Les populations de Waoundé ne dorment plus que d’un seul oeil. Pas uniquement à cause du vol de bétail si fréquent dans la zone en raison de la proximité de la frontière mauritanienne, lieu de prédilection des bandits armés. Mais aussi et surtout, à cause des difficultés que leur centre d’enseignement technique et professionnel vit. Cela, deux ans seulement après son ouverture grâce à la clairvoyance des émigrés de ladite localité pour appuyer l’Etat dans sa politique en matière de formation. Parmi les difficultés de cet établissement dont le budget global d’investissement tourne autour de 800 millions de francs Cfa, figure en bonne place le problème des locaux.
Le centre qui compte trois filières (construction métallique, menuiserie-bois, électricité-bâtiment) ne dispose que d’un atelier et d’une salle fonctionnelle pour des effectifs globaux de 80 élèves venant de contrées très éloignées et de milieux sociaux parfois très défavorisés. En somme, l’effectif s’accroît mais le centre ne se développe pas.
Son directeur, Daouda Sarr, comptait vraiment sur le Pic2, un projet qui appuie les régions de Matam, Saint-Louis et Louga en matière d’enseignement professionnel. A cet effet, il a suivi la procédure normale en introduisant une requête en bonne et due forme auprès des autorités compétentes. Mais, il s’est sèchement entendu répondre par la Direction de la Formation que «Waoundé ne fait pas partie du cadre opérationnel au niveau de la région de Matam».
Sur ce, Daouda Sarr a décidé de geler le recrutement de la troisième génération du centre. Au grand dam des populations qui ne savent plus vers quelle autorité se tourner et redoutent de voir ainsi leur joyau devenir, sous peu, l’ombre de lui-même, trois ans seulement après sa création au prix de nombreux sacrifices et privations.
Des efforts que Michel Faye, directeur de la Formation technique et professionnelle, reconnaît et salue à leur juste valeur. Car, «ces braves populations de Waoundé n’ont pas attendu la venue de l’alternance pour placer l’enseignement professionnel au coeur de leur priorités. Mais, il se trouve que nous avons une vision nationale de formation et non locale». Soit. Mais, comment se fait-il que Waoundé soit de nouveau ignoré dans le projet Seno24 et ne bénéficie pas des programmes de constructions et d’équipement au même titre que Ourossogui ? M. Sarr croit savoir qu’il est la victime d’une cabale politique. La preuve, ces deux salles de classes entamées dont le Conseil régional refuse de terminer la construction. «J’ai sollicité auprès de la Mairie du soutien pour recruter deux gardiens, en vain.» Ainsi, va le Cetp de Waoundé dont les sources de revenus proviennent des cotisations des élèves, des prestations de services, de l’appui des partenaires stratégiques d’Allemagne.
Rompu aux tâches de l’administration, Michel Faye conseille à Daouda Sarr d’être davantage coopératif, pour que le centre continue de rayonner.
Source : lequotidien.sn