Foyer commanderie : La police organise une descente et embarque un vendeur

 Imprimer 

Drôle, amusante mais révoltante et écœurante… Tels sont les mots qui décrivent la scène qui s’est passée cet après-midi au foyer Commanderie de Paris 19ème, frontalier à la ville d’Aubervilliers. Voir ce beau monde détaler comme des lapins, poursuivis par une meute de chiens, « faisait pouffer de rire ».

Vieux, jeunes avaient tous abandonner fourneaux et autres étalages, chacun prenant ses jambes à son cou, suite à l’assaut de la police. Voir les policiers embarquer ce vieil homme d’une soixantaine d’années devant ses semblables pinçait toutefois le cœur. Il tenait par devers lui ses marchandises avant de prendre place dans la fourgonnette de police.

Les limiers, une dizaine, avaient investi les lieux pour déguerpir le mini-marché de circonstance. En effet, sur le trottoir du foyer, vendeurs de maïs, de bonbons, d’accessoires électroniques et de DVD avaient élu domicile. L’entrée du foyer avait des airs de « Sandaga » du nom de ce marché Sénégalais de renom. Les uns grillaient leurs maïs pendant que les autres vendaient d’autres articles à vil prix. Plusieurs rangées de vendeurs de maïs avaient occupé le trottoir. Poursuivis par les policiers jusqu’à l’intérieur du foyer, les vendeurs ont pris la poudre d’escampette abandonnant leurs maïs sur le feu ardent. Des fenêtres de leurs chambres, les résidents rouspètent. Ils manifestent leur désapprobation. Les plus téméraires s’adressent aux policiers en leur demandant de ne pas violer leur domicile. Selon eux, ces limiers ne peuvent entrer dans l’enceinte du foyer pour chercher les vendeurs à la sauvette. « Vous n’avez pas de droit d’entrer dans le foyer ? Quel document vous autorise t-il, » disaient-ils.

 Il s’en suivit un tohu-bohu. Les hommes en tenue ripostent. «Nous ne sommes pas aux USA. Ici, c’est la France». Les policiers gesticulent et tentent d’expliquer aux résidents du foyer que l’occupation du trottoir est illégale. Ils pointent du doigt la dangerosité d’allumer du feu ardent à l’air libre sans aucune précaution. Point d’extincteurs, ni d’autres formes de protection pour confiner le feu !

Quelques minutes plus tard, les policiers démarrent en trombe et vident les lieux avec un vendeur. C’était la désolation ! Sur place, on tente d’identifier les délégués du foyer pour tirer d’affaire ce compatriote. Pour certains, les délégués du foyer ne jouent pas pleinement leur rôle. « C’est aux délégués de rendre inviolable l’espace du foyer. Ils doivent aller voir les autorités pour que les policiers cessent ces descentes », tonnent-ils.

Si les délégués doivent amorcer la résistance pour faire cesser pareilles violations de l’espace du foyer, les résidents doivent également organiser le foyer. L’occupation illégale du trottoir pour leurs petits commerces est à bannir. Le long de l’immeuble du foyer est toujours occupé. Vieux vélos, tables, fourneaux et autres étalages jonchent le trottoir. Dès fois, les passants sont obligés de changer de trottoir pour vaquer à leurs occupations. Le vivre ensemble impose le respect de certaines règles élémentaires. Cette façon de faire n’honore nullement la communauté immigrée. Cela donne un angle de tir aux racistes, fascistes et autres anti-immigrés pour « casser » de l’immigré.

La fin justifie les moyens, certes. Mais, les règles sont établies pour être respectées. L’organisation des foyers incombe aux résidents. Ils doivent veiller au respect des règles d’hygiène et de sécurité du foyer. L’espace commun ne peut être dénaturé pour les intérêts personnels d’une frange de résidents.

Défendre devient facile quand la victime à défendre est exempte de tout reproche !

                                

Makalou, Soninkara.com