Mamadou Lamine DRAMÉ

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Mamadou Lamine Dramé
Mamadou Lamine Dramé

 

Mamadou Lamine DRAMÉ
(Résistant Soninké dans l'Afrique Occidentale Française)
Auteur : Yaya SY ( Anthropologue, Professeur d'Histoire )


Sommaire
• Portrait de Mamadou Lamine DRAMÉ
• Remerciements
• Selon Bathily A.
• Selon I. Baba Kaké
• Mamadou Lamine DRAMÉ (Récit)
• Les Hommes de Mamadou Lamine Dramé
• Les Guerriers BATHILY de TUABOU arrêtés ou morts par inanition après le siège de Bakel
• Doctrine religieuse de Mamadou Lamine DRAMÉ
• Politique d'alliance dans son combat contre les français
• Les Hommes qui ont soutenu SOUAYIBOU et qui sont tombés au champ d'honneur de GORI-XASSE assiégé
• Le Siège de GORI selon Ahmadou BÂ
• Itinéraire d'El Haj Omar Tall
• Les fils d'El Haj Omar Tall
• Conclusion

Remerciements:
A Samané Sy notre oncle paternel qui nous a élevé, instruit et surtout ouvert à la critique de notre société.
A Diadié Wassa de Yéruma spécialiste de Sanjara ami intime de notre père Samba Sy.
A Dogo Diawara,
A Abdoulaye Bathily et Claude Meillassoux.
A Dramane Diallo de Manaël.
A Ibrahima Baba Kaké et à tous les traditionalistes et scientifiques qui ont écrit ou parlé des pays soninké, et en particulier sur l'histoire de M L D.
Malamine Demba Dibassi Dramé Saama (ou Fadiga d'après certains témoignages) est né à Goundiourou (8 km au sud-est de Kayes dans le Khasso). La date de naissance de Mamadou Lamine Dramé est imprécise et nous attendons des informations plus fines dans les recherches futures pour la cerner autour de plus ou moins cinq ans.
Date de naissance 1830 selon A. Bathily et 1840-50 d'après I Baba Kaké.
 
 Selon Bathily A. :
Né en 1830, il serait à Bakel au moment du passage de El Haj Omar en 1847 à Bakel.
Vers 20, selon A. Bathily, ans il aurait participé à l'expédition du Kamméra contre Gamon capitale du Tenda (cette bataille de Gamon avait eu lieu vers 1860, M L D serait né vers 1840...) Puis il serait immédiatement allé au Fouta à sa libération (il était détenu comme prisnnier à gamon).
Selon A. Bathily à son arrivée à Gounjourou en juillet 1885 venant de Ségou (où il était emprisonné par Ahmadou) il aurait écrit qu'il avait quitté son village "il y a 36 ans." ( A quel âge a t-il quitté Gounjourou ? d'après cette version ce serait en 1849).
En supposant qu'il avait été accompagné à son village natal après ses études supérieures, il aurait quitté Goundiourou (c'atait la tradition) à 19 ans après les dites études. mais personne ne dit à quel âge il est parti à Bakel, ni combien de temps il y est resté.
 
 Selon I. Baba Kaké :
Mamadou Lamine Dramé est revenu d'Orient vers la cinquantaine (1878 ce qui met la date de naissance vers 1828-1830).
Toujours selon cet auteur, il était encore élève chez son père lors du passage d'El Haj Omar entre Kayes et Médine en 1855 où il avait une quinzaine d'années et a été très impressionné par le marabout toucouleur, (il serait donc né vers 1840).
Cette proposition contredit sa propre fourchette de 1840-1850 (trop large) et l'hypothèse d'Abdoulaye Bathily qui soutient que El Haj Omar a trouvé Mamadou Lamine à Bakel en 1847...
Selon I B Kaké, il approcherait la cinquantaine à son retour d'Orient (1872) il serait donc né vers 1822.

 Mamadou Lamine Dramé (Récit) :
En tout cas, de retour de l'Hégire en 1878, il a la prestance, la voix sûre et passionnée, le visage serein ; et sa réputation de grand marabout ne tardera pas à être faite.

De retour de la Mecque, à quelques journées de marche de Tombouctou, le roi lui envoie ses soldats pour le capturer ; à la vue de la troupe, Mamadou Lamine Dramé se prosterne vers la tombe du prophète avec détermination, imité dans ses gestes par le petit groupe d'accompagnateurs ensemble ils demandent la victoire à Allah. Il fonce ensuite vers le détachement ennemi qui resta paralysé par la témérité du marabout et le laissa passer. Il rejoignit Tombouctou qui lui ouvrit ses portes.

Il se rend ensuite à Hamdallahi où le reçut à bras ouverts Tidjani, le neveu de El Haj Omar qui lui offrit en mariage une jeune esclave.

A Ségou il fut moins bien accueilli par Ahmadou le chef des croyants de l'Ouest et successeur désigné de Omar Tall. Il lui retire son épouse (offerte par son cousin à Hamdallahi) et le déclare "faux prophète". A ses gardes il donne l'ordre de d'arrêter et d'exécuter Mamadou Lamine Dramé. Mais les hommes du Sultan non seulement refusent d'exécuter les ordres, mais se prosternent devant le saint homme. Décontenancé le marabout toucouleur décide de l''isoler dans les ruines d'un ancien village situé à quelques kilomètres de Ségou qui est devenu dès lors "Salam". De "Salam" il se rendait régulièrement à la prière dans la mosquée du roi où il se fit beaucoup d'adeptes et de talibés...

Ahmadou jaloux envoya des guerriers sûrs brûler "Salam" de nuit et y assassiner Mamadou Lamine Dramé. Les soldats, selon la légende, furent reçus par huit grands poissons aux gueules grandes ouvertes... sur les palissades du village. Les soldats du sultan retournèrent à brides abattues à Ségou. Dépité, Ahmadou lui-même prend la tête d'une troupe et se rend au village où le même scénario se reproduisit... ses soldats s'enfuirent de nouveau et Mamadou Lamine Dramé lui jeta : " fils de El Haj Omar, tu as renié ta foi, je t'adjure de rentrer dans ton palais".

Fin mai 1885, Ahmadou s'absente de Ségou et confie le pouvoir à son fils Mad'hani qui alla trouver le marabout à Salam pour le libérer malgré "la désapprobation de mon père" dit le jeune roi.

"Qu'Allah te bénisse, j'attendais ce moment depuis si longtemps" lui répondit le marabout en guise de reconnaissance.

Mamadou Lamine Dramé rêvait de reconstituer l'empire d'El Haj Omar dont le fils Ahmadou s'est discrédité à ses yeux. Il rêvait de recréer l'empire du Wagadu sur les territoire occupés par les 50 000 Soninké vivant dans les royaumes jouxtant le Niger, le Sénégal, la Falémé jusqu'aux contreforts du Fouta Jaalon, de la haute Gambie, et de la Casamance, en passant par le Boundou et la Bambouck où sont dispersés des Soninké mélangés aux autres populations des villages.

Un événement va marquer le jeune Mamadou Lamine Dramé, vers 1860, le Kamméra musulman envahit Gamon, ville prospère du Tenda, et Mamadou Lamine Dramé est fait prisonnier pendant plusieurs mois et jure de se venger.

Avant d'aller à la Mecque, il séjourna au Fouta Tooro ancien foyer de l'Islam et connut Abdou Boubacar roi du Fouta qui deviendra en mai 1886 l'ennemi du marabout en envoyant des troupes au Guidimaxa en échange d'une vague promesse du commandant Combes de lui céder le Damga après le guerre. C'est du Fouta que Mamadou Lamine Dramé partit pour la Mecque (en 1871 ? ).

En juin 1885 après Ségou, il se rend à Niamina où il est salué comme le Mahdi, puis à Toubacoura où les notables lui demandent de lever une armée contre Ahmadou. A partir de Bamako il suit les postes français en passant par Koundou, Kita, Bafoulabé (où le lieutenant Savage se montre méfiant envers le marabout). Mais à Médine le lieutenant-colonel Frey commandant supérieur du haut fleuve s'assure de "l'allégeance" de Mamadou Lamine Dramé et de son hostilité à Ahmadou.

Retour fastueux à Goundiourou où il est reçu par le roi du Khasso Dioukha Sambella. Sa renommée est déjà grande dans tous les pays soninkés. Avant son départ pour le Niger, Frey convoque Malamine à Kayes pour s'assurer de ses intentions pacifiques. Le marabout le rassure et lui fait part de son intention de se rendre à Bakel pour une visite de courtoisie. Il a l'aval du lieutenant-colonel à condition que ses accompagnateurs ne soient pas armés.

Début décembre 1885, il quitte Goundiourou pour se rendre à Bakel. Il passe par tous les village du Kamméra et du Goye supérieur où il est reçu avec faste, en particulier à Dramanné célèbre village de marabouts soninké et à Lany Mody village des non moins illustres Khontélankos. A Bakel, il rend visite au commandant du fort et réaffirme ses intentions pacifiques envers les Français.

Mais la région avait connu des troubles dans les années soixante-dix notamment avec le commandant Zimmerman qui a fait frapper des notables de Bakel et menacé de brûler des villages. Cette région de l'aveu même de Frey "n'était plus sûr pour les Français" et n'avait donc pas pansé ses plaies. Frey est d'autant plus préoccupé qu'en Europe la Conférence de Berlin vient de s'achever et la course poursuite pour les conquêtes territoriales est bel et bien engagée entre les puissances impérialistes européennes...

Quant à Mamadou Lamine Dramé, aussitôt après cette visite de courtoisie à Bakel, il se rend une première fois chez Sina Hawa roi du Goye inférieur à Tuabou pour lui demander une armée. Celui-ci s'était déjà rendu à Bakel pour mettre en garde les Français contre le prosélytisme du marabout mais il lui a été signifié que Mamadou Lamine Dramé ne veut attaquer ni les Français, ni les royaumes musulmans environnants ( Guidimaxa, Gajaga, Boundou , Fouta, Jafunu, etc.) Le Tunka après avoir opposé une fin de non recevoir à sa requête, finit par y consentir du bout des lèvres.

Il mit sur pied une armée de 2000 hommes au début du mois de janvier 1886 (A. Bathily soutient que c'est à Diawara que se situe son Quartier Général, mais ce n'est qu'après les batailles du Boundou et de Koughani qu'il installe une partie de son armée au Goye inférieur entre Manaël et Diawara). Profitant du décès de Boubacar Saada, l'Almamy du Boundou, survenu le 18 décembre 1885, il se rend ensuite à Balou d'où il enclenche une intense campagne de prêche du "Jihad" et se proclame "Mahdi de l'Ouest." Le marabout soninké s'adresse au début du mois de janvier 1886 au nouveau roi du Boundou Omar Penda, aveugle et déjà affaibli par la lutte de succession au pouvoir avec Ousmane Gassi l'énergique fils de son frère défunt.

Avant l'attaque du Boundou, à Balou, Mamadou Lamine Dramé reçut la visite du commandant Lefranc et de quelques traitants de Bakel, qui lui recommandèrent vivement de renoncer à son projet d'aller à Gamon "combattre les infidèles". Tout en refusant, il ne comprend pas la défiance des Français et du roi du Boundou à son égard car soutient-il, ils n'ont rien à craindre.

Le prophète demande alors au nouveau roi du Boundou l'autorisation de passer sur son territoire, mais celui-ci met en avant les accords d'alliance conclus avec les Français selon lesquels aucune armée ne doit traverser son territoire sans l'accord de ses alliés.
"Alors, lui dit le marabout, prends ton chemin et laisse moi passer sur celui de Dieu." Rien n'y fait, la réponse reste inébranlablement négative.

A titre préventif Oumar Penda quitte Sénoudébou pour Boulébané mieux protégé et en meilleur état de défense. Le marabout rentre à Sénoudébou sans un coup de fusil. Ousmane Gassi est à Dianwéli où ira camper le chef religieux. Le prince du Boundou refuse de recevoir Mamadou Lamine Dramé qui brûle le village, Ousmane Gassi se réfugie à Bakel où il fut bien reçu. Après Dianwéli, Boulébané est encerclé et détruit à son tour en janvier, le roi s'enfuit vers le Fouta (?) en Février 1886.
A Goundiourou village natal de Mamadou Lamine Dramé, sa maison est encerclée et prise d'assaut par la 2è compagnie de tirailleurs commandée par le capitaine Ferrat. Trente quatre personnes sont arrêtées manu militari et transférées à Kayes, c'était le 13 mars 1886.

Après sa victoire sur le Boundou, Mamadou Lamine Dramé s'installe à Koughani à 9 km de Bakel. Cette fois-ci le commandant Lefranc lui envoie, ce même 13 mars, une troupe de 87 hommes dirigée par le capitaine Joly pour lui enjoindre de disperser ses troupes, Mamadou Lamine est prévenu secrètement par Alpha Séga interprète à Bakel. Le marabout tend un piège aux soldats français au gué de Sassi Maxana et réussit à battre la garnison (10 morts côté français dont deux officiers et 36 blessés ; et 150 morts côté marabout selon le rapport français).

Un canon est abandonné sur le champ de bataille. Alors, se répand dès le 14 mars 1886 comme une traînée de poudre la nouvelle de la victoire de Malamine, l'enfant prodige du soninkara sur les Blancs, en même temps que germait le mythe de son invincibilité... On raconte partout qu'il est capable de faire fondre les boulets de canon des Toubabs en les transformant en eau ou en glace, ce coup de tonnerre vient renforcer une renommée déjà bien établie de prestidigitateur même chez les animistes, grâce au "karamâ" (ou mukhadama en soninké) un livre saint dont les versets servent à maîtriser le surnaturel.

Après Koughani, il se rend une nouvelle fois chez Sina Hawa Boubou Sa Diabé le Tunka du Goye à Tuabou, petit fils de Samba Khoumba Jaama, pour lui demander de l'aider plus concrètement. Ce dernier jusque là sceptique accepte après la victoire de Koughani qui a grisé le marabout et enflammé la jeunesse de tout le Soninkara. Les jeunes loups de Tuabou ne sont pas en reste, ils demandent à leur Tunka de céder aux sollicitations pressantes du marabout et de lui donner une armée, mais en guise de réponse le vieux sage leur lança : "Si une pintade doit mourir dans une battue, elle n'entendra pas le son des tam-tams de cette battue (kenné nga kalla wallé bé, an ta ken wallé daghu mukku) ; La légende prétend que Sina Hawa est mi-homme mi-Jinn... un clairvoyant dont la vision transperce le temps... Par ce refus initial les Français lui épargneront la vie bien qu'il ait fini par se laisser convaincre par sa jeunesse en ralliant le marabout.
Les récits traditionnels ne parlent pas de l'épisode de Koughani selon Samané Sy et Dogo Diawara, il serait venu à Bakel en y poursuivant directement les fugitifs du Boundou.
Les forces en présence devant Bakel s'équivalent peut-on dire, dans l'enceinte de la ville, on avait le premier bataillon des tirailleurs avec 200 hommes armés de fusils Gras à tir rapide, 1100 auxiliaires et traitants, et 300 guerriers de Ousmane Gassi, le prince du Boundou. Bakel était bien pourvu en vivres et en munitions mais ses effectifs étaient limités malgré les quelques canons de 75 mm du fort.

En face, le marabout alignait 10 000 à 12 000 hommes armés de fusils de contre bande et de fusils traditionnels, de sabres, de coupe-coupe et d'armes diverses telles les lances, les harpons, et autres armes de pointe, etc. mais il n'y avait pas de flèches. Avant l'attaque, l'armée de Mamadou Lamine Dramé stationnait pour moitié dans le Goye inférieur entre Tuabou et Diawara et pour moitié dans le Goye supérieur entre Koughani et Balou. Les combattants de cette troupe hétéroclite et peu disciplinée étaient là pour diverses raisons : une foi inébranlable pour les talibés, l'appât du gain pour d'autres, le prestige pour les jeunes guerriers de l'aristocratie, dont certains étaient animés de la volonté de se débarrasser du pouvoir colonial estimant souvent que les "vieux ont cédé trop de choses aux Blancs", etc. Pour d'autres jeunes, la guerre était une épreuve initiatique qui comblait un profond désir d'émancipation et qui permettait en même temps de s'enrichir et de détenir des esclaves... Il y en avait, pour ainsi dire, pour toutes les motivations.

Le 1er avril, Mamadou Lamine Dramé attaque Guidimpallé sans succès, selon le récit des Français. Toujours selon cette même source, le 3 avril, de 10 heures à 12 heures, les troupes venues de Tuabou et Koughani attaquent de concert en trois colonnes nord ouest et sud la porte de Modincané située au nord aurait été ouverte par les marabouts de Bakel hostiles aux Blancs et acquis à la cause de leur parent et coreligionnaire. Les troupes régulières affluent pour colmater la brèche ainsi ouverte.

Le 4 avril, Mamadou Lamine Dramé galvanise ses troupes : "j'irai prier la prière de 14 heures à la mosquée de Modincané" L'assaut final est donné. Les côtés nord et sud résistent, mais l'ouest cède... la ville est mise à sac et brûlée tandis que le fort résiste... Le siège dure quatre jours, Bakel plie mais ne cède pas.

Selon les versions de notre oncle Samané Sy et de Dogo Diawara, l'attaque n'a eu lieu que le samedi (3 avril) et seul le sud a tenu, le nord et l'ouest ont cédé. D'après le récit de Samané Sy les Bakélois ont envoyé des repas de bienvenue aux troupes le vendredi 2 avril ... Ce qui suppose que les soldats du marabout étaient devant les portes de la ville depuis au moins jeudi 1er avril 1886. Ce propos contredit la version française d'attaque les 1er 3 et 4 avril. Selon lui, une délégation composée du chef de village Diabé N'Diaye, du commandant du fort Lefranc, et du notable Aly Camara, s'était rendue à Fandalé pour sonder les intentions du marabout envers Bakel. Ils auraient été reçus à coup de fusils par les talibés qui les ont reconnus pour avoir fait leurs études coraniques à Bakel (cf texte intégral de Samané Sy).

Mamadou Lamine Dramé après le 4 avril renonce à s'emparer du fort. Il divise ses troupes en deux, une moitié continue le siège et l'autre moitié va à la rencontre de la deuxième Compagnie de tirailleurs composée d'un détachement d'infanterie et d'une pièce de canon venant de l'expédition du Niger renforcer les troupes de Bakel, un léger accrochage eut lieu à Boula, plaine inondable du sud de la ville. On sait que la troupe était essentiellement composée de gens du Jafunu du côté des forces du marabout, d'où l'dée répandue que Folo-Bou est la tombe des Jafunankos.

Après la bataille de Bakel dirigée par Souraxé Diawara, Mamadou Lamine Dramé prend la route du Kamméra en partant de Balou le 12 avril pour arriver aux environs de Kayes le 19. Mais les 21 et 22 avril, le lieutenant-colonel Frey brûle et rase son village natal Goundiourou, puis Maxana, Dramanné sur la rive gauche. Le marabout et tous les Soninké, la rage au coeur, attaquent les Français à Tambokané fortifié par Frey mais le marabout ne réussit pas là aussi à faire la décision...

Il retourne alors à Bakel et se propose d'aller conquérir Gamon et le sud-ouest, ensuite, il reviendra en force rencontrer son fils Souayibou qui restera sur la rive droite du fleuve pour réorganiser la résistance. A son retour, ils prendront les Français en étau entre le Guidimaxa et le Gajaga (en avait-il trop dit en écrivant une lettre dévoilant son plan aux Français ? Frey avait-il besoin de tels arguments pour poursuivre sa politique de terre brûlée ?). Il demande aux troupes du Gajaga d'attendre le retour de Souayibou en face sur le fleuve, de Tuabou à N'Gorlou (peut-on rester longtemps hors de son village jusqu'à une date indéterminée ?) et celles du Kamméra de Bakel à Kayes.

De Bakel Souayibou se rendra au Jafunu sur la rive droite tandis que son père prendra la route du Boundou. Mamadou Lamine Dramé lève le camp de Balou le 23 avril, et le 24, il arrive à Kidira. Il n'eut pas le temps de s'asseoir dans la case préparée pour l'accueillir, qu'une des deux colonnes françaises dirigée par le commandant Houry (l'autre commandée par le commandant Combes sévit sur le fleuve avant de bifurquer sur l'affluent à l'ouest), envoyées à ses trousses dans le plus grand secret par Frey attaquent les 500 cavaliers et 200 à 300 fantassins de Mamadou Lamine Dramé, plus les porteurs, les femmes et les troupeaux du marabout...

Protégé par ses fantassins, Mamadou Lamine Dramé monte précipitamment à cheval au milieu de ses cavaliers sous le feu nourri des spahis suivis des auxiliaires de Ousmane Gassi arrivé de Bakel avec Frey en personne.

Par manque de vigilance le bilan de Kidira après cette attaque surprise est catastrophique pour le marabout qui perd plusieurs de ses fantassins, 600 captives..., le bétail. Dans le butin on compte sa bibliothèque personnelle, jadis portée par 24 personnes qui est également confisquée par Frey.

Le 25 avril les Français sont à Sénoudébou sur les traces du marabout, mais pour la première fois la ville est brûlée à titre d'avertissement à l'intention des Français afin de les faire réfléchir sur leurs actes criminels commis à l'encontre des populations du Guidimaxa et du Gajaga.
Le lieutenant-colonel Frey revient à Bakel, mais on notera qu'entre le 10 avril et le 24 mai des opérations de guerre larvée sont menées contre le Gajaga et le Guidimaxa où les Français pratiquent "la politique de la terre brûlée". Mais auparavant ils se sont assurés de la neutralité active de Ahmadou surtout au Jafunu où, après avoir reçu une lettre de Frey l'invitant à réprimer le Guidimaxa, le souverain toucouleur se dit occupé au Karta... Ce qui laisse le champ libre aux Français dans le Guidimaxa...

A Bakel, le 29 avril, on fait le bilan des opérations dans une partie du Guidimaxa et du Kamméra, sont présents ce jour : Frey, Combes et Lefranc principalement. Après les départs de Mamadou Lamine Dramé et de son fils il faut maintenant "s'occuper" rapidement du Goye et du Guidimaxa et y briser toute velléité de résistance. Sur instructions du marabout, les populations avaient traversé le fleuve pour aller s'installer sur les bords de N'Gorlou, un marigot de la rive droite entre Tuabou et Manaël. Dès le 30 avril, Frey en personne dirigera les opérations militaires contre les 2000 guerriers soninké chargés de protéger les civils.

Attaqués par surprise au niveau de Tuabou sur( la rive droite, ils se dispersèrent dans le Guidimaxa après plusieurs heures de combat. Ousmane Fall interprète du poste de Médine sera chargé après la défaite de rançonner les populations du Goye ; il revient à Bakel avec 2000 têtes de bétail et des centaines de prisonniers.

Le 2 mai, les stocks d'arachides et de mil de Diawara sont pillés et évacués vers Bakel.
Selon les griots, les métaux précieux soutirés aux populations vaincues reviennent aux Français, le bétail, les esclaves, et surtout les femmes, sont répartis entre les Africains en fonction de leur degré de collaboration...

Combes après la bataille de N'Gorlu alla rencontrer Abdoul Boubacar roi du Fouta de passage à Dembacané à qui il promit oralement (promesse qui ne lui coûte pas un clou) la cession du Damga en contrepartie de son engagement auprès des Français dans le Guidimaxa. Il envoie aussitôt un contingent de 2000 hommes qui se présentera dès le 22 mai face à Samba Kandji abandonné par ses habitants.

Ce même 22 mai après Guémou, les troupes coloniales dirigées par le colonel Frey et les auxiliaires du Fouta entrent à Coumbadao également abandonné de ses habitants mais qui sera tout de même incendié. La colonne meurtrière de Frey après avoir dévasté l'ensemble du Guidimaxa, atteindra Kayes fin juin. Nous noterons que les Maures qui connaissent bien le Guidimaxa, lui serviront de guides dans ses expéditions de "pacification" à travers toute cette région durant les mois de mai et juin.

Au total après la bataille de Bakel, Frey a brûlé une centaine de villages. Il a surtout cherché à affamer ce qui restera des 50 000 Soninké qui auraient, selon lui, tous soutenu Mamadou Lamine Dramé ; on comptera 3000 à 6000 tués sans compter les blessés qui se comptent aussi par milliers ; ne sont pas comptés les victimes des épidémies et des famines causés par le pillage ou la mise à feu des greniers et des habitations. Du côté des colons, on dénombre 138 Européens morts, 65 tirailleurs tués (chiffres invraisemblable quand on sait que le système du "Carré" expose d'abord les auxiliaires, puis les tirailleurs et ensuite seulement les Européens qui sont au centre... du Carré).

Après la mise à sac du Boundou, Mamadou Lamine Dramé se dirige vers le sud, s'installe à Diana dans le Diaxa, à 240 km de la Falémé. Dès la seconde quinzaine de juillet 1886, il attaque à nouveau le Boundou en partant de sa retraite de Diana, afin de libérer la route de Bakel en vue du projet de jonction avec Souayibou selon une idée de Souraxé Diawara ;peut-être aussi pour sonder les lignes de défense françaises ? ou laisser s'aguerrir et s'enrichir ses soldats ?

Omar Penda roi du Boundou est capturé à Ficha à 40 km de Sénoudébou et est exécuté. Le 22 septembre le marabout soninké attaque Samba-Kolo dont la population fuit en direction de Sénoudébou. Le 23, il attaque Sénoudébou défendu par Yoro-Coumba et le sous-lieutenant Laty . Yoro Coumba sort du Fort et va à la rencontre du marabout avec une centaine de tirailleurs armés de fusils Gras. Mamadou Lamine Dramé se retire avec quelques pertes. La capitale du Boundou, Boulébané, est de nouveau occupée en octobre 1886.

Le 11 nov 1886, le lieutenant-colonel Joseph Simon-Galliéni arrive à Bakel à bord du Salamandre un aviso battant pavillon français, il est envoyé pour la 2è fois dans le haut Sénégal par le Général G Borgnis-Desbordes, en remplacement de Frey dont les "méthodes" sont timidement décriées à l'Assemblée Nationale. C'est "l'homme providentiel" du général qui doit "rétablir la situation désastreuse pour l'influence française dans cette région", juste après la ratification générale du traité de Berlin le 19 avril 1886. Dès son arrivée, il déploie une intense activité militaire entre le 16 nov. et le 10 déc.1886. Il donne des consignes précises à ses troupes composées de 108 Européens, 445 Africains qu'il arma désormais de nouveaux fusils kropatscheks à répétition rapide (qui remplacent les fusils Gras) et de nouveaux canons de 80 mm et 65 mm (qui remplacent ceux de 75 mm). On distribue 120 cartouches par fantassin, 60 par cavalier, 36 par homme armé de revolver. L'Afrique est-elle devenue un champ clos d'expérimentation des nouvelles armes et des nouvelles techniques de combat pour les Européens ? On peut au vu de l'armada français déployé à Bakel répondre par l'affirmative.
En tout cas, la logique d'expansion coloniale exige la "liquidation" rapide de toutes les oppositions africaines à la pénétration coloniale au vu de la concurrence acharnée dans "la course à la colonie" que se livrent les Européens en particulier Français et Anglais dans la zone.

L'objectif de Galliéni est donc clair, il consiste tout d'abord à en finir rapidement avec cette épine gênante au pied que constitue le marabout soninké, avant de poursuivre son avancée vers de plus grandes et plus glorieuses proies que constituent Samori et Ahmadou. Il décide l'envoi de deux colonnes vers Diana capitale de Mamadou Lamine Dramé dans le Diaxa et qui doivent y faire leur jonction le 25-12-1886 très précisément. L'une sera dirigée par lui-même à partir d'Aroundou, où il s'installa dès le 19 nov., et fera escale à Sénoudébou (Sénoudébou est déjà fournie secrètement en armes, munitions et ravitaillement) D'Aroundou, il ruse déjà avec Ahmadou à qui il a néanmoins envoyé des cadeaux via ses anciens amis de Nango, tout en épiant les espions du Toucouleur sur la rive droite venus l'espionner eux aussi... L'autre colonne sera dirigée par le commandant Vallière, elle se rendra discrètement à Diamou à quelques dizaines de kilomètres à l'est de Kayes et passera par le village de Bontou (ravitaillé tout aussi secrètement que Sénoudébou) sans éveiller la curiosité ni des Soninké du fleuve, ni de Ahmadou. Deux espions serviront d'éclaireurs en sillonnant le Boundou et le Bambouck jusqu'à Diana comme simples explorateurs, il s'agit des capitaines Quiquandon et Bonaccorci.

Le 25-12 Galliéni est devant Diana, Vallière également, malgré un retard initial considérable dû à un trajet chaotique. Mais au grand désespoir du commandant supérieur du haut Sénégal, la capitale du marabout a été abandonnée précipitamment le 24, la nouvelle de l'arrivée des deux colonnes n'était pourtant parvenue au prophète que très tard... C'est la mort dans l'âme, qu'il quitta Diana pour Toubakouta, abandonné semble t-il, par de nombreux partisans effrayés par la confrontation avec les Blancs, à qui il avait promis que jamais ces derniers ne viendraient le chercher dans ce pays. Galliéni envoie une colonne volante dirigée par le capitaine Robert à la poursuite du marabout en direction du Niani, celle-ci a été attaquée par les talibés non loin de Kagnibé le 27 décembre. Elle a été obligée de battre en retraite. Sur le chemin du retour, la colonne capture 17 femmes de la suite marabout, elles seront réparties entre les spahis. Galliéni déçu, repart dès le 2 janvier pour le fleuve après une mission qu'il considère comme un échec personnel.

De son côté, Ahmadou veut retrouver son autorité bafouée dans les pays soninké que sont le Guidimaxa et surtout le Jafunu. Il intervint en personne contre Souayibou à Gori qu'il assiège de décembre 1886 à avril 1887, avec comme base arrière Kérani situé au sud-est de Koniakary. Après plusieurs tentatives infructueuses, Souayibou et ses fidèles tentent une ultime et héroïque sortie de nuit par deux portes forcées en même temps contre les soldats toucouleurs. Ils se retrouvent comme prévu hors du village dans la savane et foncent en direction du fleuve.

Mais, sur le fleuve, de Tuabou à Diamou les Français veillent à tout mouvement de troupes. Galliéni a déjà envoyé une lettre d'intimidation à tous les villages tant du Gajaga que du Bamouck, du Diakha et des autres royaumes jouxtant la Gambie, le Sandougou et le Niériko. Sur le fleuve, le lieutenant Reichemberg veille sur Médine et Kayes et est prêt à "châtier" toute connivence avec Souayibou. Ce dernier, échappé à Gori est poursuivi en vain par Amadou Omar Elimane un commandant d'Ahmadou. Le fils du prophète couvre semble t-il d'un trait les 150 km de route qui séparent Gori du fleuve.

Souayibou en quittant Gori pour le fleuve, voulait éviter l'encerclement, mais Ahmadou a déjà, selon les sources françaises averti Reichemberg qui va à la rencontre du fugitif et met discrètement des tirailleurs sur les deux rives. Le fugitif veut traverser à Digokori, il est pris au piège au milieu du gué. Un véritable carnage s'en suivra après que les cavaliers soninkés se furent engagés dans le fleuve pour traverser, on leur tirait dessus des deux rives du fleuve. Le fils du marabout désespéré par le massacre de ses hommes se rend. Il sera jugé par une cour martiale composée de soldats et de traitants venus d'urgence de Bakel à cet effet. La cour est dirigée par le lieutenant Reichemberg qui obtient l'aval de Galliéni et du Gouverneur du Sénégal. Souayibou est condamné à mort.

Après la sentence il demande à Reichemberg : "pourquoi frappes-tu la main qui a exécuté, et non la tête qui a ordonné ?" Il reste serein et veut mourir avec dignité. Quand Reichemberg lui demande s'il n'a rien à dire il répond :
-Remercie le colonel de me tuer avec ses fusils et de ne pas me rendre indigne du séjour d'Allah". Exécuté, il est enterré sous un énorme baobab près de l'embouchure de la Falemmé devant Gouthioubé.

En juillet abattu par la mort de son fils, Mamadou Lamine Dramé demande sa soumission au Gouverneur du Sénégal à Saint-Louis, militaires et administrateurs commencent à jubiler... Mais de Toubakouta sa nouvelle capitale, il se ressaisit en réorganisant en peu de temps un empire entre la Gambie, le Saloum, et le Diakha avec de nouveaux guerriers du Niani, du Saloum, et du Sandigui venus grossir les rangs des Soninké. Une expédition est envoyée contre le Ouli avec destruction de Nétéboulou qui n'opposa pas une résistance farouche mais dont le roi a été néanmoins exécuté avec le reste de la famille royale. En septembre 1887, il est devant Macadiacounda autre gros village du Ouli qui est assiégé et détruit à son tour.

Retour de Galliéni le 11 nov. 1887... à Bakel, où une délégation du Ouli venue réclamer la protection des Français est reçue. Galliéni installe le capitaine Fortin au Bani à la tête de deux compagnies de tirailleurs et d'une section d'artillerie destinées à former la puissante colonne volante de Gambie qui doit désormais être à la fois discrète et mobile. Fortin est chargé de ramener Mamadou Lamine Dramé "mort ou vif". Il a sous son commandement 250 hommes armés des nouveaux fusils Kropatscheks avec 200 cartouches par soldat deux canons de 80 mm de montagne avec 100 coups par pièce et les cavaliers du Boundou commandés par Ousmane Gassi.

Fortin quitte Niériko le 28 nov. pour Toubacouta dans le plus grand secret. Dès le 3 décembre il est proche de la ville, le 4 il est Barocounda, la troupe est cachée en brousse. Le 5 il est à Siné. Il demande aux villages du Niani de surveiller tous les gués du Sandougou et demande au roi du Fouladougou Moussa Molo sur la rive gauche de la Gambie de s'avancer sur Toubacouta par le sud et l'est, la colonne française arrivera du nord... Mamadou Lamine Dramé ne pourra plus fuir comme il y a un an en décembre 1886 à Diana.

La nuit du 8 décembre la troupe est devant Toubacouta, mais Mamadou Lamine Dramé a quitté le village sur conseil de Ahmadi Boré vers le Sandougou. Mamadou Lamine avait reçu un message que les Blancs faisaient mouvement vers Toubakouta sans que nul ne sache où ils étaient et à fortiori s'ils étaient déjà devant les portes de sa cité... Il n'avait pas de services de renseignements efficaces.

Les Français s'installent sur la colline et le 8 au matin, quand Ousmane Gassi atteint la crête de la colline qui surplombe le village, l'alerte est donnée dans le village. Les guerriers soninké se lancent à l'assaut de la colline. Il n'étaient qu'à quelques mètres des troupes françaises quand les principaux chefs sont tués (dont Souraxé Diawara et Ahmadi Boré) alors qu'ils avaient presque vaincu... Ils se replièrent brusquement dans le désordre, poursuivis aussitôt par Ousmane Gassi jusqu'au village, à dix heures du matin Toubacouta était à feu et à sang, c'est la victoire quasi définitive des Français sur les troupes du prophète. L'absence du prophète a été catastrophique, et aurait permis de galavaniser les troupes et de faire largement la décision.
Mais au lieu de cela, Mamadou Lamine Dramé s'engage dans une course folle pour sa survie à travers son propre royaume, où un travail de dissuasion en profondeur a été discrètement effectué par les services de renseignement de Galliéni en direction de tous les villages. Par ailleurs les pièges militaires placés le long des passages inévitables et des gués ont parfaitement fonctionné. Rejeté par les villageois par peur de représailles françaises, traqué sur les quatre point cardinaux par des hommes armés par Fortin, ses talibés les plus fidèles morts de fatigue dans une course-poursuite sans trêve, Mamadou Lamine Dramé n'est plus qu'un homme traqué par les armées coloniales et leurs alliées autochtones.

C'est ainsi qu'il est reçu à coups de feux aux gués de Oualia et Paquéba, à Coly Bentam le contingent change de camp... à l'arrivée du marabout. Il se dirige vers Maka Colibantan. Le 9 décembre on note l'arrivée de Moussa Molo à Toubacouta à 18 h il était averti depuis le 7 décembre. Il coupe lui-même aussitôt la route du sud sur la rive droite de la Gambie et lance ses troupes à la poursuite de Mamadou Lamine Dramé qui est rattrapé à Maka-colibantan. Les agresseurs sont battus par les troupes d'élite du marabout pourtant bien fatiguées. Le chef de village demande à Mamadou Lamine Dramé de partir car il a reçu des menaces de la part des Français.

Le 10-12, il quitte Maka pour Cissé Counda, mais les villageois apeurés l'empêchent de descendre de cheval. Il repart aussitôt vers le sud, mais ils aperçoivent M. Molo en personne, alors on bifurque vers l'ouest, les chevaux et les hommes ne s'arrêtent plus... les villages se ferment un à un devant eux : Countia, Carataba, Couting, Sona... les hommes n'en peuvent plus, les chevaux sont morts de fatigue et crachent du sang...

A N'Goga-Soukouta à 2 ou 3 km de la Gambie, ils s'arrêtent, mais le village est déjà cerné par les ennemis. Les habitants veulent aller prendre Mamadou Lamine Dramé pour le livrer à M. Molo, les Talibés s'interposent. Le chef de village met le feu aux cases... M Molo et quelques guerriers du Boundou profitent de la confusion pour rentrer dans l'enceinte, les Talibés se font tous tuer Mamadou Lamine Dramé résiste tout seul, il est blessé à la jambe par un coup de sabre d'un guerrier de Ousmane Gassi ; mais M. Molo ne veut pas qu'on l'achève. Le marabout est placé sur une civière, il perd beaucoup de sang, mais le cortège prend la direction de Toubacouta. A Couting Mamadou Lamine Dramé succombe à ses blessures, la foule s'agglutine et réclame sa dépouille à M Molo qui refuse de la leur livrer. Il confie le corps à son griot pour l'amener à Toubakouta où il va lui-même annoncer la nouvelle.
Le 12-12, on est toujours en route avec le brancard, mais les porteurs prennent peur devant le corps décomposé du marabout, de concert, ils abandonnent le griot tout seul et s'enfuient dans la brousse... Le griot tranche la tête du marabout qu'il accroche à l'arçon de sa selle et laisse abandonne le corps. Il rentre à Toubacouta le lendemain avec le cheval blanc de Mamadou Lamine Dramé portant ses armes et ses gris-gris. Ses épouses et les proteuses seront réparties comme d'habitude entre les tirailleurs et les soldats fidèles aux Français.
Yay Sy.
 
 Les Hommes de Mamadou Lamine Dramé:
Souraxé Diawara Ministre de la défense.
Ahmadou Boré Cadi
Fodé Mama Soxona et son frère
Arounda Mama Soxona (marabout)
Seydi Cissé
Ousmane Soumaré
Nafé Tandia de Bakel..

Selon Mamadou Djiméra Cheikh Amara Diakho fut le conseiller principal de Souayibou à Gori.
Mais d'après les enquêtes d'Adrian Adams à Koughani, Amara Diakho est certes le fondateur du Moïssi de Koughani, mais c'est son fils Sikhou Joomo Tandjigora qui aurait pris part à la guerre de Mamadou Lamine. Il s'est rendu à Gori, après Gori il alla se réfugier secrètement à Guémou d'où il rejoignit Koughani grâce à la garantie donnée au commandant de Bakel par Bouna Fasounté qui soutint que le marabout n'a pas pris les armes et qu'il ne les prendra pas contre les Français. Sikhou Joomo aura comme fils Fodé Mamadou Tandjigora qui lui même est le père de El Haj Hamidou Tandjigora. Dans son livre, sont cités comme koughaninkos ayant pris part aux hostilités : Mamadou Demba Sow (grand-père de Jaabé Sow), Samba Hawa (l'intrépide guerrier qui délivra seul les troupeaux de Diaguily enlevés par les voleurs de bétail), Mussa Kaba, Amma Sow...


 Les Guerriers BATHILY de TUABOU arrêtés ou morts par inanition après le siège de BAKEL.
Une vingtaine sont de Tuabou et dans tous les villages du Goye on en fit autant.
Madi Xumba Torodo
Ciré Khoumba
Boubou Founti (Taghala-ka)
Diabé Konko
Madi Konko
Silman Sindé
Ciré Khoumba
D'autres guerriers présents à N'Gorlou ont été ratissés après leur retour dans les villages et emprisonnés à Bakel ceux cités ci-dessus ; ils y ont été torturés à mort bien que Frey leur ait promis qu'il ne leur arrivera rien s'ils rentraient tranquillement dans leurs villages respectifs...
Bacary Soulé N'Diaye de Bakel qui prendra le parti de Tuabou sera assassiné sous son moustiquaire à son retour de maquis à Tuabou où on envoya un esclave des N'Diaye l'espionner. Le roi Moussa Kissi le successeur de Sina Hawa sera arrêté et assassiné par les Français pour ne pas avoir livré Bacary Soulé.
Quant à Baraka Gallé et Mody Jama, ils ont refusé de revenir à Tuabou après l'évènement, bien que Mody Jama fût le préposé Chef de village après Sina Hawa.
 

 Doctrine religieuse de Mamadou Lamine Dramé
Mamadou Lamine Dramé est surnommé le favori de Dieu (Allah komo ciré). Il commence à prêcher le Jihad après la visite du commandant de Bakel en décembre 1885. Il est proche du Tidjanisme d'El Haj Omar Tall, mais s'en éloigne par les réformes de la "tarikha" (voie à suivre, conduite) et du "dzirh" (chapelet ou formule d'oraison de la prière). Mais l'esprit révolutionnaire du Tidjanisme est conservé par rapport au Kadérisme. Il abrège la prière ( à cause des voyages et de la guerre ?). Il écrit un ouvrage méconnu "Au bonheur des âmes dans la prière abrogée, elle n'est pas un pêché". Il a le "karama" plus une bibliothèque.
Selon la légende, un jour ils étaient quatre à demander à Allah un voeu qui leur était cher.
Devenir chef d'école coranique supérieur (ou moïssi) dirent les trois compagnons de Mamadou Lamine Dramé que sont
- Amara Jaaxo de Koughani ( grand père d'El Haj Hamidou Tandjigora)
- Fodé Idrissa de Bangassi (installé ensuite à Sarnati et Waoundé ?).
- Alxali Janguina de Lani
- Quant à Cheikh Mamadou Lamine Dramé il déclara : "Je veux diriger une armée de croyants pour aller convertir les infidèles" demanda t-il à son Dieu.
En un mot, disons que Mamadou Lamine Dramé n'est pas l'auteur d'une doctrine politique, religieuse, ou laïque, mûrement élaboré et mis en pratique à travers une action de masses.
 
 Politique d'alliance dans son combat contre les français
Dès le départ on note quelques erreurs :
• La stratégie de neutralisation des Français aurait peut-être mieux marché s'il n'avait pas prêché le Jihad immédiatement après sa visite au commandant Lefranc à Bakel en décembre 1885 à qui il avait donné des garanties contraires.
C'est l'attaque des soldats français au niveau du gué de Sassi Maxana le 14 mars 1886 entre Bakel et Koughani qui mit fin au doute des Fraçais quant aux véritables intensions du marabout.
• Par ailleurs l'attaque du fort de Bakel le 4 avril 1886 a été, en mon sens, une grande erreur stratégique de Mamadou Lamine Dramé; elle est venue conforter les convictions fraçaises que Mamadou Lamine Dramé était un ennemi potentiel de l'oeuvre de colonisation, bien qu'elle ait surpris les N'Diaye de Bakel qui ne croyaient pas qu'un des élèves de la Grande école coranique de Bakel allait attaquer leur ville (cf. texte de Yaya Sy : "La Bataille de Bakel" ). Cependant, il aurait pu se contenter de la défaite du Boundou et continuer son chemin vers Gamon où il avait l'intention de se venger de l'humiliation d'emprisonnement qu'il avait subie quand il avait jadis 20 ans lors de la entre le Kamméra et le Tenda.


Mais au lieu de cela, il poursuivit les fugitifs du Boundou jusqu'à Bakel.... C'est cette guerre qui lui a été fatale.
Même la guerre contre le Boundou n'était pas absolument indispensable, il aurait pu, soit continuer à les persuader soit contourner le Boundou par le sud.
• Mamadou Lamine n'a donc pas su tisser une alliance avec le Boundou musulman avant de demander de traverser ce territoire.
Par ailleurs, même Sina Hawa de Tuabou était resté sceptique face à ce qu'il appelle "une nouvelle affaire de Sixu qui risque de nous coûter cher en vies humaines comme lors du passage d'El Haj Omar..." (Dogo Jawara). Cette position de méfiance est due au manque de concertation entre les rois et le marabout soninké. Les aristocrates se méfient toujours du pouvoir temporel des marabouts... d'autant que les Français avaient déjà pris une partie du pouvoir.
Les monarques des royaumes environnants n'ont donc pas été "déliés" de leur traités avec la France... et "reliés" au marabout par une démarche diplomatique réfléchie. Ils ont eu un réflexe de peur et se sont repliés sur leur pouvoir surtout en ce qui concerne le Boundou.
Les démarches entreprises auprès Ahmadou Boubacar du Fouta, les missives et émissaires envoyés à Samory, Aguibou (père de Ahmadou Cheikhou) de même que le soutien de Saër Mathi Elimane du Saloum ou celui des Alfa du Fouta Jaalon, tout cela est resté infructueux au moment décisif contre l'ennemi commun de l'époque qu'était le colonialisme agressif et expansioniste des Frey et autre Galliéni.
Il manquait à Mamadou Lamine une différenciation claire et pragmatique entre stratégie et tactique, une vision militaire de son combat combinée à l'habileté politique et au sens pratique du contact humain, le tout articulé à ses ambitions de réunification du peuple soninké sous la bannière de l'islam.
Autre exemple la rivalité avec Ahmadou n'a pas été analysée avec soin car il fallait "neutraliser" Ahmadou ou en faire un allié, sinon il fallait comme il l'a fait, se battre sur deux front : contre les Français et contre les Toucouleur du Fouta qui commandaient les pays soninkés hormis le Gajaga.
Autres Informations orales:
Mamadou Lamine est un Dramé Saama.
Autres Dramé : Kandji, Fadiga, Farikoro, Korima.
Une partie des Diaxankés du Boundou sans soutenir Mamadou Lamine Dramé contre le Boundou, lui donnèrent des soldats...

Sources orales :
-M L D serait mort à Kayihaïdi ? (Ahmadou Amadi Sy) ou à Kounti ?
-Siré Houlèye serait le roi du Boundou à l'époque (était-il un chef de village ?).
 
 Les Hommes qui ont soutenu SOUAYIBOU et qui sont tombés au champ d'honneur de GORI-XASSE assiégé

( Récit brut du griot JAJA SIIRA qui se dit JAJA TUNKA de Gori Xassé 1965 enregistré par Claude Meillassoux)

Sous le siège de Gori c'était Almami Doucouré qui était le chef des Doucouré du Jafunu.
Tamané donna le nom de Kabugu Demba Siina à son fils qu'on appelle également Kaman Jambu. C'est le grand père de Kaman Jambu qui a refusé le pouvoir du fils de Cheikh à Gori Xassé il est à le fondateur du front du refus.
Ce front du refus de Gori comprenait :
Kartigui Demba Siina
(Kama Jonghé Yakkari jonghé Yaaté jonghé Yaata Yugo (??)
Bougari Sita
Jaabi Sédina
Tama Loxoma
Niogoné Samba Loxoma


Jaabi Sédima eut comme fils Tama Loxoma et Niogoné Samba Loxoma, ce dernier dort avec les balles à Gouman Gooré (il n'eut ni une prière de marabout, ni un tombeau convenable ni à fortiori un linceul).
Tama Loxoma appela Séré Jaabi Silina qui frappa le taballé à Gori Xaassé à propos du secret du fils de Cheikh.
Séré Jaabi Sédima enfanta Kama Kandji : FR (front du refus)
Sida Fenda et Tama Fenda : FR
Tama Kangni : FR, il appela son fils aîné Saxadun N'Ciri Jaata : lui aussi du FR mort le mercredi de Gori.
Saxandu N'Ciri jaata eut comme fils Koli Gnani qui donna le nom de son père Saxandu N'Ciri Jaata à son fils, et ce dernier mourut le mercredi de Gori.
Ceux qui sont cités par le griot étaient selon lui "les hommes du front du refus," ce sont ceux qui ont détruit le secret du "Lam-Joulbés" (le chef des croyants de l'ouest), ils sont tous tombés le mercredi, de Gori-Xassé.
Ce "poye" est dédié aux 20 000 cavaliers de Gori qui ont fait face avec un courage sans faille aux 40 000 cavaliers du fils de Cheikh le nommé Ahmadou.
On frappa le Taballé et tous les fils de yato (les braves ?) se retrouvèrent devant les portes (de Bandji????)
A commencer par
Ammadi Kandji Mody le chef des cavaliers venus de Khérissighané au secours de Gori. Il rassembla les 144 mangu à son arrivée à Gori, et il déclara : "J'ai entendu dire que le fils de Cheikhou, le nommé Ahmadou a déclaré depuis Nioro que le monde lui appartient, que le Xandama apparu à Sanda lui appartient, mais qu'il sache alors, que je ne fais pas partie de ce monde-là (qui lui appartient), que ceux qui ont une frontière commune avec moi n'en font également pas partie, de même que ceux qui partagent une frontière commune avec mes voisins et les voisins de mes voisins, ainsi de suite..."
Il s'imposa comme chef militaire du front du refus de Gori Xaassé (?).
Ont disparu pour avoir "refusé" le mercredi de Gori Xassé :
Jaja Maagu
Sambou Gogné
Dabou Sen Gnaxalé
Séré Dama Mama
Yéli Wagué
Dibé Danga Fatouma
(Sérinbougari do Samba Silamaxa?????)
Samba Amara Daama
Mahamet Samboullé
Mody Jangu
Tama Sadiouma
Kandé Wouri
Samanlaba
Gnama Doumbé
Naban Bousséi
Massiga Fenda
Tiama Fenda
Il ne faut pas oublier Simankodi Dibari dont les faits de guerre face aux Toucouleur restent désormais légendaires.
Ce sont ceux-là qui commandèrent aux 144 Grands-Mangus, ce sont ceux-là qui furent les piliers du front du refus de Goori-Xaassé. Ce sont eux qui ont signé les accords secrets avec Archinard. Signer un accord secret est plus facile que d'en garder le secret et d'en respecter les clauses. Archinard a respecté le secret et les clauses de l'accord.


Autres nom auxquels est dédié Poye Jaaja Cira.
Sarissan-Xooré tombé au champ d'honneur à Boharna.
Banda Guessi à Tambaranxaaré
Jimmé Sanga Fatouma ibid
Massiga Séré ibid.
Séto Kankoummé Demba ibid
Founé Silanmadi ibid
Somankodi Dibari enfin dont les exploits à ce jour sont restés immortels.
 
 Le Siège de GORI selon Ahmadou BÂ
Selon le texte de Ahmadou Bâ que nous résumons ici (Ahmadou Bâ 1980, 149-152),
le siège de Gori commença un mercredi matin et durera plusieurs mois. Nous savons que Souayibou le fils de Mamadou Lamine Dramé se réfugia au Jafunu Etat vassal de Ahmadou, un Etat qui se révolta et refusa de se soumettre au pouvoir du Toucouleur.

Une fois Ahmadou et son armée devant Gori les gens de la ville lui envoyèrent un Diawara pour négocier et Ahmadou désigna quant à lui Baba Ouoli Bô pour cette tache. Ensuite, les citadins assiégés désignèrent Dabousse Doucouré qui fut désavoué par Gori au point de rallier Ahmadou ; il sera par la suite rappelé par Gori après le blocage des négociations.
Mais auparavant, dès le premier samedi du siège, au soir, le Jafunu attaqua sans succès le flanc des gens de Ségou.

Après plusieurs semaines de combats acharnés et à chaque fois repoussés, les habitants tenaillés par la famine, attaquèrent un jour le flanc du Jomboxo vers cinq heures du matin, la bataille dura toute la journée jusqu'au coucher du soleil, mais encore une fois les assiégés furent repoussés vers l'intérieur de leur cité. Il gardèrent un temps leur calme, mais la famine rongeait la ville. Un soir, un groupe d'assiégés attaqua les Toronkés et furent repoussés alors qu'un autre groupe s'attaquait aux soldats de Ségou. Ce fut un engagement général des troupes des deux cotés, mais les assaillants, ce mercredi encore, furent repoussés dans l'enceinte de la vieille cité avec de lourdes pertes et des rescapés désespérés.

C'est alors que Gori demanda à Tierno Bocar l'homme de confiance d'Ahmadou d'appeler le nommé Silankonna à Gory pour entamer les négociations. Celui-ci se rendit dans l'enceinte fortifiée et fut chargé de transmettre les doléances des gens de Gori et surtout leur soumission. Ahmadou accepta leur soumission et leur envoya Mamadou Bocar, Samba Lilé, Samba N'Diaye et une réunion eut lieu devant la principale porte de la ville.
Les nommés Bandiougou, frère de Silankonna, Simbara, Dabousse, Balandougou, Dabi Niakhaté et Boubou furent désignés pour les représenter auprès du Cheikh qui désigna Seydou Diéliya Touré de les faire jurer sur le Coran.

Sont autorisés à quitter Gori les ressortissants de Waoundé et de Sambakanni. Le reste de la population s'insurgea à nouveau et Souayibou put quitter Gori avec des habitants de Gori, Jongaga, Khérissighané, Kaméoulou dans une confusion quasi générale et prendre la direction du fleuve poursuivi par Amadou Oumar Elimane et ses cavaliers. Les hommes qui furent repris dans cette poursuite furent massacrés. Ensuite Ahmadou rassembla l'ensemble du Jafunu et procéda à une épuration sanglante avec 148 décapités par ses bourreaux Hadi et Arsigué. Il fit ensuite détruire les murs d'enceinte par les habitants de Gory et y resta un mois et quelques jours après la reddition de la capitale des Doucouré.

Les habitants de Tambaxara et leurs alliés qui étaient restés fidèles au sultan furent épargnés.
Cette version de A. Bâ est quelque peu contredite par les Français qui reconnaissent avoir été avertis par Ahmadou de la fuite de Souayibou de Gori vers le fleuve. Ahmadou se sachant surveillé par Galliéni voulait certainement soumettre tous les royaumes vassaux avant la bataille finale contre les Français et leur chef Archinard (à partir de 1888). Mais pourquoi Ahmadou n'avait-il pas soutenu Mamadou Lamine Dramé ennemi juré des Français depuis sa défaite de Bakel, pourquoi continuer d'être jaloux du marabout soninké alors que l'essentiel de la bataille devait être menée contre les envahisseurs étrangers ? Ahmadou a manqué de vision historique car, en réalité ce sont ces propres frères plus que les Soninké qui l'ont perdu en le trahissant. Il a bien vu après juillet 1886 que les villages soninkés avaient été brûlés par les Français... du Gajaga au Guidimaxa en passant par le Jafunu. Que lui fallait-il encore comme preuves supplémentaires de leur combativité pour s'allier avec eux ?
 
 Itinéraire d'El Haj Omar Tall
Venu du Fouta il remonta le Gajaga, passa par Kouloun, Yélimané, Fanga, Dioka, Simbi, (miracle de la soumission du Massassi Kandia Mamadi). Entrée à Nioro. Karounga Diawara allié du prophète se révolte contre les méthodes de répartition des butins de guerre. Il fut vaincu et exécuté à Bassaka après avoir été délogé de son village natal Diabigué.
Il triompha de la coalition Diawara-Massassi-Bambara du Bélédougou à Macoya. Signalons que cette alliance est arrivée trop tard, car elle eut lieu après la soumission d'une partie des Massassi dirigés par Kandia Mamadi. El Haj Omar échoue au siège de Médine en 1857.
Prise de Ségou, poursuite de Bina Ali jusqu'à Hamdallaye auprès de Ahmadou Ahmadou, roi des Peul du Macina où il disparut dans les grottes à Déguimbéré en 1864.
 
 Les fils d'El Haj Omar Tall

Ahmadou Cheikhou s'est installé à Ségou, c'est le Lam Dioulbé : Empereur et chef de file des croyants de l'Ouest, le fils aîné du prophète Omar ou plus exactement du Waliou-Omar (Homme de Dieu , savant et "clairvoyant").

Mountaga à Nioro se révolte contre Ahmadou et se fait sauter avec ses proches après l'échec d'Ahmadou à le raisonner. Il est remplacé par le fils de Ahmadou, Madani ?
Saïdou au Khaniaga ou Khaniaremmé, résidence à Hamaké.
Nourou au Jafunu ne put empêcher Gori de se révolter, il fut tué lors du siège de la ville.
Bassirou au Diomboxo vit à Koniakari, il suivit Ahmadou au Macina en 1891.
Dahi au Kaarta proprement dit, résidait à Diala (futur cercle de Bafoulabé) mourut avec Mountaga à Nioro.

Daha à Dianghirté (capitale Farabougou), il souleva le Kaarta contre Ahmadou et se fit sauter à Lambidou où il fut assiégé par ce dernier.
Mounirou au Massina. (a t-il remplacé Mahd'ani ?)
Mahi régnait sur le Kaarta, il épousa la cause de Mountaga se barricada dans le village des Niakhaté de Lambidou assiégé en 1886 par Ahmadou.
Archinard prit Ségou en 1890 (il remplace Galliéni en 1888) et Oussébougou village allié des Toucouleur. De Kayes, en 1890 il s'attaque à Ahmadou qui prit la place de Mountaga à Nioro. Résistance de Ahmadou à Ségala, Koniakari, Yélimané, Niogoméra. Résistance héroïque des Toucouleur à Mayel et à Katia. Dernier baroud d'honneur à Léwa sans succès. Nioro nouvelle capitale est prise le 1er janvier 1891 à 11h 40. Il rejoignit Mounirou au Macina en passant par le Sahel.
 
 Conclusion
D'après les textes que nous avons consultés, non seulement Galliéni était en contact avec Ahamadou afin de le neutraliser activement le temps d'en finir avec Mamadou Lamine Dramé et son fils Souayibou ; mais son successeur Archinard qui vivait depuis longtemps dans la région du haut Sénégal est allé plus loin dans le cynisme. En effet, il aurait selon Jaja Siré, (source orale) signé un pacte ultra secret avec les assiégés de Ahmadou à Gori... pour l'informer de la situation militaire du Lam-Joulbés, mais parallèlement aurait encouragé Ahamadou à attaquer Gori et à lui annoncer surtout toute fuite éventuelle de Souayibou. C'est pourquoi Archinard fut immédiatement informé par les Toucouleur (et les Maures probablement). La politique du double fer au feu a montré dès cette époque son efficacité... (diviser pour régner) car dès que Souayibou s'est échappé de Gori, les pièges d'Archinard, commençèrent quasi automatiquement à se refermer sur le fils du prophète soninké arrêté par le colonel Reichemberg à Digokori et exécuté à Gucubé par une cour martiale improvisée composé de traitants de Bakel et d'officiers français.
Récemment ces restes on été déterrés à Gucubé par le fleuve. II a été ré-enterré plus haut (ses restes étaient intacts... d'après les récits populaires).


1. A l'époque il n'y avait pratiquement que des cases à Bakel, hormis les comptoirs français commerciaux et les forts