L‘impact des projets des migrants sur le développement des régions et des pays d’origine, est par conséquent une composante essentielle des retombées positives de l’émigration. Mais c’est l’ensemble des effets bénéfiques de l’émigration qui doivent être comparés qualitativement et quantitativement au passif économique et socioculturel que constituent les départs massifs de jeunes travailleurs pour l’étranger. D’ores et déjà, il est utile de préciser, que ces projets de migrants sont limités en capital et sont dirigés vers des activités de services et d’acquisition de biens durables, d’où leur spécificité de micro-projets localisés ; et que, hormis l’agriculture et l’élevage, le secteur productif, surtout industriel, semble très peu touché par les réalisations. Malgré ces réserves, les effets globaux des projets des migrants touchent la société entière et affectent l’ensemble des mécanismes du développement économique, social, et culturel des pays de départ.
3) L'évolution statistique et l'origine géographique des immigrés Africains en France et en Europe
Hormis quelques navigateurs, c’est à la fin des années cinquante que les Soninkés et les Peuls, pour des raisons liées aux évolutions politiques, économiques, socioculturelles, démographiques et écologiques de leurs pays d’origine conjuguées au manque de main d’oeuvre en France, ont commencé à émigrer vers l’ancienne puissance coloniale (cf Yaya Sy 1997).
Le recensement de l’INSEE de 1990 donne pour les trois pays du Sahel le chiffre de 88 110 immigrés sur un total de 235 772 ressortissants d’Afrique Noire. Les Maliens s’élevaient à 37 693, les Sénégalais à 43 692, les Mauritaniens à 6 632.
Actuellement, compte tenue du rythme d’accroissement annuel dû essentiellement au regroupement familial et à l’arrivée d’étudiants et de quelques réfugiés politiques, j’estime respectivement les Maliens entre 65 000 et 70 000, les Mauritaniens entre 8 000 et 10 000 et les Sénégalais entre 45 000 et 55000. On peut noter que le nombre de Maliens résidant en France a été estimé par les services consulaires de ce pays entre 50 000 et 60 000 pour l’année 1990, contredisant ainsi les chiffres de l’INSEE, d’où une estimation prévisionnelle que j'évalue pour ce pays supérieure à celui qu’affichera l’INSEE pour la même année. C’est pourquoi j’estime, qu’on aurait sur le territoire français de 120 000 à 140 000 Sahéliens dans cette première moitié de l’année 1999. Les Soninkés constituent l’écrasante majorité de ces Sahéliens avec entre 65% et 70% du total, ensuite on a de 15% à 20% de Peuls, et les autres ethnies de 10% à 15% (Ouolofs, Malinkés, Khassonkés, Bambaras, etc...). Le retard accusé par l’INSEE pour publier les chiffres par nationalité du recensement de 1999 nous oblige à travailler sur des estimations.
A titre indicatif pour l’ensemble des populations ouest africaines en Europe, selon les "Sources Eurostat", en 1993 la population étrangère originaire des 16 pays de l’Afrique de l’Ouest s’élevait à 415 000 résidents dans les 15 pays de l’Union Européenne. Ils représentent 14,3% des Africains, 3,7% du total de la population étrangère non européenne, et 0,1% de la population totale de l’Europe. En France (où l’on a 31% de la population totale ouest africaine de l’Europe) les Africains de l’Ouest représentent 7,8% de la population africaine, 5,6% de la population étrangère et 0,2% de la population française. La population étrangère est différente de la population immigrée, l’immigré est né à l’étranger et est venu travailler dans un pays d’accueil dont il peut prendre la nationalité ; alors que l’étranger se distingue par sa nationalité étrangère, même s’il est né sur le sol du pays d’accueil.
Quant à l’origine spatiale des immigrés sahéliens, ils proviennent pour le Mali, du nord du fleuve Sénégal, avec les cercles de Nioro, Diéma, Yélimané, et de la partie sud sur l’axe Bafoulabé-Sadiola-Ambidédi, avec la ville de Kayes (sur le fleuve) comme chef-lieu de région, on compte également quelques Soninkés venus de la Capitale.