécu toute leur vie. Les soeurs de Souleymane Cissé résistent, hurlent leur détresse, demandent justice. Cette querelle divise le quartier, et le Mali tout entier. Ce droit pour lequel les quatre soeurs se battent, prêtent à aller jusqu’à la mort, pour que justice soit rendue.

Les vieux arbres centenaires, le piaillement des oiseaux, le bruit du vent, le fleuve tranquille. Un cinéaste raconte le drame de sa famille expulsée, filme l’enfant à qui transmettre le besoin de justice, le refus de l’humiliation. Le Mali, cette terre en prise à l’assaut des terroristes, des extrémistes religieux, qui détruisent toutes traces de la civilisation africaine. Ces autruches qui courent de tous côtés. Le blanc de l’enfance, le blanc de la jeunesse qui s’apprête à prendre son destin en main. Ces enfants qui jouent dans l’espace, comme des oiseaux en liberté. Cette Afrique, dans toute sa beauté, dans toute sa détresse.